Prologue

750 26 1
                                    


La quiétude de la pièce blanche dénotait avec la pression qui s'exerçait dans l'air dans l'attende de l'arrivé du médecin m'ayant ausculté quelques semaines auparavant. Les minutes s'écoulaient avec une lenteur exagérée tandis qu'un nœud me prenait à l'estomac. Quand cela commençait à devenir beaucoup trop compressant, la porte s'ouvrit enfin sur le médecin. Son visage restait professionnel tandis qu'il prit place sur sa chaise en mesurant ses gestes, augmentant encore plus mon stress que je pensais déjà à son paroxysme. Il prit une grande inspiration avant de finalement déballer ce qu'il savait.

- Je suis désolé mademoiselle Spencer mais vous avez un cancer au cœur.

Ma mère me prit doucement la main dans un signe de réconfort mais je n'arrivais pas à réaliser ce que le médecin venait de dire, le souffle coupé. Le temps s'était arrêté.

- Je ne comprends pas... Murmurai-je ne voulant toujours pas réaliser ce que cet homme me disait.

- D'après les tests que nous avons effectués sur vous ainsi que vos symptômes, nous avons réussi à dépister votre cancer cependant il est au stade terminal. Il est rare de le découvrir avant l'autopsie du corps.

Je me relevai brusquement de ma chaise et plaquai mes mains sur son bureau, me sentant soudain désespérée.

- Il doit y avoir une erreur ! M'écriais-je en commençant à paniquer. Je vous en supplie, refaites vos tests ! Cela peut être une autre maladie similaire ?

Maman me prit par les épaules et me força à me rasseoir avant de prendre mon visage entre ses mains.

- Calme-toi, s'il te plaît... Tu sais très bien que le docteur ne parlerait pas d'un cancer à la légère et qu'il doit être sûr que c'est cette maladie-ci.

Le médecin hocha la tête pour appuyer les propos de ma mère et attendit que je me sois calmée avant de reprendre :

- On peut toujours faire une opération cependant il y a très peu de chance qu'elle réussisse... Vous en avez encore pour un an tout au plus...

Mes mains se crispèrent sur mes jambes et je sentis mes épaules s'affaissaient sous la tristesse, les larmes coulant le long de mes joues. Maman devait sûrement parler des détails de l'opération mais je n'entendais rien, me sentant dans un état second. Je ne fis attention à rien jusqu'à ce que l'on soit arrivé en face de la maison. Après avoir ouvert la porte, maman se tourna vers moi avec un sourire tremblant sur les lèvres.

- Ça va aller ma chérie ! On va profiter à fond de cette année, d'accord ?

Je hochai le tête, anesthésiée, avant que les larmes ne coulent de leur propre volonté.

- Je vais donc mourir, maman ?

Mon monde s'était écroulé dans une mer de tristesse et de fatalité.



Dans un salon très luxueux et d'une grande beauté dont les fenêtres donnaient sur un parc parfaitement entretenu où la lune faisait briller de mille feux, un valet tiré par quatre épingles entra dans la pièce avant de me faire la révérence.

- Monsieur Davidson, votre père, Sa Majesté.

Celui, dans un habit formel, pénétra dans le salon à son tour avec un sourire paternel aux lèvres. Le valet s'inclina une seconde fois avant de prendre congé.

- Que me vaut l'honneur de ta visite, papa ? Lui demandais-je en lui souriant à mon tour.

- J'ai appris que tu avais pris tes dispositions pour changer d'école. N'aimes-tu pas celle que je t'ai choisi ? Me répondit-il en fronçant légèrement des sourcils.

Je secouais la tête en soupirant.

- Ce n'est pas ça... Je ne pense pas juste pouvoir m'épanouir dans une école où tout le monde connait mon statut et agit en conséquence...

Mon père s'installa dans un des sofas et m'invita à en faire de même quand une servante entra avec du thé et des gâteaux qu'elle déposa avant de ressortir. Dès que la porte se referma, papa reprit la parole.

- Si c'est ce qu'il te faut, je ne vois pas d'objection cependant il te faut bien quelqu'un pour veiller sur toi dehors car l'école que tu as choisie n'est pas aussi sécurisée que la première.

Je fis le service et lui tendis une tasse avec une part de gâteau avant de me réinstaller avec ma part.

- Dis plutôt que tu préfères faire le maximum pour que personne ne découvre l'existence de nous autres, vampires ? Répliquais-je ironiquement avant de regarder avec dégoût la nourriture en face de moi. De plus, pourquoi nous forçons-nous toujours à manger ces aliments qui n'ont aucun goût pour nous même dans notre maison ? C'est insensé.

Il soupira en déposant sa tasse sur la table avant de croiser les jambes et de planter son regard dans le mien.

- Nous sommes une espèce qui disparait et dont les humains terrifiés chassent. Pour le bien de notre société nous devons simplement passés inaperçus. Tu dois pourtant bien savoir cela avec tes cours d'histoire ? Aussi si tu ne souhaites pas manger la nourriture qu'aime les humains, ne penses même pas pouvoir aller dans cette école.

- C'est bon, j'ai compris mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher d'aller là-bas.

- Surtout, n'oublies pas non plus ton devoir. Tu dois te trouver un fiancé car il est grand temps que tu te marris selon la tradition. Après tout, tu seras roi quand ma mort sera venue et j'aimerai pouvoir voir mes petit-enfants avant.

Je riais franchement de ses propos en secouant la tête.

- Voyons ! Ce n'est pas comme si tu allais mourir d'une crise cardiaque ! Tu en as encore pour des milliers d'années !

Même si je prenais ses propos légèrement, je me savais dans l'impasse sans plus aucune échappatoire.

Le coup de foudre, existe-t-il ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant