CHAPITRE 25 - JOURS 118 À 152 - POUSSÉE D'ADRÉNALINE

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Les jours passèrent à une vitesse folle et Clarke commençait à se faire à la routine du camp avancé. Elle cernait déjà bien ses coéquipiers et à les apprécier chacun dans leurs individualités. Elle savait qu'il ne fallait pas parler à Brown avant qu'il ait bu le jus de chaussette qu'on leur servait comme du café. Hugues était le rigolo de la bande mais ça cachait une sagesse de cœur et de l'esprit immense. Miguel était un érudit et il lisait en permanence sur son temps libre. Alan était un fan de rock, comme elle et il était toujours content de débattre des meilleurs groupes au monde.

Le seul avec qui elle n'avait pas réussi à tisser des liens était Mal.

Il la jugeait en permanence, lui faisait des remarques sarcastiques quand elle finissait en dernier un exercice physique imposé par le caporal, la snobait quand ils mangeaient ensembles et semblait penser qu'une femme dans l'armée était une abomination. Clarke s'était attendue à ce genre de personnage aux idées fermées. Mais elle ne pensait pas autant en souffrir. C'était un peu de sa faute, elle était arrivée blindée comme un char d'assaut et avait ouvert la porte aux sentiments quand Octavia était devenue sa meilleure amie. Mais elle ne regrettait rien, car ça faisait d'elle une meilleure infirmière de camp et une meilleure personne.

Grâce à l'empathie et le souci de l'autre qu'elle avait redécouvert chez elle ces derniers mois, elle savait que si l'un de ses camarades se rendait compte qu'il avait un problème de santé, il le lui dirait honnêtement lors des consultations obligatoires qu'elle devait faire tous les trois jours.

Mais Mal lui minait le moral.

Leurs rondes se passaient bien, ils changeaient de buts et de trajets, accompagnant les enfants à l'école, la fois d'après les femmes à la rivière, changeant toujours d'endroit pour ne pas être prévisible aux yeux de l'ennemi. Ils n'avaient essuyé qu'un échange de tirs depuis leur arrivée avec des rebelles. Mais le caporal semblait penser que c'était uniquement pour essayer de leur faire peur. Personne n'avait été touché et Clarke avait géré le pic d'adrénaline comme une championne, appelant à la radio chacun des membres de son unité pour vérifier son état une fois qu'elle s'était mise en sécurité.

Les soirs où elle n'avait pas le moral, et n'arrivait pas à trouver le sommeil, elle retrouvait le caporal sur le toit de l'infirmerie qu'elle occupait. Ce n'était pas très conventionnel, mais elle avait apprit très vite qu'en mission, lors des heures creuses, les lignes hiérarchiques se brouillaient et ce n'était pas rare qu'un des hommes taquine le caporal sur les lettres qu'il recevait, le questionnant sur une éventuelle fiancée.
Alors quand ils se retrouvaient et que quelqu'un les apercevait par hasard en train de parler de tout et de rien, de la vie et de ce qu'ils préféraient au monde, personne ne semblait choqué. Le caporal mettait un point d'honneur à s'entretenir avec tous ses hommes. Les autres ne savaient juste pas que c'était beaucoup plus récurrent avec Clarke.

Lors de ces moments seuls, il était facile pour Clarke d'oublier que les papillons qu'elle avait dans le ventre à chaque fois qu'il la frôlait par inadvertance étaient interdits. Que ses sentiments naissants pour lui était contre le règlement et qu'à jouer avec le feu elle allait se retrouver avec le cœur en miette.
Car pas une seule fois, Bellamy ne lui laissa entendre qu'il repensait à leur nuit ensemble. Il ne le mentionna jamais et se comporta avec elle plus comme un ami qu'un ancien amant. Mais ça n'empêchait pas Clarke de tomber à chaque fois un peu plus sous son charme.

De temps en temps, quand leurs horaires coïncidaient, elle réussissait à avoir Octavia sur Facetime. Celle-ci avait été envoyée en Inde à la suite d'un tremblement de terre pour aider la population locale à sécuriser des villages et remettre en état ce qui pouvait être sauvé. Chaque fois, son amie lui demandait de bien faire attention à elle, inquiète de la savoir dans un pays scène d'une guerre ouverte et meurtrière.

Locked MindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant