Le souci du détail

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J'entendais des bruits de pas, ils étaient proches, très proches de moi. J'avais remarqué qu'à certains endroits de la chambre, le sol grinçait davantage sur les bandes les plus usées. Honnêtement, avec l'argent qu'empochait l'université, refaire les sols devrait être une priorité pour eux, non ? Peut-être que ça faisait parti de l'ambiance des lieux ? Le château, le sol qui grince, les porte qui- :

« Eren ? Eren tu parles en dormant. Des légères pressions sur mon flan gauche me firent sursauter de peur, en ouvrant les yeux je vis le visage de mon colocataire, à trop peu de centimètres du mien pour que ce soit acceptable dès l'aube.

— Comment ça je parle dans mon sommeil ? C'est carrément une fausse information.

— Je ne vois pas pourquoi je mentirai. Il y a eu une mise à jour dans nos emplois du temps, nous commençons que cet après-midi. Livaï se tenait au bout de mon lit, assis sur une demi-fesse en croisant les jambes.

— J'peux pas parler dans mon sommeil, c'est la honte. Bafouillais-je en recroquevillant mes jambes sur mon torse. Même s'il ne s'agissait que de Livaï et que l'apocalypse n'aurait aucun effet de panique sur lui, c'est tout de même rageant qu'il le découvre.

— Je suis d'accord avec toi, le sol grince de trop. Est-ce que ça te dit qu'on prenne le petit-déjeuner ensemble ce matin ? J'ai certes, réviser tôt ce matin mais je n'ai fait aucun boucan donc, je suppose que ça contribue à un bon réveil pour toi ? Bordel il était trop mignon quand il se justifiait comme ça.

— J'apprécie l'invitation mais je... Je mange rarement le matin. Voir, jamais. Il m'observa simplement, sans émettre de réaction négative ou de surprise, ce qui me mettait instantanément mal à l'aise. Il pouvait au moins faire semblant d'être déçu non ?

— Ce n'est pas grave, je repasserai après. Bon réveil Eren. »

Il déambula dans la pièce pour chercher son sweat puis une fois trouvé, il s'extirpa de la chambre sans dire un mot. Cette étrange sensation dans le creux de ma poitrine qui me pressait l'organe vital, l'avais-je blessé ? Je pouvais croire à une indifférence vis-à-vis de ma réponse mais je connaissais à comprendre sa sensibilité. Quand il réagissait par un silence, c'était que quelque chose le préoccupait.

...

Un, deux, trois, quatre ? Quatre médicaments dès le matin ? C'était de pire en pire. Enfin bon, si ce n'est pas ça qui me tuera, ce sera probablement ma scoliose. Ces matelas n'étaient plus récents, ils restaient affaissés même quand nous n'étions plus dedans. C'est clair que Oxford c'est prestigieux, mais de loin apparemment.

Je coiffais péniblement ma tignasse d'un chignon brouillon puis partis en direction du réfectoire. En chemin, je zieutais les différents panneaux d'affichage, oh putain de merde ! J'avais oublié ça ! D'un pas rapide, je laissais le passage à ceux qui voulaient regarder les informations en reprenant ma trajectoire initiale.

Le réfectoire était gigantesque, pour retrouver quelqu'un ça relevait d'une vraie partie de cache-cache, l'enfer. Comment je pouvais retrouver une tête aussi commune que Livaï ? Avec sa couleur de cheveux, la moitié des étudiants ici présent pouvaient prétendre lui ressembler.

Quoique, Livaï avait toujours ce regard neutre qui le rendait énigmatique, dans ses yeux s'inscrivaient une lueur de gris métallisé au milieu de ses pupilles bleues, peu commun finalement. Sans compter qu'il retroussait toujours son nez quand il s'apprêtait à débuter une interaction sociale, il n'y a que lui je ne connaisse pour faire ça. Il tripotait toujours le bout de ses manches quand il prenait un plateau-repas, déposait systématiquement son plateau vers le bord inférieur, ce qui restait peu pratique il fallait avouer. Il contournait les couloirs toujours au plus près des murs, ne passait jamais au centre d'une porte quand il entrait dans une pièce, ne- :

L'université est un bataillon d'explorationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant