Je déambulais entre les différentes tables de nourriture, de nombreux plats avaient été confectionnés par des étudiants passionnés d'art culinaire. Tiens celui-ci il a l'air pas mal non ? Merde... Personne n'y a touché. Il fallait voir les précisions du dessin, la personne qui a cuisiné ce gâteau avait opté pour l'emblème de l'école dans un glaçage de haute qualité. Franchement, si le gâteau n'était pas posé sur la table des présentations, j'aurais pu croire à une simple décoration en argile ou quelque chose du genre.
La musique passait à fond dans le gymnase, les jeux de lumière éclairaient la piste de danse, là où de nombreux étudiants tentaient leur ultime chance de pouvoir approcher leur crush de l'année. Il flottait dans l'air comme une énergie presque magique, j'observais dans mon coin les visages ébahis devant l'impressionnante statue de la mascotte du campus, certains se défiaient à la câliner à plusieurs sans la faire chuter de son socle. La partie la moins cool était de constater l'absence de mon colocataire, il était 20h15 et aucun n'avait vu ne serait-ce qu'un millimètre de peau de Livaï. Participer à la soirée était loin d'être une obligation, en fait, s'il le souhaitait, Livaï avait bien le droit de rentrer plus tôt chez lui...
« C'est quoi cette tronche ? Tu réfléchis sur si tu dois prendre la cuillère ou tes doigts ou quoi ? Tu me coupes un bout ? Prends celui-ci avec l'emblème, il est tellement clean, ça me donne envie de le casser. »
Une main attrapa une assiette à ma droite puis je sentis un vent frai dans mon dos, ce qui signalait son déplacement vers le fameux gâteau. Mon visage se figea, je devais afficher une tronche affreuse, quasiment flippante. Livaï était venu, il était descendu. Il s'était putain mélangé à la plèbe. Son air ennuyé me prouvait qu'il restait l'authentique colocataire agacé par le reste du monde, ça me rassurait. Au fond, Livaï restait Livaï.
« Eren j'ai faim, tu me coupes un bout ou pas ? »
Cette fois-ci, sa demande percuta, je m'actionnais machinalement devant lui, toujours les yeux dans le vague. Jamais mon adresse avait été aussi précise qu'à cet instant, je ne fis tomber aucun miette et la part fût coupée sans problème. Livaï me fixait d'un haussement de sourcil, il devait attendre que je gaffe sur le moindre mouvement, comme pour se rappeler que je restais le plus maladroit de nous deux. Je le servis avec toute la concentration dont je pouvais faire preuve, seulement parce que bordel il était là, devant moi.
« Merci Eren. Tu sais que tu peux respirer ? Je ne vais rien dire. En fait si, c'est quoi cette statue ?
— Heu... La mascotte du campus, je crois.
— C'est d'une horreur sans nom. Bon, comment ça se passe avec le groupe ?
— Le... Groupe ?
— Vous vous êtes parlés ?
— Pas vraiment... J'ai croisé Connie qui était en train de chercher Sasha. À part ça, il ne s'est rien passé. Tu voudrais les voir ? Questionnais-je en cherchant de nouvelles saveurs sur la table.
— Pas spécialement. Parles moi de toi Eren. »
Hein ? Toutes mes soirées ou je piaillais sur le malheur de ma vie ne lui suffisaient pas ? Il me demandait vraiment de leur faire de son propre chef ? Quand bien même je ressentais cette envie de parler avec lui, je commençais à épuiser mes secrets en réserve, Livaï connaissait mes faiblesses les plus personnelles... Je deviendrai bientôt inexploitable.
« Alors ? Ne me dis pas que tu n'as rien en tête, je ne te croirai pas.
— Crois le ou non... Mais j'ai pas de drame en stock. Et toi ? Parles moi de la vie d'un Livaï qui serait en vacances. Tu feras quoi demain ? »
Le visage de Livaï se fronça, cette fois-ci ce n'était pas par contrariété... Non, je lui avais posé une colle. Il réfléchissait réellement à un scénario de ses occupations en dehors de l'université. Soudain, ses muscles se relâchèrent, il révéla un bref rictus avant de m'inviter à le suivre dans une balade nocturne.
...
J'apprenais que les centres d'intérêts de Livaï ne divergeaient pas tellement de ceux d'un jeune étudiant lambda.
En fait il aimait dormir quand son programme lui permettait, aller rendre visite à sa jeune cousine, emprunter des ouvrages à la bibliothèque du coin – ce point restait inévitable par contre, je refusais qu'il en soi autrement – et pour finir, il m'a avoué qu'il appréciait partir en randonnée dans les sentiers les moins visités. Livaï devait être ce type dans les informations diverses qui restait bloqué en haut d'une montage parce qu'il « ne souhaitait pas suivre les panneaux, qui seraient là pour entraver son libre-arbitre », sacré bonhomme qu'il était.
L'écouter parler de ses passe-temps me donnait le sentiment d'être un confident à part entière de son entourage, c'était comme si je bénéficiais d'une position de privilégié. Cette nuit, les promos s'étaient passées le mot pour faire de cette nuit comme celle qui deviendrait le nid à confessions. Le principe me plaisait mais le problème... C'est que je ne me sentais pas assez courageux pour le faire en face de Livaï. Bien sur qu'en buvant quelques verres, cette peur s'atténuerait mais je lui avais promis de toucher les fontaines des boissons qu'avec mes yeux. Mon corps demeurait imprévisible ces derniers temps et le dernier cadeau que j'aimerais donner à Livaï c'est bien moi sur un brancard en direction de l'hôpital le plus proche.
« Merde... Excuses moi Eren, ma cousine m'appelle. Je dois décrocher...
— Pas de souci, c'est ta cousine. Je t'attends devant la porte. »
Il acquiesça avant de décrocher à ladite cousine.
De mon point de vue, je voyais un Livaï plutôt détendu, plus qu'au début de la soirée. Son aisance dans ses pas prouvait qu'il avait travaillé sur sa confiance en lui, je le sentais plus serein dans ce qu'il dégageait. Sans trop faire attention, il se rapprocha de moi en faisant le cent pas, je percevais quelques mots de son échange, puis je constatai rapidement que Livaï s'entreprenait à formuler les questions ainsi que les réponses de ses propres interrogations. C'était comme si... Il parlait tout seul ? Boh, ce n'était pas mes ognons. C'était déjà pas futé de ma part de tenter d'écouter aux portes, le laisser tranquille restait la moindre des choses...
Après quelques minutes d'échange, il raccrocha puis me rejoignit devant la porte.
« Tout va bien ? C'est good ?
— Très bien. Elle va bien.
— Tu lui as parlé de moi j'espère ?
— Mais ça va pas ! De quoi je mêle ?! T'es pas le centre du monde Jäger ! Rentres avant que je m'énerve !
— Ah ! Parce que tu ne l'es pas là ? »
C'était toujours la même chose avec nous, nous ne pouvions pas passer plusieurs heures sans que je vienne l'embêter sur l'incroyable présence que j'étais.
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L'université est un bataillon d'exploration
FanficEN COURS Je venais de rentrer dans l'une des universités les plus prestigieuses de l'Angleterre : Oxford. Oui, l'une des plus prestigieuses universités dans le monde. Oh, beaucoup ne croyait pas que je puisse accomplir un tel exploit, à commencer...