CHAPITRE 28 - JOUR 204 - MA FAMILLE

386 39 22
                                    

Bip. Bip. Bip.

Le bruit régulier en rythme avec les battements du cœur de Clarke avait quelque chose de rassurant pour Bellamy Blake. Pourtant, rien que de la voir reliée à toutes ces machines, lui donnait envie de rendre son petit déjeuner sur le linoléum.

En tant que militaire, il savait quels étaient les risques du métier. Il avait conscience que quand il emmenait son unité en mission il y avait une chance qu'il n'arrive pas à tous les ramener en vie. Mais il n'avait pas pensé que ça pourrait arriver à Clarke. Où, s'il y avait songé, il avait enterré si profondément cette possibilité dérangeante, qu'il l'avait totalement occultée.

Et elle était là, étendue devant lui, sur un lit d'hôpital et n'avait pas repris conscience depuis la veille. Les médecins disaient que c'était tout à fait normal, elle avait perdu beaucoup de sang et bien qu'ils l'aient transfusé pendant l'opération pour retirer le caillot de sang qui migrait progressivement vers son cœur, son organisme en avait pris un sacré coup et avait besoin de se remettre.

Bellamy n'était pas censé se trouver là, à son chevet. Il aurait dû être au poste avancé avec le reste de son unité. Il avait été effleuré par une balle lorsqu'il s'était précipité sans réfléchir pour rejoindre Clarke sous le camion et le protocole voulait qu'il soit examiné par un médecin de la base centrale. En temps ordinaire, et si ce n'était pas la jolie blonde qui avait été touchée, il aurait déjà exigé qu'on affrète un hélico pour le ramener auprès de ses hommes. Mais c'était Clarke Griffin, et malgré tous ses efforts et ses tentatives pour la sortir de sa tête, il ne pouvait s'empêcher de penser à elle, de s'inquiéter pour elle, bien avant même qu'elle soit blessée. Alors il traînait dans le coin, essayant de se faire oublier pour rester sur place le plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'il soit certain qu'elle allait se réveiller et ... lui sourire.

Elle s'agitait dans son sommeil, et il s'assit sur une chaise à côté du lit pour l'observer. Comment avait-elle réussi à s'immiscer dans sa tête à ce point. Bien évidemment, elle avait fait preuve de beaucoup de volonté, de force et d'obstination pendant sa phase de sélection, il l'avait admiré pour ça, mais il en avait vu d'autres des hommes et des femmes méritants. Peut-être parce qu'ils avaient passé beaucoup de temps ensemble à cause, ou grâce, à Octavia ? Ça ne suffisait pas comme explication.

S'il était totalement honnête avec lui-même, Bellamy avouerait que c'était ce je ne sais quoi dans son regard, sa force tranquille, sa retenue, son envie de bien faire, son humour quand elle se lâchait, et elle se lâchait avec lui... Ce qu'il pensait être une petite aventure sans lendemain était en fait beaucoup plus que ça. Il était trop attaché à elle. Sans mettre de mot dessus, il savait, après avoir cru qu'il allait la perdre pour toujours, qu'il ne pourrait pas renoncer à elle de si tôt. Ce n'était peut-être pas de l'amour, mais c'était la chose la plus approchante que Bellamy n'ait jamais ressenti pour quelqu'un.

Quand Clarke lui avait avoué qu'elle avait menti sur sa capacité à tirer un trait sur leur histoire, là en train de se vider de son sang sous une voiture, il avait compris.

Compris qu'elle était devenue nécessaire à sa vie et que jusqu'à présent, il était passé au travers des années en survivant simplement. Un peu comme s'il s'était réveillé alors qu'il était en mode pilotage automatique.

Il pouvait voir ses yeux bouger sous ses paupières. Bellamy décida de croire que c'était bon signe, il le fallait. Il posa une main sur son avant bras, traçant distraitement de petits cercles sur sa peau. Il jouait avec le feu, il en avait conscience. Si un de ses supérieurs, ou même un médecin, entrait à ce moment-là, il verrait d'un très mauvais œil son geste de tendresse envers un membre de son unité.

Il se leva et s'étira, il n'avait malheureusement pas le choix de la laisser seule, ayant un rendez-vous avec le général pour débriefer de l'incident. Au moment où il allait passer le pas de la porte, il entendit un gémissement puis une quinte de toux grasse. Il se retourna vivement et la rejoignit, lui attrapant instinctivement la main.

"Tout va bien Clarke, ne t'agite pas trop," dit-il d'une voix rassurante. "Ils vont venir t'enlever ce tube que tu as dans la gorge et tu seras sur pied en un éclair, prête pour le service."

Elle le fixait de ses yeux, un peu perdue, ne pouvant pas lui répondre. Clarke lui serra la main et quand elle cligna des yeux, une larme coula sur sa joue.
Bellamy entendit les bruits de pas dans le couloir, et au moment où l'infirmière passait le pas de la porte, il relâcha sa main et fit un pas de côté.

"Il vaut mieux que vous sortiez pendant les soins," l'informa-t-elle. "Ça risque d'être déjà assez traumatisant pour elle."

Il acquiesça. C'était peut-être horrible, mais il s'en fichait pas mal qu'elle souffre quelques temps. Clarke était en vie, et c'était le principal. Il sortit et se dirigea vers le bâtiment de commandement.

Plusieurs heures plus tard, après avoir rempli toutes les formalités, Bellamy était en route pour retrouver Clarke. Il allait entrer quand il entendit sa voix, elle avait l'air de parler sur Facetime avec quelqu'un.

Ecouter aux portes est un vilain défaut, mais ce fut plus fort que lui...

"Enfin tu réponds !" Grésilla la voix d'une femme d'âge mûr. "Ça fait des heures que j'essaye de t'avoir, tu crois que j'ai le temps de courir après toi ? Je suis en chirurgie depuis 5 heures du matin, je suis crevée !"

Bellamy fronça les sourcils, qui pouvait parler d'elle alors que son interlocuteur venait de se prendre une balle en pleine opération dans un pays en guerre ?

"Ecoute maman," Clarke semblait épuisée et Bellamy retint un frisson. "Je ne t'ai appelé que parce qu'on m'a dit que tu harcelais le numéro d'urgence. Je suis en vie, c'est tout ce que tu as à savoir."

"Tout ce que j'ai à savoir ? Tu ne prends plus mes appels depuis des mois, tu t'engages dans l'armée comme une ado en pleine crise, tu te coupes de ton milieu social ... Est-ce que ta petite mésaventure va au moins te faire changer d'avis ? Est-ce que tu vas enfin arrêter tes conneries ?"

Bellamy en était sans voix et bouillonnait de colère. Si Clarke avait été élevée par cette femme, c'était un miracle qu'elle n'ait pas de séquelles psychologiques.

"Je ne me répèterais pas Abby," le ton de la blonde était déterminé plus que las à présent. "Alors écoute-moi bien. Tu sais très bien pourquoi j'ai coupé les ponts. Tu n'as peut-être pas tué Papa, mais il ne se serait jamais retrouvé à dégringoler cet escalier ce soir-là s'il ne t'avait pas trouvé au lit avec son meilleur ami. Depuis, à cause de tes erreurs, je me suis renfermée, je n'avais plus confiance en personne, parce que tu as fait exploser ma bulle."

Elle marqua une pause pour respirer, Bellamy avait le cœur qui battait à tout rompre.

"J'ai découvert ici le but qui manquait à ma vie : non seulement je me sens utile dans ce que je fais, j'aide des gens à l'autre bout du monde, mais en plus les personnes que j'ai rencontrées ici elles ... elles m'ont redonné confiance. Confiance en la vie, en l'avenir, en l'amour. Je ne te dis pas que c'est facile tous les jours, parfois j'ai encore envie de tout envoyer bouler. Mais ils ont confiance en moi eux aussi, et je vais me faire violence pour ne pas les décevoir comme tu m'as si souvent déçue. Alors tu vois maman, si je t'ai rayé de ma vie, ça ne veut pas dire que je n'ai plus de famille, puisque j'en ai trouvé une nouvelle, beaucoup plus saine, ici dans l'armée."

Bellamy entendit le son caractéristique d'une communication qu'on coupe. Il allait entrer pour soutenir Clarke qui devait forcément se sentir un peu paumée quand on l'appela depuis l'autre bout du couloir.

"Caporal Blake, l'avion est prêt, il devait décoller il y a cinq minutes, dépêchez vous !"

Bellamy se tourna vers Clarke qui l'observait à travers le cadre de la porte. Elle le voyait, attendant sa réaction. Comme si elle se demandait s'il allait au moins venir lui dire un mot. Mais il ne pouvait pas, ça aurait attiré l'attention. Alors, il carra les épaules et s'éloigna dans le couloir sans un regard pour elle.

****Chapitre 28, avant dernier chapitre de cette fanfic ! 
J'ai si hâte d'avoir votre avis sur ce point de vue Bellamy ! 
A votre avis ça va se finir en queue de poisson cette histoire ? 
N'oubliez pas de voter si vous avez aimé ! 
A très vite, 
WSC. 

Locked MindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant