Chapitre 0 : Introduction

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Code de Pazuzul : 66. 999.

Une famille catholique se rendait à l'église. Une vieille église de la France profonde qui se tenait au centre du bourg. Lucille n'était pas en capacité de procréer. Très croyante, presque réactionnaire, elle était opposée à enfanter autrement que par voie naturelle. Aujourd'hui, c'était la fête du patriotisme et de la libération d'Orléans plus que de la capitulation de l'Allemagne.

Leur fils unique, Vladislav, garnement de treize ans avait été adopté.

Issue de la classe populaire, le chiourme n'avait de ses parents d'origine qu'un maigre héritage, accessible à la majorité. De cet héritage, ses parents adoptifs ne touchaient pas à un seul centime et tentaient de l'accroître. Petit deviendra grand et aura besoin de finances.

Le marmot était de nature impatiente et rebelle. La vie chrétienne ne lui plaisait pas. Le petit garçon préférerait une vie plus libre, moins contraignante.

«Mais si, mais si ! Moi aussi, j'entends une voix !» criait le garçon.

«Ben voyons !» vilipendait Lucille.

«Chérie, c'est Donjon et Dragons. Si nous l'eussions su !» enchérissait Jean, le mari. Le jeune garçon protestait.

«Je n'y ai jamais joué !»

Les deux époux ne prêtaient point d'attention aux élucubrations de leur fils. L'ennui devait le pousser à faire son intéressant. Conspué par ses parents, le petit garçon s'attachait à se taire afin de respecter le caractère sacré de l'église.

Gêné par le comportement bruyant de leur fils, le couple terminait vite les prières. Les parents adoptifs de Vladislav encourageaient leur fils à aller se confesser. Les parents du petit étaient très proches du prêtre Étienne. L'homme d'église avait assuré le catéchisme de leur fils.

«Mon père, qui est Lilith ?

Lilith n'existe pas. Adam n'a eu qu'une femme. N'oublie pas ta prière ! Demain, nous irons ensemble à la manif pour tous avec Civitas.»

Devenu jeune homme et solitaire, Vladislav se retrouvait sans emploi, continuant des études à rallonge à l'aide d'un stage non financé dans un domaine assez inutile. Il subsistait grâce au maigre héritage de ses parents décédés et à l'argent de ses parents.

Âgé de trente ans et en pleine déliquescence, il n'avait pas vraiment d'amis et jamais eu de petite amie. La plupart du temps, sa situation ne le chambardait pas. Par période, il pouvait ressentir quelque affliction. Son cœur le pinçait, la douleur devenait insupportable par à-coup à tel point qu'il se cachait sous les couvertures de son lit, le temps d'oublier son malheur.

Vladislav ne sortait plus. Le jeune homme passait la plupart de son temps dans des mondes virtuels, sa seule occupation. Les livres ou les jeux vidéos occupaient la majeure partie de son temps mais jamais en multijoueur.

Ses rares sorties étaient destinées à remplir le garde manger, son principal contact était la boulangère du coin de rue prénommée Alice pour laquelle cet homme n'était qu'un client.

Cet apostat était régulièrement la cible des sévices d'un couple de voisins peu scrupuleux contre lequel il était bien impuissant. Au poste de police, personne n'écouterait un marginal sans diplôme et sans activité. Il considérait ces sévices comme sans importance, ce couple ayant plus de paroles que d'actes. Même s'il avait pu, Vladislav n'allait pas pénaliser leur vie en les traînant au tribunal.

La Sainte SuccubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant