Point de vue Némésis
Dans ma main droite, mon arme. Ma main gauche abaisse la poignée et je pousse violemment la porte pour entrer dans mon appartement, mon pistolet en joue, prête à tirer. Je tends l'oreille et commence à marcher vers la chambre.
L'avantage de cet appartement minuscule, c'est qu'on en a vite fait le tour. Un petit salon qui fait également cuisine, une chambre et une salle de bain. Personne dans la pièce à vivre, l'intrus doit être dans la chambre. C'est dans cette pièce que je l'ai vu depuis la rue car c'est la seule fenêtre à donner sur la route.
Il a dû m'entendre entrer, vu le fracas que j'ai fait en ouvrant la porte. Pourtant, personne ne vient. Il sait que je vais venir à lui. Je me rapproche de la chambre, mon arme fermement pointée devant moi. Plus que quelques pas et me voilà devant la dernière porte qui me sépare de l'intrus. Je l'ouvre sans plus de délicatesse.
- Tiens, vous voilà enfin ma chère Anastasia.
L'inconnu est là, assis sur mon lit. La première chose que je remarque, c'est sa jeunesse. Il ne doit pas dépasser les vingt-cinq ans. Je suis certaine de ne l'avoir jamais vu. Il me regarde avec un drôle de sourire avant de se frotter le menton, comme si c'était un tic maniaque. Ses yeux marrons, presque noirs, m'observent sans aucune gêne alors que je suis toujours plantée devant lui, prête à tirer. Il attend que je réagisse, que je dise quelque chose, comme lui demander qui est-il et qu'est-ce qu'il fiche là ? Il soupire avant de se lever.
- Je vois que les bonnes manières se perdent, me dit-il en souriant.
Il me tend sa main dans l'intention que je la sers.
- Dégagez de chez moi ou je le fais moi-même, grincé-je en me rapprochant de lui.
Il me regarde quelques secondes avant d'éclater de rire. Je fronce les sourcils de mécontentement et ma mâchoire est tellement serrée qu'elle me fait mal.
- Allons allons du calme. Pourquoi tant d'agressivité ?
- Peut-être parce que vous êtes entré chez moi sans autorisation et que je suis certaine que votre visite n'a rien d'amicale.
Il arque son sourcil droit comme s'il ne comprenait pas mon énervement. En plus de s'inviter chez moi, il se fait passer pour stupide. On aura tout vu. Il finit par lever les mains en l'air comme s'il tentait de calmer une bête enragée.
- C'est Steel Bird qui m'envoie, m'annonce-t-il d'un air plus que sérieux.
Steel ? Qu'est-ce qu'il me veut? Et comment il connaît mon nom de code ? Je ne lui ai jamais communiqué ça, il a très vite compris pourquoi j'étais venue. Et comment sait-il où j'habite ? Ils sont de mèche avec la DGSE ? Mais ça n'a aucun sens ! Et le New York Times dans tout ça ? Pourquoi aurait-il un lien avec toute cette histoire ? Je ne comprends plus rien.
- À en voir ta tête tu ne comprends rien et je sais très bien pourquoi, reprend-il, je ne suis pas là pour tout t'expliquer, ce sera le boulot de Steel. Il sait ce qu'il fait.
- C'est ton patron ?
- En quelque sorte, dit-il en se grattant le menton. En tout cas, il m'a demandé de te faire parvenir ça. Mon job s'arrête là.
Il me tend un bout de papier plié en quatre qu'il tenait dans sa main depuis le début. Il attend que je le prenne mais je garde mon arme devant moi en plissant les yeux.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Je ne sais pas, je t'ai dis mon boulot c'était juste de te faire parvenir ce bout de papier.
Comme il voit que je ne bouge pas, il lève les yeux au ciel avant de poser le message sur ma table de nuit. Il passe devant moi pour sortir de la chambre et se dirige vers le salon. Je le suis, toujours en position d'attaque si jamais il tentait quelque chose. Il s'apprête à partir définitivement de chez moi avant de se retourner brusquement. J'ai un mouvement de recul et je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il veut encore ?
- Un petit conseil, tu devrais sourire un peu Anastasia. Je pense que tu ne dois pas avoir beaucoup d'amis avec cette face patibulaire.
Il me fait un clin d'œil avant de sortir en claquant la porte. Non mais il se prend pour qui, lui ? J'enrage intérieurement avant de pousser un cri plein de colère.
- Toi mon petit gars tu peux être sûr que la prochaine fois tu auras moins de chance.
Je range mon arme en pestant. Décidément, en ce moment, tout part en vrille. Malgré moi, ma curiosité prend le dessus et je me dépêche de retourner dans ma chambre pour aller chercher le petit papier. Je l'attrape sur ma table de nuit et m'assois sur mon lit avant de commencer à le déplier. Le mot est tapé dans une drôle de police d'écriture, comme si il avait été écrit sur une machine à écrire traditionnelle. Je parcours rapidement les quelques mots avant de vraiment comprendre ce qu'ils signifient.
" Dans deux jours, il y aura une grande soirée d'organisée au siège du New York Times. J'y serai. Si tu y viens, tu auras les réponses à tes nombreuses questions. Tu dois être accompagnée sinon le vigile ne te laissera pas entrer. Bonne chance. Steel Bird "
Je me mords la lèvre, en plein dilemme. Je sais pertinemment que je ne devrais pas lui faire confiance, mais au fond de moi j'ai envie de savoir. Et puis agir dans le dos de mon boss qui m'a lâchement écarté de la mission rend tout ça très intéressant. C'est très certainement un piège mais qui me dit qu'une occasion pareille se représentera ?
Je soupire de frustration avant de me laisser tomber en arrière sur mon lit. Même si je me décide à y aller, il faudra que je vienne avec quelqu'un de l'entreprise. Et à part le directeur Brown, je ne connais personne. Ah si... Monsieur-Aux-Grands-Pieds travaille là-bas. Je râle en me relevant de mon lit. Est-ce que c'est vraiment une bonne idée de me jeter dans la gueule du loup en demandant à un inconnu de m'aider ? Certainement que non. Et c'est aussi pour ça que je vais y aller.
Debout devant l'entrée du siège du New York Times, je me rends compte que tout ça risque de tourner au vinaigre. Je prends une grande respiration et rentre dans l'imposant bâtiment. Je ne dois pas reculer, je veux mes réponses. Et ça va commencer par un entretien avec celui qui me permettra d'entrer à cette fameuse soirée. Allez Némésis, tu peux y arriver. Même si je ne connais pas son nom je devrais bien pouvoir le trouver, non ? Tout cela me semble de plus en plus désespéré.
Je me reprends mentalement et m'arrête au bureau de la secrétaire d'accueil avec un grand sourire. Je lui demande poliment si elle peut m'indiquer l'étage où travaille le grand patron, en précisant que j'ai un rendez-vous urgent. Elle doit certainement être nouvelle ou alors très agacée par son travail car elle m'indique le numéro de l'étage sans même me demander mon nom. C'est peut-être mon jour de chance. Je la remercie avant de me diriger vers l'ascenseur. Je grimace en me rappelant les évènements de l'autre jour. Je préfère prendre les escaliers.Il n'y a que trois étages avant d'arriver à celui qui m'intéresse. Je trouve cela étrange, car d'habitude, les bureaux des personnes les plus importantes sont toujours le plus haut dans le bâtiment. Enfin, ça m'arrange que ce ne soit pas au vingt-cinquième étage.
C'est maintenant que mon travail de fouine commence. Je me rappelle très bien que Monsieur-Aux-Grand-Pieds travaille à cet étage là, alors je n'ai plus qu'à le chercher. Je repère le bureau de la secrétaire d'accueil de l'étage et grimace. Elle ne m'a pas encore vu mais ça ne saurait tarder. Elle va certainement se rappeler de moi celle-là, j'ai déjà eu affaire à elle la dernière fois.
Avant que je n'ai pu réfléchir à une stratégie, une voix grave venant de derrière moi m'interrompt.
- Décidément, je commence à croire que vous me suivez. Je devrais peut-être porter plainte pour harcèlement. Que faites-vous ici à cette heure, Anastasia ?
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Némésis (version non corrigée)
ActionNémésis Rousseau, agente spéciale de la DGSE, se retrouve en mission à New York. Une mission de la plus haute importance et surtout extrêmement confidentielle. Alex Hamilton, journaliste newyorkais, travaille pour l'un des plus gros journaux des Éta...