2. Une soirée qui vire au cauchemar

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Encore légèrement endormie, je me baignais dans la chaleur enivrante des rayons de soleil qui traversaient la vitre de ma chambre. Dehors, le ciel était d'un bleu éclatant, et une douce odeur de camélia vint chatouiller mes narines.

Quelqu'un frappa à ma porte, me tirant de mes rêveries. J'arrachai la couverte de mon lit, frottai mes paupières et traversai rapidement la pièce, martelant le parquet d'un pas rageur. Droite comme un piquet, Lana m'adressa un sourire épais, dévoilant une rangée de dents parfaitement alignées.

À l'aide.

— Je peux t'aider ? grommelai-je, l'œil coincé dans le cadran de la porte légèrement entrouverte.

J'ignorai la raison pour laquelle elle se pointait chez moi à deux heures de l'après-midi et pourtant, je pressentais qu'un repli stratégique allait devoir s'imposer dans les secondes à venir.

— Et pas qu'un peu ! On a une soirée à vingt-heures tapantes tu te souviens ? Du coup, j'ai tout préparé pour qu'on puisse se préparer entre filles ! Bon, ce sera sans compter Noelle, malheureusement...Je l'ai attendue à la sortie des cours hier pour la prévenir mais elle a détalé d'une traite en disant qu'elle avait une urgence. La voir courir elle, c'était inimaginable ! J'espère quand même que ce n'est rien de grave...

J'ai ma petite idée sur la question !

Après quelques secondes, je portai un oeil attentif à Lana. Ses bras étaient chargés de sacs remplis de piles de vêtements, et d'une trousse de maquillage qui menaçait d'exploser à tout moment. J'avalai difficilement ma salive en observant ces instruments de torture.

— Tu ne préfères pas qu'on fasse ça plus tard ? Je viens à peine de me réveiller et...

— Moïra, il est quatorze heures passées, me coupa-t-elle en arquant un sourcil.

Oui, et ? Visiblement, les grasses matinées n'étaient pas appréciées à leur juste valeur !

À court d'idées, je frottais légèrement l'arrière de mon crâne et triturai la serrure de la porte. Le grincement de celle-ci retentit péniblement dans mes oreilles et le regard perçant que la jolie brune posait sur moi me donna l'impression d'être prise dans une embuscade. Il me fallait une excuse, et vite.

— Mince ! Je ne peux vraiment pas, je dois emmener mon chien chez le toiletteur, un rendez-vous de dernière minute ! déblatérai-je en refermant la porte.

— Mais tu n'as pas de chien, objecta-t-elle en fronçant les sourcils, l'air furibond.

— En fait, la voisine m'a demandé de garder son chien, et comme-

Agacée, Lana assainit un violent coup de poing à la porte qui céda presque immédiatement. Elle pénétra dans la maison en prenant soin de retirer ses baskets à l'entrée, juste devant l'osier du tapis. Alors que l'option « téléphoner à la police pour signaler une intrusion dans mon domicile » était toujours en liste, Lana s'installa confortablement sur le sofa du salon et éparpilla son matériel sur la table. Forcée de capituler, je réfrénais la grimace qui me déformait le visage et me réfugiais sur le bord du canapé.

— On va faire un travail d'enfer ! m'assura-t-elle en brandissant ses ustensiles, les lèvres étirées en un terrible sourire.

Si je meurs, dites à mon chat que je l'aime.

*

Les heures défilèrent lentement, beaucoup trop à mon goût. Après une séance d'essayage interminable qui vira au cauchemar (je dus faire office de porte-manteau tandis que Cendrillon enchaînait les tenues en se pavanant dans l'entrée tel un paon) et une sévère crise existentielle (elle versait des torrents de larmes en pinçant ses bourrelets en trop, avachie devant un pot de Nutella), l'étape des confidences et révélations arriva à son tour.

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