CHAPITRE 17 - JOURS 51.2 - DU SANG ET DES LARMES

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Les sens de la jeune femme étaient un peu comme anesthésiés. C'est comme si elle entendait tous les bruits dans le bar mais étouffés. Les gens criaient et se précipitaient vers la sortie. Elle jeta un regard vers Raven que Finn utilisait comme un rempart contre le danger. La voix d'Octavia lui demandant si elle allait bien. Et les gémissements d'un homme allongé par terre, qui se vidait de son sang.

Bellamy avait réagi au quart de tour. Comme s'il était en pleine intervention militaire. Il avait saisi la main de l'homme qui tenait l'arme à feu, l'avait désarmé d'un seul mouvement et l'avait maîtrisé en le poussant au sol.

Le monde autour d'elle se remit à tourner normalement et l'adrénaline fusa dans ses veines. Clarke se précipita à côté de l'homme touché à la poitrine. Il n'y avait eu qu'un seul coup de feu, donc un seul impact. L'instinct prit le dessus.

"Je m'appelle Clarke, je vais m'occuper de vous." Annonça-t-elle en cherchant du regard quelque chose de coupant. "Vous pouvez me dire comment vous vous appelez ?"

Il lui répondit d'une voix faible qu'il s'appelait Dick pendant que la blonde déchira la chemise du blessé avec un couteau à steak. De la plaie jaillissait des flots de sang, il n'allait pas rester conscient bien longtemps.

"Dites-moi Dick, est-ce que vous avez des allergies particulières ?"

Il secoua faiblement la tête, grimaçant quand Clarke appuya fort sur la plaie pour contenir l'hémorragie. Lors de sa première année d'internat à l'hôpital, elle avait été confrontée à plusieurs accidents graves avec des plaies bien plus impressionnantes que ça. Mais elle n'avait jamais soigné une blessure par balle. Alors elle appliqua le protocole qu'elle ne connaissait que théoriquement, n'ayant pas été au bout de son internat.

Elle cessa un instant de faire pression sur la plaie pour soulever le torse de l'homme, vérifiant si la balle était ressortie.

Pas de plaie de sortie. Ça sentait vraiment pas bon. Elle demanda d'une voix forte à Jasper de lui donner son t-shirt pour mieux contrôler l'hémorragie. Clarke avait un mauvais pressentiment. La basse était trop proche du cœur. Le tireur savait ce qu'il faisait.

"Restez avec moi Dick," supplia-t-elle alors qu'elle voyait ses yeux se révulser dans ses orbites. "Si vous voyez une grande lumière blanche, faites lui un gros doigts d'honneur et courez de l'autre côté."

On entendait qu'elle et sa respiration dans le bar. Elle avait très chaud et ses cheveux lui tombaient sur le visage. Elle vit du coin de l'œil Bellamy s'accroupir à côté d'elle.

"Qu'est ce que je peux faire ?"

Elle se tourna un peu vers lui.

"Il n'y a pas grand chose à faire, il a besoin d'une chirurgie en urgence, la balle n'est pas ressortie. Vu comme ça pisse le sang une artère doit être touchée. Putain mais qu'est ce que fou cette ambulance de merde !" Finit-elle en criant rageusement.

Quand elle se retourna vers Dick, il avait perdu connaissance. Elle jura.

"Compresse la plaie," ordonna-t-elle au caporal Blake.

Elle enjamba le corps et posa ses doigts dans son cou pour chercher son pouls. Rien.

"Merde," jura-t-elle.

Elle commença le massage.

"Dick putain, je vous avais dit de ne pas aller vers la lumière."

Les sirènes de l'ambulance approchaient. Pas assez vite. Ils étaient en train de le perdre. Quand les ambulanciers débarquèrent avec le brancard, elle leur expliqua la situation, que la balle n'était pas ressortie, qu'il n'avait pas d'allergie mais qu'il était inconscient et pas de pouls depuis plus d'une minute.

Ils l'emmenèrent et l'adrénaline retomba brutalement. Clarke commença à trembler de tous ses membres. Elle était en état de choc. Elle regarda autour d'elle et tout le monde la dévisageait. Elle regarda ses vêtements, ils étaient recouverts de sang humide. Elle sentait l'odeur de la mort tout autour d'elle, comme cette nuit-là.

La jeune femme se sentait sur le point de craquer. Elle se précipita dans les toilettes. Elle alluma l'eau, jetant un coup d'œil à son reflet. Elle avait du sang dans les cheveux et sur le visage. Les tremblements reprirent de plus belle. La porte grinça et elle vit dans le miroir le caporal entrer lentement dans la pièce, comme s'il évaluait la situation.

Clarke se mit à frotter frénétiquement sous le jet froid. L'eau se tinta de rouge et remplit le lavabo rapidement. Il s'approcha d'elle comme on s'approchait d'un animal sauvage.

"Clarke," l'appela-t-il doucement pour attirer son attention.

C'était la première fois qu'elle entendait son prénom dans sa bouche. Elle se sentit idiote de le remarquer.

"Ça va," coupa-t-elle alors qu'il ouvrait la bouche pour continuer. "Je dois juste nettoyer tout ça."

Un gros sanglot s'était glissé dans la fin de sa phrase. Mais elle retint encore un peu ses larmes. Il n'y avait plus rien sur ses mains, mais Clarke avait l'impression qu'elles étaient encore sales. Elle continua de les frotter, comme si rien ne pouvait les nettoyer complètement.

Bellamy franchit la distance qui les séparait et la retourna fermement vers lui.

"Ça suffit, tu vas te faire mal," lui ordonna-t-il de sa voix de caporal.

Ce geste la sortit de sa torpeur et elle fondit en larmes dans les bras de Blake. Il la serra fort contre son torse, caressant doucement ses cheveux. Il ne dit rien, il n'y avait rien à dire de toute façon. Il la berça pendant ce qui lui sembla une éternité. Quand ses sanglots se calmèrent, il la repoussa doucement contre le lavabo. Se pencha pour attraper une serviette propre et l'humidifier, la frôlant à chacun de ses gestes.

Avec une douceur infinie, il entreprit de lui nettoyer le visage, essuyant les dernières traces du carnage sur sa peau.

"Ça va aller ?" Lui demanda-t-il en chuchotant une fois fini.

Elle hocha la tête. Elle se sentait vide.

Il la transperçait de ses yeux, plongeant dans les siens pour s'assurer qu'elle ne mentait pas.

"D'accord," répondit-il après un temps. "Rentrons à la maison maintenant."

Le caporal déverrouilla la porte lentement et, la prenant par les épaules, la fit sortir, l'empêchant de regarder la tâche de sang immense sur le parquet vieilli. Il la conduit à l'extérieur et la fit asseoir dans sa voiture.

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J'ai été stressée pendant toute la rédac de ce chapitre !! Trop de tension pour mon petit cœur ! J'espère que le rendu est bien !! 
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentant ou en votant pour le chapitre ! 
A très vite, 
WSC. 

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