Atelier du poète - 2

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Cimetière

C'est ici que dorment mes idées, de la cime à la terre. J'entends les réminiscences d'un passé troublé qui cognent contre les parois de mon âme. Comme un squelette, elle cliquettent de toutes parts dans le tombeau de mon esprit. Troubles, un épais brouillard les dissimule. La terre retournée cachent les cavités honteuses que je n'oserais profaner. Enchaînée telle un fantôme prisonnier de sa mission, mon âme à jamais demeure ici. Au centre des pierres tombales, entourés de petits rochers, repose mon corps, inhumé par les siècles. De pâles bougies dont les flammes périssent semblent apporter un temporaire réconfort à mes os glacés. Les frissons de ma peau froide imitent péniblement les effets physiques de la chair de poule. Une couronne posée sur mon cœur, je me pose la question : suis-je bien maître de mes sentiments ? Une plume qui n'est pas la mienne gît à côté de moi, silencieuse.

Sisyphe

Le voilà qui se cache, le regard honteux. Ayant dérobé la pomme à l'enfant rieur, le plaisantin s'en est allé ailleurs. Le larcin frappa l'esprit des dieux qui l'observaient froidement. Le fruit interdit pesait dans ses mains coupables. L'air seul suffisait à ajouter du poids à ses épaules déjà bien chargées de péchés. Plus le soleil descendait sur l'horizon, plus le butin rouge devenait lourd. Il cru devoir porter une pierre tandis que le début de l'astre était mangé par les limites du paysage. Lorsque la lune remplaça sa moitié dans le ciel, la pomme s'alourdit un peu plus encore. A mesure qu'elle descendait, le fardeau s'allégeait quelque peu. Cependant, lorsque ce fut au tour du soleil de monter, le poids augmentait à nouveau. Il en fut ainsi pendant trois jours. Le voleur décida alors de manger le fruit défendu, mais alors qu'il approchait sa mâchoire de l'infâme objet, ses dents se heurtèrent violemment à ce qui semblait être une pierre. Ainsi, chaque jour, le malandrin devait porter sa pierre de plus en plus lourde au fur et à mesure de l'avancement de la journée. Le cycle reprit chaque matin de sa vie, le larron ne trouvant jamais le courage de s'en défaire. Qu'as-tu fait, Sisyphe ?!

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Moyen âge [Vkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant