Parles lui. 2

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 Le réveil d'Eren perturba le silence de la pièce une seconde fois. L'endormi grogna du bruit agacement que provoquait son alarme, et pour cause, sa sonnerie était celle d'un film d'horreur. Quelle idée d'avoir paramétré celle-ci, se disait-il. Cette fois-ci, ce fût le bon réveil pour le brun, mollement il se décida à sortir du plumard.

Du côté du noiraud, l'heure n'était plus à la politesse, il s'angoissait tellement pour le prochain contrôle, qu'il fit ce qu'il y avait de moins cohérent : lire la totalité de son chapitre à mille à lhzure en tentant de le réciter une fois celui-ci fermé. Livaï avait conscience que sa méthode de travail n'était efficace que sur le court termes, dans plusieurs mois, il sera probablement incapable de ressortir ses anciennes notes de sa mémoire.

Bien trop intrigué par le silence de son voisin, Eren s'approcha de son bureau pour observer ses fiches, les couleurs de celles-ci paraissaient trop fluo pour le plus grand, jamais il n'aurait pu écrire un quelconque titre sur celle-ci :

« T'écris bien.

— Merci mais c'est vraiment pas le moment Eren.

— Je crois que c'est la première fois que tu m'appelles par mon prénom sans m'engueuler. Pourquoi tu fais cette tête ? T'a assez révisé non ? Qu'est-ce qui t'angoisse ?

— Que tu ne sois toujours pas prêt alors que nous sommes censés être dans la salle de cours dans une heure.

— Une heure c'est long Livaï. Je pourrais même me rendormir si je le vou- Ouai non, mauvaise idée. T'angoisses pas, tu vas l'avoir ce contrôle. Avec le bordel que t'as foutu ce matin, t'as plutôt intérêt. Bon, j'vais à la douche. Sans que le brun s'en apercevoir, Livaï fixait d'un regard secret son colocataire, il l'observait retirer son t-shirt, la cicatrice qu'il portait dans le dos le surprit. Elle traversait toute sa colonne vertébrale, s'accentuait au niveau de son bassin. Livaï s'en voulut, il ne devais pas voir ça, c'était trop personnel, intime. Pourtant, il ne parvenait pas à s'arrêter, il admirait à nouveau, ses muscles, son dos, la pliure de sa peau légèrement bronzée quand il se courba pour ramasser ses nouveaux linges. Tous les mouvements du jeune Jäger parurent fins et délicats, tout le contraire de ce qu'il était en général pour Livaï. Oh et, Livaï ? Interpella le plus jeune.

— Oui j'ai rangé mes boîtes, je suis maniaque après tout. Maugréa-t-il en glissant son regard sur ses affaires.

— Je n'ai jamais dit ça. Par contre, ta tasse de thé dans le bidet, moins ouf. Dis, je peux t'emprunter ton rasoir ? J'ai passé le mien à Jean mais il ne me l'a pas rendu.

— Ne touches pas à la tasse non plus. Pour le rasoir, c'est la seule et dernière fois.

— Oui, caporal. » Le surnom qu'employa Eren au plus âgé provoqua un rictus moqueur sur son visage laiteux.

...

Le contrôle sur les politiques humaines ne s'était pas déroulé aussi bien que Livaï aurait souhaité. Bien évidemment que la question de l'éthique et de la déontologie l'avait énervé, à tel point qu'il remplit sa feuille de nombreux points d'interrogation, tous aussi réguliers les uns que les autres. Certes il n'allait pas avoir la moyenne, mais ce fichu contrôle était terminé pour de bon.

Sur l'emploi du temps, il leur restait une heure de cours, une heure de sociologie. La professeure qui préparait le cours optait souvent pour des séances interactives. Elle détestait de voir ses étudiants la bouche ouverte à gober les mouches, en gribouillant des obscénités sur leur couverture de manuel. Oui Oxford accueillait les prodiges de demain, pour autant, cela ne voulait pas dire que les jeunes du campus étaient matures en tous points. Il restait des adultes en devenir, la puberté continuera de jouer d'eux encore un moment.

L'université est un bataillon d'explorationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant