5. Tirée d'affaire ?

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— Enfin !

Lana me sauta au cou, un grand sourire aux lèvres. Je ravalai péniblement ma salive et fit de même, tentant par tous les moyens de sauver les apparences.

Hier, juste après avoir tenté de joindre mon père, j'avais décidé de retourner au lycée.

L'attente fut longue et pénible. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Angoissée, j'avais même pris de court le réveil en me levant une heure avant la sonnerie. L'estomac vide, j'avais emprunté un énorme détour pour me rendre en classe. Et j'étais arrivée la première, avant même l'ouverture des portes.

Si je ne voulais pas laisser paraître quoi que ce soit, il me fallait d'agir le plus normalement possible.

Et cela même si je devais mentir à mes amis.

— Je suis contente de vous revoir, déclarai-je donc sur un ton légèrement faux en retirant ma veste.

Je m'assis en silence, prête à les entendre parler de meurtre, de sang et de cadavres. Après seulement quelques secondes en leur compagnie, l'ambiance devenait déjà oppressante. La proximité de mes deux amis me perturba plus qu'elle ne me rassura.

— Pourquoi tu ne répondais pas à nos messages ? s'enquit Noan en s'installant juste à côté de moi.

Pourquoi ? Parce qu'en à peine une demi-heure, je m'étais faite agressée par plusieurs individus, quasiment étranglée par l'un d'entre eux, avant d'assister à deux meurtres et avoir failli me prendre une balle en pleine tête. J'eus également la chance d'observer le tueur traîner les cadavres tels deux gibiers, et de promettre de ne rien révéler à personne.

Tout simplement.

— J'étais trop malade, je suis restée au lit toute la semaine, mentis-je avec un air si convaincant que même moi aurais pu y croire.

Noan se contenta de m'observer à la dérobée, et je compris alors qu'il n'était pas dupe. Je fis semblant de ne pas sentir son regard de plus en plus scrutateur sur moi, et sortis un cahier pour masquer mon agitation. C'est quand même fou, lui qui d'ordinaire était le moins bavard d'entre nous, voilà qu'une brusque envie de faire parlotte le démangeait. Mais pourquoi diable ce jour-là ?

Quelques minutes s'écoulèrent durant lesquelles un brouhaha de voix et de rires s'amplifièrent autour de moi. Mes yeux longèrent les élèves entassés sur les rangées de table, inquisiteurs. Certains plaisantaient, d'autres tentaient de trouver un plan express pour le week-end. Les plus courageux d'entre eux copiaient à la hâte les devoirs qu'ils n'avaient pas fait.

— Alors, qu'est-ce que j'ai raté ? osai-je demander, des frissons parcourant tout mon corps.

Lana sembla réfléchir quelques instants avant de m'assurer :

— Absolument rien. Ce lycée, c'est le vide intersidéral.

J'écarquillai les yeux, ahurie. Personne n'était donc au courant. Pas même les médias.

Le meurtrier était-il revenu sur le lieu du crime pour effacer toutes preuves ? Qu'en était-il des autres individus du groupe qui avaient pris la fuite en le voyant arriver ? Pourquoi les proches de l'homme assassiné n'avaient-ils pas signalé sa disparition ?

Tant de questions sans réponses et pourtant, ce poids lourd que je ressentais sur ma poitrine depuis plusieurs jours s'envola d'un coup. Je me sentais revivre.

— Tu as dû attraper une sacrée grippe n'empêche ! Tu m'excuseras de ne pas être venue te voir, je me suis dit que tu avais besoin de repos et pour tout avouer, j'avais peur de tomber malade aussi...j'ai un rencard demain soir, je n'ai pas le droit à l'erreur ! Mais-

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