CHAPITRE 29 - JOUR 240 - CONVALESCENCE

372 41 19
                                    

Clarke s'étira dans son lit en se réveillant, grimaçant quelque peu en sentant sa cicatrice à l'abdomen tirer légèrement. Ce n'était rien comparé aux heures de rééducation qu'on lui avait imposées pour que sa jambe retrouve toute sa mobilité. Mais tout de même, c'était un rappel quotidien d'à quel point elle n'était pas passé loin de la catastrophe.

Elle avait passé cinq jours aux soins intensifs de la base militaire centrale en Afghanistan avant que les médecins ne la jugent assez stable pour la rapatrier aux Etats-Unis. Après dix jours dans un hôpital militaire, où on avait pris soin d'elle comme d'une poupée et après une bonne dizaine de séances avec une psychologue spécialisée, elle avait eu le droit de rentrer chez elle.

Octavia la maternait comme une mère poule et Clarke lui en était infiniment reconnaissante, mais elle avait envie de pousser son amie dans les escaliers pour qu'elle la laisse tranquille. Surtout que la jeune femme avait réellement besoin de digérer ce qu'il s'était passé.

La balle qu'elle avait prise... On ne se rendait pas vraiment compte avant d'être devant le fait accompli de l'impact psychologique qu'une telle chose provoquait.

La peur de mourir qui avait semblé durer des heures alors qu'elle se vidait de son sang dans la poussière, la sueur et les bras de Bellamy.

Le réveil quand il avait été là, comme s'il le serait toujours, suivi, beaucoup trop vite, par son ignorance et son départ... Elle savait qu'il n'avait pas le choix. Il était responsable d'hommes dans un pays en guerre. Mais elle n'arrivait pas à se sortir de la tête l'expression de son visage lorsqu'il avait été appelé, qu'il lui avait lancé un dernier regard et qu'il était parti sans un mot.

Clarke regrettait de lui avoir avoué qu'elle n'arriverait pas à passer à autre chose. Il avait dû paniquer, se dire qu'elle allait ruiner sa carrière avec ses conneries et ses sentiments à deux balles... Elle ne lui en voulait pas et si elle était maligne, la prochaine fois qu'elle le verrait, elle lui dirait que c'était la peur de mourir qui lui avait mis des idées débiles dans la tête. Mais Clarke était beaucoup trop honnête pour s'abaisser à lui mentir comme ça. Et il n'en résulterait que beaucoup plus de complications pour elle et son petit cœur mis à mal.

Si elle y pensait autant, c'était aussi pour une bonne raison : son unité était revenue précisément il y a 40 heures et même si elle ne s'était pas attendue à ce qu'il se précipite à son chevet, elle pensait réellement qu'il passerait prendre de ses nouvelles. Au moins de façon professionnelle.

Hughs était passé et lui avait rapporté une petite fiole remplie de sable. Il lui avait dit en rigolant que c'était une tradition de l'unité : quand quelqu'un prenait sa première balle, ses camarades lui rapportaient ce souvenir.

C'était morbide. Et Clarke avait adoré.

Mais Bellamy brillait par son absence. Et Clarke se détestait que ça influe autant sur son moral.

L'après-midi, Octavia avait rendez-vous avec son commandant et la laissa seule à l'appartement, non sans avoir regonfler deux fois ses oreillers, s'être assurée qu'elle avait une bouteille d'eau, de quoi grignoter, la télécommande de la télé, de la batterie sur son téléphone en cas d'urgence... Clarke en avait le tournis, son amie savait-elle qu'elle avait le droit de marcher et que c'était même recommandé par ses médecins ?

Au bout d'une heure, Clarke commença à somnoler devant une série débile quand la sonnette retentit. Elle décida de ne pas aller ouvrir, si c'était un livreur, il y avait de grande chance qu'il ait déjà renoncé le temps qu'elle arrive jusqu'à la porte, si c'était un visiteur, il était sûrement pour Octavia vu qu'elle n'attendait personne. S'enfonçant sereinement dans ses oreillers, elle ferma les yeux.

Le bruit de la fenêtre qui coulisse la sortit de ses pensées et elle se redressa tous ses sens en alerte. Et soudain, la tension accumulée céda. Clarke fondit en larmes. Il était là, devant elle, la regardant comme s'il savait exactement ce qu'elle ressentait, comme s'il lisait en elle.
En un instant il l'avait rejoint sur son lit et passait un bras protecteur et rassurant autour d'elle.

Tous ses doutes s'envolèrent. Il ne la rejetait pas. Il se souciait d'elle.

"Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt, j'avais des choses à faire ..."

Clarke renifla d'une façon pas tout à fait sexy.

"Quel genre de chose ?"

Il l'embrassa sur le front en répondant :

"Changer d'unité, déclarer notre relation auprès de notre hiérarchie... ce genre de petites choses..." La nonchalance dans sa voix la fit se redresser et elle le dévisagea sans savoir quoi dire. "Avant que tu ne pètes un câble parce que j'ai fait toutes ces démarches sans te parler, je voudrais t'expliquer pourquoi j'ai pris ces libertés..."

Effectivement, il fallait mieux qu'il s'explique et vite... car d'un côté Clarke avait envie de l'embrasser sur le champ, de l'autre, elle avait aussi envie de le décapiter pour avoir pris cette décision tout seul.

"J'ai toujours pensé que j'étais quelqu'un de plutôt sain : j'ai des amis, ma famille, un boulot qui comporte des risques mais mes motivations sont saines, je sortais de temps en temps avec des filles, jamais bien longtemps, mais comme beaucoup d'homme de mon âge..."

Il la regardait avec tant de sérieux que Clarke le pressa de continuer dès qu'il fit une pause.

"Mais ce que je ne savais pas... C'est que je ne ressentais rien. C'était comme si, avant de te connaître, j'étais entouré de papier bulle et que j'étais hermétique à tous sentiments. J'étais blasé, incapable de ressentir les joies du quotidien comme il le faut, les peines du passées à leurs justes importances... Je t'ai rencontré et tout à changé."

"Toi aussi, tu as changé ma vie Bellamy," souffla-t-elle, les larmes aux yeux.

Il frotta doucement ses lèvres contre les siennes dans un baiser si tendre, plein de promesses d'avenir et le cœur de Clarke battait, fort et solide, dans sa poitrine.

"Je t'aime Clarke," lui avoua-t-il après un temps. "Je ne sais pas si je t'ai aimé dès la première fois où je t'ai parlé, avec ton mutisme et ton détachement frôlant l'impertinence, ou bien si c'est de te voir éclore peu à peu, si c'est ton infaillible loyauté, ton calme pendant les crises de la vie ... J'aime la douceur dans tes yeux quand nous sommes que tous les deux, le malice quand tu rigoles avec Octavia... Je ne sais pas quand c'est arrivé, mais je sais que ça ne risque pas de s'envoler de si tôt."

Clarke pleurait pour de bon maintenant, des larmes de joies intarissables qu'il happait entre ses lèvres en lui répétant ces trois mots et sept lettres inlassablement. 

***Et voici l'avant dernier chapitre de cette fanfic. 
La suite arrive très vite :) 
N'oubliez pas de mettre un petit vote si vous avez aimé !
WSC.

Locked MindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant