Némésis (version non corrigée)

Chapitre 5

Point de vue Alex

Cette journée ne m'a laissée aucun répit. Après l'incident de la veille, on aurait pu croire que mes collègues allaient être méfiants mais j'ai juste l'impression qu'il ne s'est absolument rien passé. Je suis rentré chez moi directement après ça, de toute façon je n'avais pas le droit de rester au bureau. Et puis je n'avais pas envie d'affronter le regard destructeur de mon patron après qu'il m'ait vu avec Anastasia.

En arrivant ce matin, tout semblait de nouveau à sa place. Enfin, si on oublie le fait que monsieur Brown m'a  convoqué au moment où j'ai posé un pied à mon étage. Il m'aurait presque fait peur avec son ton, qu'il voulait, je pense, imposant. Mais je me rappelle très bien la tête qu'il faisait hier avec après avoir vu Anastasia.

Je rentre dans son bureau assez confiant. Je ne vois clairement pas ce qu'il pourrait me reprocher. Il ne va pas me virer parce que j'ai discuté avec quelqu'un, si ? Il a le droit de faire ça ? Merde, non j'ai besoin de ce boulot ! Je peux pas retourner vivre chez mes parents, ce serait la chose la plus humiliante qui soit. J'imagine déjà leur petit sourire satisfait et ma mère me lancer un "je te l'avais bien dit". Ce boulot, c'est littéralement toute ma vie. Sans ça, je peux dire adieu à ma liberté. C'était la seule raison pour laquelle mes parents ont accepté que je quitte le cocon familial et que je vole de mes propres ailes. Sauf que là on est plus sur un crash imminent que sur un vol de croisière.

- Monsieur Hamilton.

La voix sèche de Brown me sort de mes pensées. Il faut que je me reprenne. Je lève les yeux vers lui et me respire un bon coup, prêt à affronter la nouvelle.

- Que faisiez-vous avec mademoiselle Ivanov alors que tout le monde était en train d'évacuer ? Vous vous connaissez ?

Je suppose que la fois où je lui ai marché sur les pieds ne compte pas. Si j'avais su qu'elle m'apporterait des complications si rapidement, je l'aurais laissé dans l'ascenseur. Je me gifle mentalement. Évidemment que je n'aurais jamais fait ça, même si là c'est pas l'envie qui me manque. Si je perds mon boulot à cause d'elle, elle regrettera que je l'ai aidée.

- Elle était coincée dans l'ascenseur. Je l'ai simplement aidée à descendre. Et non, je ne la connais pas.

Je le regarde droit dans les yeux et ne vacille pas. Je ne mens pas donc je n'ai aucune raison de m'en faire. Enfin, je l'espère. Brown pose ses coudes sur la table et se rapproche de moi comme s'il allait me confier le plus incroyable des secrets. Je ne bouge pas de ma chaise et le regarde se pencher vers moi.

- J'espère pour vous que vous dites la vérité, sinon vous prendrez la porte. Cette femme n'ait plus autorisée à venir ici, et je vous déconseille fortement de la revoir. C'est une bombe à retardement, me balance-t-il.

Il s'attend certainement à ce que je dise quelque chose mais je reste silencieux. Ces informations me donnent encore plus envie d'en savoir plus sur elle. J'ai à la fois le besoin d'en connaître plus mais j'ai aussi la peur de ce que je peux découvrir. Sans oublier que je peux toujours me faire virer si mon patron l'apprend. Elle a dû lui flanquer la frousse pour qu'il me confie cela.

- Vous pouvez regagner votre bureau.

Je ne me fais pas prier et me lève de ma chaise pour me diriger vers la sortie. La main sur la poignée de la porte, il me dit juste avant que je sorte:

- Je vous ai à l'œil Hamilton. Repensez à ce que je vous ai dit et agissez en conséquence sinon vous savez ce qu'il vous attend.

À part cette petite entrevue, la matinée s'est déroulée presque normalement. J'ai finis d'écrire mon article qui doit être publié demain. On peut dire que j'ai été plutôt efficace pour une fois. Pendant que mes collègues sortent pour déjeuner, je préfère rester au bureau pour m'avancer mais aussi pour faire quelques recherches sur cette Anastasia. Il doit forcément avoir des traces de son passage quelque part. Certainement sur l'ordinateur de la secrétaire.