Je reculai, tétanisée. Les vêtements de la pauvre dame étaient complètement déchirés, et sa voix faible suppliait son mari d'arrêter. Des marques de griffures arpentaient sa peau encore rougie, mais Meallta ne se résolut pas à la lâcher pour autant.
Une main sur la bouche, je pris une profonde inspiration pour ne pas gerber. Le sol semblait se dérober sous mes pieds, et même après avoir frotté mes yeux avec acharnement, ma vision était toujours aussi floue. Si je ne voulais pas tomber dans les pommes, il fallait absolument que je trouve un moyen de distraire Meallta.
Soudain, un énorme fracas retentit dans le salon, comme si un objet venait de s'écraser sur le sol. Surpris, l'informaticien finit par relâcher brutalement sa femme qui, vidée de son énergie, gisait au sol.
Il se releva en un bond et, martelant le parquet d'un pas rageur, se dirigea vers la porte. Prise de court, je réussis à me cacher derrière celle-ci en toute discrétion, observant ainsi Meallta débarquer dans le salon en furie.
Une fois la voie libre, je rentrai doucement dans la chambre, inquiète à l'idée d'effrayer Maria. La pauvre femme pleurait à chaudes larmes, et scandalisée par la scène qui venait de se produire, je me mis à faire de même. D'une voix presque inaudible, Maria me demanda de partir, par peur que l'on nous surprenne.
Je partis chercher le matériel de secours que j'avais laissé sur la table de la cuisine, et revins presque en courant dans la chambre où se trouvait la blessée. Tant pis pour ma coupure, les plaies de Maria étaient beaucoup plus alarmantes.
Elle tira une grimace de douleur quand j'appliquai le coton froid sur ses blessures. Je ne disposais que de trop peu de matériel pour empêcher le sang de couler davantage, et dans un élan de folie, je déchirai nerveusement le tissu de la robe pour le lui nouer sur une grosse plaie. Il n'y avait déjà plus de désinfectant, que j'avais préalablement appliqué sur les écorchures les plus inquiétantes. Ni une ni deux, je courus à la salle de bain sans me préoccuper de l'éventuelle présence d'un membre du gang, et réapparus munie d'un bout de savon et d'un gant de toilette. Au pire, si quelqu'un venait à nous découvrir, c'est moi qui prendrais. Et pour les égratignures les moins importantes, un peu d'eau et de savon suffisent à faire l'affaire, puisqu'ils permettent d'éliminer les germes.
En débarquant devant la porte, j'eus un mouvement de recul en découvrant les yeux pétrifiés de Maria. Elle fixait quelque chose derrière moi, ou devrais-je dire plutôt quelqu'un. L'assassin était adossé au mur d'en face, et observait en silence la scène, son regard allant des blessures de Maria, aux affaires que je tenais fermement dans mes mains.
- M-Maria n'y est pour rien, balbutiai-je, tandis que la coupelle en fer claquait sur mes doigts. C'est moi qui-
Un silence pesant s'installa, durant lequel la femme de Meallta reniflait toujours. Le tueur me détailla de haut en bas, les bras croisés, mais dès que la voix caverneuse de l'informaticien retentit dans le salon, il me poussa dans la chambre et s'éloigna en direction de celui-ci. Complètement sonné face à ce comportement pour le moins peu habituel, je ne pus m'empêcher de tendre l'oreille tandis que j'appliquai une compresse sur le bras de Maria.
- J'ai entendu un bruit. C'était quoi ? demanda Meallta d'un ton agacé.
- C'est l'âge, mon vieux, répliqua le criminel d'une voix amusée.
L'assassin engagea une conversation sans queue ni tête avec l'informaticien, qui visiblement n'y vit que du feu. Pendant que je poursuivis mon job de soignante, des tas de questions trottèrent dans mon esprit. C'était le tueur qui avait provoqué volontairement ce bruit ? Mais pourquoi ? Pourquoi ce brusque revirement de comportement ?
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Romance- Donne moi ton portable, m'ordonna-t-il d'un ton froid qui me fit presque sursauter. Face à cet inquiétant bourbier, et en dernier recours, je décidai de dégainer ma botte secrète, une arme imparable qui en effrayait plus d'un : mon humour. D'une v...