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- Tu nous fais honte Julien ! Hurla le père.

Il était 19h30, l'heure à laquelle les Milluez dînaient. Ou plutôt l'heure à laquelle le père découvrait à nouveau que son fils n'était pas allé au lycée.

- Tu te conduis comme un dévergondé, tu t'rends compte de la réputation que tu nous donnes ? Cria-t-il en frappant la table.

La salle à manger était si silencieuse, les seuls bruits émis étaient les cris du quarantenaire sur le point d'imploser tant il était frustré.

La mère n'osait pas intervenir, elle, qui voulait protéger son fils, était, maintenant, coincé entre son rôle de parents et son rôle de femme.

Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire face à cet homme en furie ?

Au moins, ce soir-là, la grande table qui prenait pratiquement tout l'espace de cette pièce séparait l'adulte et l'adolescent, évitant ainsi une altercation avec les mains.

Julien en avait marre, peu importe où il allait. Il entendait ses voix, il n'entendait que les cris, que la colère, que la honte, mais ne ressentait jamais l'amour ou quoi que ce soit d'autre, qui pouvait y ressembler, qu'un humain aurait pu lui apporter.

Il avait beau essayé d'être le fils parfait, un digne "héritier" de cette famille riche mais il n'y arrivait pas.

Il ne savait pas pourquoi il ne pouvait pas être comme l'un de ses fils bourgeois qu'il rencontrait lors de rallye.

- Tu sais d'où tu viens, alors conduis-toi en tant que tel. Ajouta-t-il.

Justement, il ne savait pas d'où il venait.

Il n'avait sa place nulle part. Pour ses camarades, c'était le "p'tit Milluez, l'enfant des riches, tu sais", pour son père, il n'était que la signification du mot "échec" et pour ses amis, c'était "Julien qu'on doit protéger de l'autre pouffiasse", "Julien le meilleur ami le plus cool, le plus beau et qui mérite le monde".

Sans oublier sa petite-amie qui ne le voyait que comme quelqu'un d'absolument répugnant qu'elle se devait d'épouser pour l'honneur et l'estime. Profitant pour le soumettre à ses ordres étant donné qu'elle savait quelque chose capable de le faire renier.

Alors, oui, dans ces conditions, il ne savait pas qui il était, d'où il venait et ce qu'il serait.

- Je te parle ! Fit-il remarquer.

- Oui père. Répondit Julien.

Le père jugea que c'était assez pour ce soir alors il appela la gouvernante afin qu'elle débarrasse la table et il quitta la pièce.

Il ne restait plus que la mère et Julien.

- Ça va ? Demanda-t-elle.

Bien sûr que ça n'allait pas, ça n'allait jamais.

Elle avait vu son fils grandir dans une famille qu'il n'a jamais su aimé, elle n'avait jamais pu lui montrer à quel point elle l'aimait et cela avait créer un profond mal-être en lui.

Tel en était les conséquences : elle voyait son mari se déchaîner sur sa progéniture parce qu'il n'était pas comme il fallait, parce qu'il était comme un jouet cassé parmi des poupées parfaitement modelées.

- Ça va. Mentit-il.

Non, ça n'allait pas, mais à quoi bon lui en faire part ?

Qu'est-ce que ça allait changer qu'il se confie à sa génitrice qui n'était jamais auprès de lui ?

AZALÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant