Chapitre 22 : La recherche de la justice

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Codes de Pazuzul : 66. 99. 

Pazuzul, le chef des bossus errait dans les abysses de la tour noire. Le démon se déplaçait le long des sentiers, la brume empêchait de voir à plus d'un mètre. Les sentiers étaient marécageux, il était difficile de ne pas mettre un pied dans le liquide qui faisait office de passage entre le monde des vivants et le monde des morts, on l'appelait la traverse. C'est dans ce marécage qu'atterrissent les âmes prises par Lileva.

Une bonne partie des morts se transformaient en bossus au service de la succube, une autre partie conservait leur humanité et était vouée à la torture permanente.

La traverse s'agitait et Pazuzul riait, c'était son rôle d'accueillir en enfer les âmes que Lileva prenait. Le pouvoir de l'anneau de Vladislav permettait à la démone de capturer des âmes sans la signature d'un contrat.

De nouveaux bossus firent donc apparition accueillis par les railleries de Pazuzul. Tirés de force de la traverse, les nouveaux malvenus étaient forcés à former un rang. Après avoir enchaîné un à un ses prisonniers, Pazuzul ordonna de le suivre. Le démon les mena dans les marécages, puis il les fit monter un escalier et les enferma dans une prison faite d'os.

Le monstre s'arrêta un instant pour dévisager les nouveaux damnés avec un sourire exagéré et moqueur. Pazuzul leur criait qu'ils étaient foutus et condamnés. Tapant dans ses mains et agité, il fit le compte des nouveaux occupants et compta quarante et un nouveaux esclaves au service de la Tour noire.

Le démon les fit sortir un par un de la grande prison pour les mener à des cellules plus petites et individuelles. Le bossu aimait rallier et humilier les nouveaux arrivants, il leur demandait de décrire la façon dont les morts avaient été tués pour se moquer.

Pazuzul entendit alors l'histoire du surveillant de la porte d'Obondance qui le fit rire, le démon le traita d'idiot inconscient puis il entendit les histoires des quatre gardes brûlés par leur propre torche. Cela amusait beaucoup le chef des bossus qui les regardait en criant au karma.

Ricanant, l'infâme Pazuzul fut surpris devant une personne qui n'avait pas été transformée en bossu. Pazuzul prit plus de temps et commença par lui poser sa question habituelle. La réponse accusatrice du prisonnier était rapide.

«J'ai été condamné à mort par le prince Lebon !»

Le visage de Pazuzul se déformait et se tordait sous un rire délirant, incontrôlable et violent.

«Pas possible idiot ! Si tu avais été tué par Lebon, tu ne serais pas en enfer !»

Pazuzul en profita pour fouetter le prisonnier.

«j'ai bien été brûlé vif par une pyromane, mais là ou pas là, elle n'aurait rien changé à l'issue, j'allais de toutes façons mourir et j'y ai été condamné par Lebon.»

Le maître des bossus dévisagea avec attention le prisonnier. En long et en large, il se gratta l'oreille et sortit un seul mot en la pointant du doigt:

«Innocent !» grommela t-il.

Sur ces mots, le prisonnier avait de l'espoir, il espérait pouvoir sortir de cet endroit malsain. Le maître des bossus avait la capacité de sonder la noirceur de l'âme des damnés, il savait que ce nouveau prisonnier n'avait jamais rien fait de mal. Après plusieurs secondes à le regarder, le maître des bossus reprit la parole en ricanant.

«Jusqu'ici je n'ai eu que des coupables, des gens qui méritaient leur place, le premier de ce groupe avait l'intention de violer une femme, les autres sont des gardes qui restaient impassibles face aux condamnations injustes et aux persécutions du prince envers son peuple. Mais toi, je peux lire dans ton âme que tu n'as jamais fait quoique ce soit qui mérite d'être envoyé en enfer, tu n'as jamais eu l'intention de commettre quoique ce soit de mauvais, être né dans le mauvais corps n'est pas une raison d'être envoyé en enfer comme on a pu injustement te le faire croire, en revanche ceux qui te persécutent augmentent leurs chances d'être mal classés.»

La Sainte SuccubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant