CHAPITRE 9 - JOUR 25.3 - THANKSGIVING

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Perdue dans ses pensées, Clarke n'entendit pas la porte de derrière s'ouvrir et se refermer. Elle sursauta quand Collins la prit par la taille.

« Eh bien, la jolie recrue a aussi des talents culinaires ? »
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Clarke se raidit instantanément et projeta son coude dans le ventre du soldat, elle se dégagea de son étreinte avant de lui asséner une droite en pleine mâchoire.

Collins, complètement ahurie par sa réaction disproportionnée, se tint la joue, ses yeux s'assombrissant tandis que la surprise passait.

« T'es complètement timbrée Griffin, » commença-t-il alors que Clarke le défiait du regard.

« Ne pose plus jamais la main sur moi, » dit-elle, sa voix se cassant légèrement à la fin.

« Qui voudra d'une nana frigide comme toi. »

Déglutissant difficilement elle ouvrit la bouche pour répondre quand on lui coupa la parole.

« Tu dis ça simplement parce qu'elle a réussi à te maîtriser en moins de 30 secondes Finn. »

Le caporal se tenait appuyé dans l'encadrement de la porte, comme s'il avait observé la scène avec intérêt. Il avait les cheveux humides et avait passé une chemise blanche dont le col, légèrement ouvert, laissait entrevoir une peau bronzée.

« Jolie droite Griffin, » ajouta-t-il avant de s'approcher du four et d'en sortir la dinde.

Collins, furieux, quitta la cuisine pour se rendre dans le salon.

Clarke, encore un peu sonnée, se retourna vers sa tarte sans rien dire.

Discrètement, elle agita ses doigts endoloris. Ça faisait un mal de chien !

Elle avait vu faire ça dans un million de films mais elle n'avait jamais vraiment cogné quelqu'un avant.

On déposa un sac de glaçons sur la table à côté d'elle et quand elle releva les yeux, Blake l'observait.

Proche. 

Trop proche.

« Quand tu frappes quelqu'un, ne mets jamais ton pouce à l'intérieur de ton poing. Tu risques de le casser. Et fais-en sorte que ce soit tes phalanges qui portent le coup. »

Clarke ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais elle se ravisa.

Attrapant le sac  elle recula lentement vers la porte.

« J'ai fini la tarte. »

Puis elle se retourna et rejoint Octavia qui parlait à Raven sur le canapé.

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Au moment de passer à table elle avait un peu la boule au ventre, il était encore tout juste de temps de s'enfuir et de revenir à son plan originel : le fast-food.

Mais la jeune femme prit sur elle et resta bien sagement assise alors qu'Octavia prenait la parole :

« Voilà, c'est le moment que je préfère dans toutes les fêtes de fin d'année. »

Elle sourit à son grand frère.

« Je trouve ça super important de se rendre compte de la chance qu'on a d'être entourée de gens qu'on aime, alors cette année je suis reconnaissante que Bellamy soit rentré sain et sauf de sa dernière mission et d'avoir rencontré mes deux amies assises à cette table avec nous aujourd'hui. »

Clarke sentit tout le sang déserter de son visage.

Octavia la considérait comme une amie ?

Après tout ce qu'elle avait fait pour la repousser ?

Lentement, une douce chaleur s'insinua dans son cœur et elle se fendit d'un petit sourire à l'intention de son amie.

« Eh bien moi je suis reconnaissant d'avoir une sœur géniale, passionnée et enquiquinante, » répliqua Bellamy avec une moue rieuse. « La vie sans toi O. serait bien monotone. »

La concernée éclata de rire avant de déposer un baiser sur la joue de son frère.

Collins raconta quelque chose de peu intéressant sur la réussite professionnelle et Raven remercia simplement d'être ici.

Le tour de Clarke arriva et elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait bien pouvoir inventer pour ne pas passer pour une cruche.

« Je... » Commença-t-elle la gorge complètement bloquée.

Tout le monde la dévisageait en attendant qu'elle dise ce pourquoi elle était reconnaissante. Mais franchement elle n'avait pas grand-chose de quoi se réjouir :

Je suis reconnaissante que mon père soit mort sans avoir à passer au travers d'un divorce dont toute la ville aurait été au courant ?

Je suis reconnaissante d'avoir dû déménager et commencer une autre vie parce que ma mère a tué mon père et qu'elle s'est mise avec son amant ?

Je suis reconnaissante parce qu'à partir de maintenant je n'ai plus personne et que par conséquent plus rien ne peut m'atteindre ?

La jeune femme commençait sérieusement à paniquer. Cela devait se lire sur son visage car le caporal vola à son secours :

« Ce n'est absolument pas une obligation de le dire à voix haute, on peut aussi formuler sa phrase dans sa tête. »

Ses épaules se détendirent instantanément et elle acquiesça.

Elle fit mine de fermer les yeux.

Elle savait bien que personne n'était dupe mais au moins le moment était passé.

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