3. Rencontre mortelle

6.1K 359 125
                                    

— Moïra...

Une voix mélodieuse chuchota mon prénom à plusieurs reprises.

Je restai stoïque, toujours incapable de bouger. Tout à coup, une sensation agréable m'enveloppa entièrement et me fit oublier la douleur qui me paralysait les membres. Dans un effort surhumain, je réussis enfin à entrouvrir les paupières.

C'est alors que je la vis, le regard rempli de douceur, un sourire rassurant aux lèvres. Et tandis qu'elle approchait lentement la main de mon visage, je m'entendis murmurer :

— Maman ?

Mais soudain, une voix grave me sortit de ma torpeur, m'arrachant à ce rêve éveillé que j'aurai voulu vivre à tout jamais.

— J'ai l'air de ressembler à une meuf ?

Je me relevai doucement, complètement sonnée.

Et je me rendis aussitôt compte que j'aurais préféré rester évanouie.

Un individu d'espèce non identifiée était penché sur moi. Ses cheveux noirs ébène ébouriffés tombaient sur son front en une frange inégale et parsemaient son visage pâle, aux contours incroyablement parfaits. Je m'attardai-malgré moi-sur ses iris sombres et intenses qui me transperçaient telles des lames aiguisées.

Il posa alors sur moi un regard aussi froid que dédaigneux, où se lisaient à la fois la folie et la haine. Lorsque je réussis enfin à détacher mes yeux de ces deux billes noires bordés par des cils de jais très longs, je voulus tourner la tête pour m'empêcher de le regarder, sans succès.

J'étais comme...hypnotisée.

La deuxième tentative échoua également. Mes pupilles revenaient sans cesse à la charge, comme si elles étaient condamnées à imprimer chaque détail de cet être.

Dans la seconde qui suivit, je remarquai les bandages qui recouvraient une partie de son visage, de son cou et de ses bras. Plusieurs piercings de cartilage en argent arpentaient l'hélix de son oreille gauche, tandis qu'une petite créole classique apparaissait à l'extrémité de son lobe droit.

— Qu'est-ce que-

Je m'interrompis immédiatement en découvrant le corps inerte d'un homme gisant dans une énorme flaque de sang à quelques centimètres de moi. Celui de l'homme qui avait tenté de m'étrangler il y a quelques minutes.

Prise de brusques sueurs froides et de violentes nausées, je me cambrai, une main pressée sur le ventre et l'autre, sur la bouche.

Le meurtrier se releva soudainement et détailla la dépouille d'un air satisfait de lui-même. Je retins un cri de stupeur en découvrant sa taille élevée et imposante.

— Beau tir, tu trouves pas ? Quoique j'aurai peut être du centrer un peu plus sur sa gueule, son air tordu me filait la gerbe, poursuivit-il en tâtant le cadavre du bout de sa chaussure.

Je sentis que mes forces toutes entières m'abandonnaient. Mon sang se glaça dans mes veines et ma gorge se noua. Je voulais hurler de terreur mais aucun son ne sortait de ma bouche.

Après quelques secondes de silence, le tueur posa de nouveau son regard sur moi et éclata de rire. D'un rire sinistre et effrayant.

— Je plaisante, la donzelle. Je le visais pas en particulier, je cherchais juste de quoi tester mon nouveau flingue. Ça aurait pu tomber sur toi, dit-il d'un ton un peu trop enjoué, comme s'il venait d'avoir une nouvelle idée.

Il continua de rire aux éclats, en effleurant la détente de son arme-pointée sur moi-à plusieurs reprises. D'un pas ferme et rapide, il s'aventurant à ma droite, puis derrière moi, traçant des cercles invisibles me tenant en haleine. Les battements de mon cœur se coordonnèrent à ses gestes, accélérant la cadence au même rythme que celle de ses pas.

AlterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant