17. Incohérence(s)

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—          Je suis Adany Ead, le chef du gang. Tu dois être Moïra, c'est ça ? Assieds-toi, je t'en prie.

Légèrement méfiante, je pris place sur le tourniquet qu'il désignait du bout de la main.

Pour être tout à fait honnête, même si je me doutais bien qu'un gang ne pouvait exister sans leader, je ne m'attendais pas vraiment à ça. Mon esprit avait plutôt imaginé une montagne de muscles aux veines exagérées outrageusement tatoué, même sur son crâne rasé.

Au lieu de ça, se trouvait devant moi un jeune homme à l'air angélique. Ses cheveux blonds, mi- longs, atteignaient presque sa nuque, et ses yeux bleu ciel se fondaient parfaitement dans la palette de teintes claires et lumineuses que renvoyait son visage. Les traits de celui-ci étaient étonnamment fins, raffinés, créant une parfaite harmonie avec sa silhouette svelte et élancée. En guise de vêtements, il ne portait qu'une simple chemise blanche à moitié déboutonnée, rentrée élégamment dans un pantalon classique beige.

C'était tout de même étrange. Il ne m'avait souri qu'une seule seconde et pourtant, ce geste banal m'avait d'emblée remis du baume au cœur.

—          Alors, racontez-moi tout.

Il sonda du regard mes trois agresseurs, dans l'attente que l'un d'eux ne décoche un mot.

La tension était à son comble : j'avais l'impression de vivre une véritable scène de film, celle dans laquelle la caméra tourne progressivement vers les deux accusés pour augmenter la pression de l'instant.

Finalement, Meallta-qui me lançait un regard diablement accusateur depuis dix bonnes minutes-finit par se pencher sur moi pour me menacer.

—          Dis-lui ce qu'il s'est passé ou on te démonte.

Je ne suis pas un meuble pour être démontée. Et je refuse de me laisser traiter de la sorte une nouvelle fois.

—         Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat, osai-je annoncer en me décalant légèrement de mes ravisseurs.

Alors que Meallta s'apprêtait à m'offrir la raclée du siècle, le prénommé Adany lui fit signe d'arrêter. Frustré, l'informaticien se rangea à sa place sans discuter davantage.

—          Moïra ?

Je relevai la tête vers le chef, surprise. La manière qu'il avait de prononcer mon nom s'avérait complètement différente de celle des trois autres : elle était posée, calme et respectueuse. En fait, il semblait me considérer comme un véritable être humain, et non pas comme un chiffon de nettoyage réutilisable.

—          Tu peux tout me raconter, ça se passera bien, m'assura-t-il en souriant avec les yeux.

Cette simple promesse me mit immédiatement en confiance. Après tout, si j'avouais directement les faits, peut-être que je bénéficierais d'un traitement de faveur.

Même si, au final, je ne comprenais toujours pas de quoi j'étais responsable.

—          Ben euh, c'est-à-dire que...

Je me mis à lourdement bégayer. Tous ces regards posés sur moi étaient incroyablement intimidants, si bien que je peinais à trouver mes mots. Anxieuse, je pris une profonde inspiration avant de me lancer dans un long monologue.

— Cet homme m'a enlevée, commençai-je alors en pointant le criminel du doigt.

Le chef se contenta d'observer le tueur à la dérobée, avant de reporter son entière attention sur moi. Peu m'importait de subir les conséquences de mes révélations plus tard : ce qui comptait vraiment était de mettre les mercenaires au tapis.

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