Chapitre 28

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Point de vue Némésis

- De quoi est-ce que tu voulais me parler ? demandé-je calmement.

Je coupe le silence qui s'étirait entre nous depuis plusieurs minutes. Face à face, aucun de nous deux ne semble prêt à lâcher le regard de l'autre.

Depuis que je connais Alex, c'est la première fois que je le vois avec un air aussi préoccupé sur le visage. Et il me ferait presque peur. J'ai l'impression qu'un fossé nous sépare et que nous sommes deux étrangers.

Nous ne le sommes plus, n'est-ce pas ?

On a plusieurs problèmes, commence-t-il d'une voix sourde.

Quel genre de problèmes ?

À cette question, il se renfonce dans son siège avec un lourd soupir. Il se passe nerveusement une main sur le visage. Le temps qu'il met pour me répondre ne fait qu'augmenter mon angoisse.

- C'est si grave que ça ?

Même si je sais qu'Alex a tendance à stresser rapidement, mon instinct me souffle que je ferai bien de m'inquiéter moi aussi.

- Alex ? Qu'est-ce qui se passe ? finis-je par demander, avec un ton légèrement suppliant.

Il me jette un regard indéchiffrable avant de se lever brusquement de sa chaise et de sortir du bureau.

Hum... Peut-être qu'il a besoin de prendre l'air ?

Je ne tente pas de le suivre et préfère l'attendre. Il ne me laisserait pas planter là sans aucune explication. Il va forcément revenir, non ? Je l'espère en tout cas. 

J'ai à peine le temps d'étudier plus longuement son bureau qu'il revient, en claquant la porte derrière lui. Il retourne s'asseoir et me fixe avec le même regard que tout à l'heure.

- Il faut que tu partes, dit-il de but en blanc.

- Pardon ? Mais j'ai besoin de te parler. Maintenant.  Et tu avais aussi quelque chose à me dire apparemment. 

Il se lève de sa chaise et appuie ses mains sur le bureau qui nous sépare. Il me domine de toute sa hauteur et ses traits sont durs. Je ne le reconnais pas.

- Va-t-en, ordonne-t-il lentement.

Il ne cille pas et attend patiemment que je réagisse.

- Qu'est-ce qui se passe Alex ? demandé-je à nouveau.

Je me lève à mon tour de ma chaise. Nos visages ne sont qu'à quelques centimètres et se touchent presque. Alex est imperturbable et ne bouge pas.

C'est définitif. Il y a quelque chose qui cloche.

- Tu as toi-même dit que tu devais me parler. Alors vas-y je t'écoute, murmuré-je. 

Il plonge ses yeux dans les miens avant de détailler lentement le reste de mon visage, en s'attardant un peu plus longtemps sur mes lèvres.

- Va-t-en, répète-t-il en retrouvant mon regard. Je t'en supplie, va-t-en. Ce n'est pas le bon moment.

Le ton de sa voix m'interpelle et le changement d'expression sur son visage m'inquiète. Il semble presque... Désespéré.

- Quand est-ce que ce le sera alors ? demandé-je.

Il ne répond rien et jette un regard à la porte, me faisant comprendre qu'il ne dira rien de plus.

Je me retiens de lui poser d'autres questions. Après tout, moi aussi je l'ai poussé à bout et je l'ai rejeté. Ce serait légitime qu'il me demande la même chose.

Malgré tout, je n'arrive pas à me faire à cette idée. Son comportement est plus qu'étrange. Mais je ne souhaite pas l'agacer ou l'angoisser, donc j'attrape mon sac et tourne les talons. Je garde espoir de pouvoir lui parler bientôt, après tout ce n'était pas un refus catégorique. Ce n'est juste pas " le bon moment".

Arrivée à la porte, je me tourne vers lui et constate qu'il n'a pas changé de position. Il fixe le siège vide que j'occupais il y a quelques secondes.

Je ne dis rien et me contente de sortir en fermant la porte. Peut-être un peu plus fort que nécessaire. 

Némésis (version non corrigée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant