Invitation

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 « Oui, oui ça aussi tu me l'as déjà dit. Non, non je ne suis pas en train de me gaver de conneries. Oui tu dois avoir l'invitation sinon tu ne rentres pas dans le campus. Non ne mets pas cette horrible épingle. C'est bon ? J'ai répondu à toutes tes questions Maman ? Comment ça tu me trouves fatigué ? Tu ne me vois pas depuis des semaines, de quoi tu parles ? Je vais très bien.

Enfin sauf si tu continues de me harceler de questions stupides. Bon, tu auras l'impression que je raccrocherai mais- Puis je raccrochai en poussant un râle de fatigue.

— T'as vraiment raccroché à ta mère là ?

— Ça a coupé, est-ce de ma faute si le réseau passe mal en ces lieux ? Toi tu les appelles jamais tes parents alors ne viens pas me faire la morale camarade.

— Je ne les appelle jamais pour éviter ce genre de malentendu. Nuance. Alors, c'était quoi cette histoire de « gay vibes » avec Ymir ?

— J'en sais rien. J'ignorais la présence de mon coloc jusqu'à ce qu'il m'envoie – parfaitement – le bloc de post-i dans les omoplates. Livaï ! Merde !

— Désolé, je visais ta tête.

— T'es ravagé mon enfant.

— Réponds moi Jäger, t'as honte de me dire quelque chose ? Mmh ? Bah alors loulou, on se cache ?

— Ferme la un peu. Je me concentre.

— Pour ? Eren ? Eren t'es chiant !

— Merde, tu parlais encore là ?

— T'es chiant quand tu t'y mets. Laisses tomber, j'dois réviser. Il se renfrogna en s'asseyant brusquement sur sa chaise de bureau.

— Bonnes révisions, loulou. »

Pour dire vrai, je fus soulagé de mettre fin à cette discussion, je n'avais franchement pas l'énergie de me justifier sur mes histoires de relation, encore moins avec Livaï. Il pouvait tout interpréter sous le mauvais angle, je me souciais déjà bien assez de son intégration pour qu'il émette un jugement faussé sur moi-même.

...

Nous étions enfin vendredi, quelques internes dont Sasha, Jean et Connie rentraient à leur domicile pour surement prouver à leurs responsables qu'ils étaient toujours en vie. Ce matin j'ai aperçu Livaï discuter avec le responsable des chambres, j'espère que ce n'était pas pour se plaindre de mes ronflements, il en serait bien capaable. Zéro vanne, pourquoi il irait solliciter le responsable ? J'étais de loin le meilleur coloc qu'un étudiant pouvait espérer, il n'a pas le droit de me remplacer ! Ni même de penser à me rempla- :

« C'est fait. Ils viendront enfin changer les planchers de nos dortoirs. Tous les dortoirs vont être rénovés.

— Le plancher ? Oui carrément ! Assurément ! Cool. Ma tension diminua instantanément quand j'appris la nouvelle, quelle merde de paniquer pour si peu ! Qu'est-ce qui m'arrivait ?

— Ça va ? S'inquiéta-t-il en fronçant le sourcil.

— Carrément, je pourrai enfin partir de mon lit sans te réveiller. C'est la meilleure nouvelle de l'année. Bon, j'dois filer, à plus. »

Pfiou, un peu plus et je lui donnais une raison de se foutre de ma gueule. Pourquoi diable j'étais si attentif au regard qu'il portait sur moi ? Pourquoi ça m'atteignait autant ?

...

Le cours d'Histoire de l'art commençait, étant arrivé en retard, je pris la dernière place au second rang. La plus proche du chauffage, celui qui faisait le plus de boucan parce qu'apparemment Oxford n'avait pas les fonds nécessaires pour remplacer ce foutu système de chauffage central ! La barbe, j'en ai ras le cul :

« Eren ? Tu vas bien ?

— Quoi enco- Bah merde, encore elle ? Ma bouche forma un « o », mes yeux la fixèrent comme si je voyais un fantôme. Peu convenant il fallait le dire.

— Tu as déchiré la page du lexique, tu devrais- attends, échanges avec le mien. J'arriverai à réparer le tient. La jeune fille de la dernière fois dont je ne me souvenais même pas de sa couleur de cheveux ? Eren ? Tu me remets ? Sa main passa devant mes yeux pour me réveiller. Je suis Mei-Li, celle que tu as raccompagné la semaine dernière.

— Est-ce que, pardonnes moi si ça te blesse, je t'ai tenu les cheveux au-dessus d'un bidet ?

— Oui, entre autre. Avait-elle bredouillé en replaçant timidement ses cheveux derrière l'oreille. Avec certains en seconde année on organise une soirée de fin de semestre. Les fêtes ne vont pas tarder et pour certains, se retrouver en famille leur est plus douloureux qu'autre chose. C'est l'occasion de rencontrer du monde, d'échanger avec les autres filières. Parce que franchement la soirée d'inté' de septembre ne m'a fait que souvenir de la couleur des chiottes.

— Wow t'as l'air d'avoir une relation fusionnelle avec les sanit- pardon. Désolé c'est juste que, t'as l'air d'être une bonne amatrice de soirée.

— Globalement ma philosophie se résume à : one life. Quoique j'te rassure, ma vie étudiante ne se résume pas QUE à se prendre des murges. La vache je suis vraiment en train de te dire ça ? Elle pivota la tête vers son autre voisine en chuchotant des mots incompréhensibles à mon oreille. Il y aura un système de billetterie en ligne qui s'ouvrira ce midi. Ça sera plus facile pour tout le monde comme ça. La soirée se passera dans le gymnase « 3 », celui des dernières années.

— Cool, merci de l'info Mei-Li. Ma voisine acquiesça poliment et comptait revenir sur l'exercice donné mais l'insupportable être que j'étais la sollicita à nouveau. Est-ce que ce système de billetterie fonctionne également pour des étudiants en dehors du campus ? Mais qui possèdent le statut « étudiant » ? Elle réfléchit un moment en s'assurant que le professeur ne nous surveille pas.

— À vrai dire, j'en sais rien. Je suppose que oui, comme la billetterie fonctionne avec une interface de vérification des justificatifs universitaires. Je déglutis, comment ça « justificatifs » ? C'est pointu leur truc là. On devra mettre nos conditions financières ou ?

— À ce point là ? Vous faites pas les choses à moitié. C'est un gros truc votre soirée ?

— Il faut être à la ramasse pour ne pas avoir eu vent des derniers drames de soirées de la ville Eren. Le but c'est de s'éclater, pas d'enterrer des corps le lendemain.

— D'accord. Merci pour l'information Mei-Li.

— Avec plaisir. »

Nous nous rendîmes respectueusement nos sourires puis revinrent sur notre cours actuel. Putain de merde comment je vais réparer mon manuel ? Bah non, Mei-Li s'en chargeait. Cette sainte.   


*Chap réécrit 

L'université est un bataillon d'explorationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant