Clarke leva vers elle des yeux voilés.
...
L'air était saturé de cette odeur.
Celle de l'orage.
A près de deux heures du matin il faisait nuit noire.
En fait, à bien y réfléchir, la nuit n'avait rien de paisible de toute manière...
Clarke se réveilla en sursaut, elle était persuadée d'avoir entendu des cris venant de la chambre de ses parents. Ça faisait déjà quelques mois qu'elle supportait ce genre de crise de toute façon...
Mais cette fois, elle avait un mauvais pressentiment.
Quelque chose était différent.
Parce que, contrairement à d'habitude, il n'y avait qu'une seule personne qui criait. Il était de coutume que ce soit une joute verbale. Que les deux fassent preuve de coffre et qu'ils s'époumonent l'un contre l'autre à l'unisson. Normalement, après quelques minutes, les deux étant trop crevés pour continuer à se gueuler dessus, le calme revenait dans la maison.
Mais pas cette fois-là.
Clarke souleva lentement les couvertures et posa doucement les pieds sur le parquet.
Elle trouva qu'il était froid.
Étrangement froid.
Elle ouvrit la porte précautionneusement pour ne pas faire de bruit.
Sa chambre donnait sur le grand escalier, descendant directement dans l'entrée alors elle découvrit tout de suite la scène.
Son cœur s'arrêta ou peut être bien qu'il s'accéléra.
Elle ne savait pas très bien.
La première chose qu'elle vit, ce fut sa mère qui poussait un homme hors de la maison en lui soufflant qu'il devait partir. Elle était décoiffée et sa chemise de nuit était à moitié déboutonnée.
Elle ressemblait à une femme qui venait d'avoir un orgasme.
Clarke se prit à penser qu'elle avait dû ressembler à ça, lorsque pour la première fois elle avait offert son corps à un pauvre connard qui ne l'avait jamais rappelé.
La seconde chose... Et bien c'est à ce moment-là que sa vie s'est mise à basculer.
Elle se dit pendant un instant qu'elle aurait mieux fait de rester au chaud dans son lit. Qu'elle n'aurait jamais dû voir tout ça.
Elle se précipita par la porte entrebâillée et se mit à dévaler les marches jusqu'à la moitié de l'escalier environs.
Plus tard elle pourrait exactement dire sur quelle marche reposait la tête aux yeux vitreux de son père. Mais sur le moment, elle ne savait plus très bien où elle était. Ni même ce qu'il fallait faire. La seule chose qu'il lui venait en tête était que c'était de SA faute à elle.
« Tu l'as tué, » parvint-elle à articuler dans un souffle. « Tu es contente maintenant ? »
Elle releva les yeux vers sa mère.
Elle se tenait courbée au pied de l'escalier.
Comme si elle avait très bien compris qu'elle n'avait aucun droit de s'approcher du corps de son mari.
Comme si elle avait peur de sa fille, ou de la scène qui se déroulait sous ses yeux.
Plus tard, elle prétendrait que c'était le choc qui l'avait empêché de se jeter près de la dépouille, mais jamais elle ne le dira devant Clarke. Car elle savait qu'elle lui aurait fait remarquer qu'elle n'avait jamais vu quelqu'un mentir aussi insensiblement.
« Tu l'as tué pour l'un de ses meilleurs amis. »
Elle avait le souffle saccadé et les yeux remplis de larmes. Mais ce n'était pas encore de la tristesse, plus tard elle s'apitoierait sur son cas, non ce soir-là elle pleura de rage.
« Clarke, je t'en prie ma chérie, il y a des choses que... »
« Ne m'appelle plus jamais comme ça ! Tu m'entends, je ne veux plus jamais que tu m'adresses la parole. »
Au loin les sirènes de l'ambulance, se rapprochaient. Mais Clarke ne les entendait pas. Elle n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose que sur le sang qui couvrait son pyjama et ses mains.
Ce sang qui recouvrerait, à partir de cet instant, son âme toute entière.
...
« Clarke ! » La rappela à la réalité Reyes en lui secouant doucement l'épaule. « On t'a posé une question et la politesse voudrait que tu y répondes... »
La blonde reprit pied et secoua doucement la tête.
« Désolée, je rêvassais, » elle réfléchit quelque instant avant de répondre. « Pour moi c'est comme pour Green, une vocation. »
C'était la réponse la plus simple à donner. Une de celles qui ne se suivaient pas par d'autres questions auxquelles Clarke n'aurait pas envie de répondre.
« Moi, » reprit Octavia, enlevant Clarke du feu des projecteurs à son grand bonheur.
« On m'a toujours dit que je n'étais bonne à rien. Alors je me suis engagée parce que je sais que je suis faite pour ça. Je vais leur prouver à tous ces machos de ma famille, qu'une fille peut aussi bien réussir dans l'armée que n'importe quel homme ! »
Un grand silence s'abattit sur la tablée.
Reyes regardait au-dessus de l'épaule d'Octavia.
Clarke tourna lentement la tête pour voir le caporal Blake, dévisageant sa sœur froidement.
Octavia s'aperçut à son tour du malaise et se retourna vivement. Son grand sourire se voila mais elle tint bon et soutint le regard de son frère et supérieur. Il finit par reprendre son chemin et aller s'asseoir avec le soldat Collins.
Octavia soupira un grand coup.
« Autant vous dire qu'il ne me fera pas de cadeau. »
Sa déclaration inspirait le respect et Clarke trouvait que sa motivation, même si assez puéril, était semblable à la sienne. Elle se prit à vouloir que sa colocataire réussisse tout autant qu'elle.
Elle jeta un regard à la table de son instructeur, qui écoutait les babillages incessants de Collins avec peu d'intérêt. Son avenir dépendait, entre autres, de cet homme-là.
Elle avait beau essayer, elle n'arrivait pas à le cerner. Qui était-il réellement, derrière son rôle de militaire ? Clarke secoua la tête et détourna le regard. Elle croisa celui d'Octavia qui la dévisageait puis qui jeta un œil à son frère à son tour avec un petit sourire.
Clarke se maudit mentalement. Il ne manquait plus que Blake pense qu'elle avait le béguin pour son frère et qu'elle se mette à jouer les entremetteuses.
Si elle décidait de jouer à Cupidon entre l'instructeur et elle, la blonde lui botterait les fesses dans les règles de l'art...
***** Un souvenir.
Celui du passé de Clarke. Qu'en pensez-vous ?
A très vite,
W.S.C.
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Locked Mind
Fanfiction- Relève toi Griffin! Tu t'es crue en camp de vacances ou quoi ? Clarke passa une main devant ses yeux pour chasser la sueur qui lui entravait la vue. Ses muscles brûlaient. La seule chose qui lui permettait de continuer était la voix du Caporal Bla...