Ca n'en valait pas la peine

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Nous entrâmes enfin dans le bon bâtiment, le bon couloir et surtout, dans la bonne chambre ! Je zieutai mon réveil en constatant de l'heure bien tardive, quelle poisse...

« Tu boudes encore là ?

— Autant d'fois que tu me parleras. T'es chiant Eren.

— Bon bah tant pis, tu ne sauras pas... Tant pis. Tentais-je en suscitant sa curiosité.

—... Savoir quoi encore ? »

BINGO. JACKPOT. BRAVO EREN, T'ES LE MEILLEUR.

« T'es certain de vouloir savoir ?

— C'est quoi ton problème ? Tu me répètes depuis tout à l'heure que je suis « censé » savoir.

— Ah, j'ai dit ça moi ? Et toi ? Tu m'as dit ?

— Eren... Il est quatre heures du mat', je vais pioncer et demain je serai parti.

— Hein ? Il pencha nonchalamment sa tête sur le côté pour m'observer d'un air lassé.

— Pour les vacances Eren, les vacances. Mon dieu j'rêve...

— Pouah j'ai eu peur... C'est toi aussi, tu rends tout dramatique. Mets un peu moins de, j'en sais rien, dis les trucs moins nonchalamment. Dis : « demain c'est le départ de mes superbes vacances et tu vas me manquer », aller.

— ... Bordel ce mec n'est jamais fatigué ou quoi ? Se plaignit-il en priant vers le ciel.

— Je t'entends Sasuke. Aller, dis le, j'attends. Je croisais promptement les jambes pour m'asseoir confortablement sur mon matelas, patientant sereinement qu'il crache le morceau. J'étais incorrigible et le plus borné de cette Terre.

— Tu peux toujours te brosser, je vais dormir si t'as rien d'intéressant à me dire. Tch.

— Attends mais... Je viens de comprendre ! Oh mais ! Livaï je rêve ou quoi ?! »

Je gigotais dans tous les sens en parcourant la pièce semée d'embûches. Livaï ne pourra rien contre mon agilité, ma détermination – quasiment obsessionnelle – et le fait que nous vivions le dernier soir de cette année. Une chose avait changé, bien que le détail fût infime, je le remarquais. Livaï n'avait pas rangé ses lettres, certainement envoyées mensuellement de sa mère, il ne les consultait jamais. Sans doute connaissait-il les sujets que sa maternelle souhaitait échanger ? Peu importe, ce qui comptait était que Livaï ne les avait pas rangé. Longtemps avait-il été régulier sur le rangement de son bureau, surtout concernant ses lettres... Aujourd'hui c'était comme si moi, je devenais assez important pour jouir de l'opportunité de zieuter ses affaires. Sans malaise, sans agacement.

Ce détail peut paraître futile pour beaucoup de colocations du campus mais, pour moi, cela me prouvait que Livaï me faisait de plus en plus confiance.

« « L'autre », c'est Armin ? Pas vrai ?

— Peu importe son prénom, il rend ta voix incroyablement débile au téléphone, ça craint. Bon bonne nuit Eren, à l'année prochaine. »

Oh non j'crois pas mon pote. Ni une ni deux, j'avais élu domicile au pied de son lit, en tailleur contre son mur.

« Dégages de là Jäger.

— Pour ça il faudrait que tu y arrives, ou que tu en aies la foi. La deuxième solution écrase inévitable la première. Dans les deux cas, je gagne.

— Ouai ouai à ton aise mec... » Ses paroles s'envolèrent dans un soupir, il s'assoupissait.

Sa bouche se contracta à son dernier mot, il raffermit son oreiller en m'ignorant totalement, de manière officielle je ne devenais pas plus important que ce reste de bout de scotch sur le mur de ses révisions.

Livaï m'avait évincé de mon propre projet, celui qui visait à me rendre irréprochable...

...

« ... Et c'est ainsi que je découvris que personne à part lui ne faisait ça. Je ne savais même pas si c'était chimiquement acceptable. »

Pfiou, ma crampe au bras ne se calmera pas de si tôt, je suis épuisé ! Ma déprime survint instantanément quand j'aperçus la noirceur du dehors. En hiver, tout paraît plus terne et maussade... L'austérité de la vie m'accablait à chaque 21 décembre de l'année. Oui, mon horloge biologique était désastreuse et épongeait toutes les sensations agréables ou désagréables de la météo.

Je suis exténué... Ma feuille me paraissait plus lointaine, floue... Il fallait que je dorme. Maintenant.

...

« Wow la vache pourquoi t'as fait ç- Livaï ?! »

Tous mes sens se mirent en alerte, mon corps bouillonnait, je sentais les tissus de mes vêtements me coller à chacun de mes mouvements, désagréable ! Bordel mais ça craint !

« Livaï ?! T'es dans la salle de bain ? Y'a moyen que tu me dises s'il me reste du dentifrice ? »

Le silence.

« Livaï ? »

Il s'est noyé ou quoi ?

« Livaï tu fais encore la gueule là ? Sans déconner... »

Mon sens de l'observation m'avait fait défaut, car je n'eus pas remarqué l'absence totale de ses affaires. Bordel, il- Il s'était vraiment barré ? Il me l'avait dit... Mais quand même ! Rien ! J'en sais rien, il aurait pu me réveiller d'un seau d'eau ! Il n'aurait pas été difficile pour lui de me réveiller négligemment, surtout que je comatais sur le bureau ! Quel chieur ! Foutu colocataire !

« ... Putain m'énerver tout seul n'arrangera rien... »

Pris d'une humeur maussade, je ne pris plus la peine de poursuivre mon écrit. Peu importe, j'écrivais de la merde de toute façon. 


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