- Allonge-la ici, vite !
Le lendemain matin, tous les membres du gang s'activaient autour de Schérazade, gravement blessée au niveau de la jambe gauche. Restée en retrait, je regardai la scène en tant que pure spectatrice, comme si j'étais déconnectée de mon propre corps.
- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? hurla Meallta en tentant de réveiller la blessée.
- Elle a tout fait foiré, déclara calmement le tueur en me pointant du doigt.
- Comme c'est étonnant ! cria de plus belle l'informaticien. Je te jure que-
Alors qu'il s'approchait de moi d'un pas menaçant, je repris enfin mes esprits, et tentai de me défendre en expliquant :
- J'ai essayé de vous prévenir que les choses tournaient mal en hurlant !
- Tu vas me faire croire que c'était pas un cri de hibou, ton signal confirmateur ? répliqua l'assassin.
- Si, mais cette fois, j'ai imité le cri d'un canard, pas d'un hibou !
C'était sûrement la phrase de trop pour Meallta, qui me colla un tel coup dans le ventre que je reculai de plusieurs mètres en arrière. S'ils apprenaient que je n'avais pas réussi à tenir ma langue, ce serait définitivement la fin pour moi.
- Calmez-vous tous, prononça une voix particulièrement calme et lente. Tous ces cris ne sont pas bons pour Schérazade.
Ay avait débarqué dans la pièce avec sérénité, une poche de glace à la main. Il appliqua la chose sur le front de la blessée, qui transpirait tellement qu'on aurait dû placer un bassin juste en dessous pour ne pas tâcher les draps de sueur.
Ezekiel courut à la rencontre du leader à peine celui-ci parut dans l'encadrement de la porte.
- Je vous avais bien dit que c'était une mauvaise idée de la ramener, dit-il en me désignant du regard. Voyez par vous-même ce qu'elle a fait.
Le chef se contenta de m'observer à la dérobée avant d'avancer vers le lit de la malade. Bizarrement, il n'avait pas l'air énervé, ni même agacé. En passant, il posa sa main sur le creux de mon dos, sûrement pour me rassurer. Surprise, je relevai la tête vers lui en écarquillant les yeux, tandis qu'il se contenta de m'offrir un sourire apaisant.
Après avoir constaté l'étendue des dégâts, il déclara :
- Il faut contacter un médecin.
- Et qu'il découvre le gang ? Chef, on ne peut pas faire ça ! protesta d'emblée Ezekiel.
Si tôt réveillée, Schérazade se mit à hurler de douleur. Au vu de sa jambe gonflée et bleutée, il n'y a nul doute qu'elle avait été fracturée. Pourtant, la plupart des membres campèrent sur leur position :
- Je suis plutôt d'accord, enchaîna Meallta. On peut pas se risquer de perdre tout ce qu'on a construit.
La blessée continua à se tordre dans tous les sens. La douleur était telle qu'elle blêmit dangereusement, une main pressée sur sa jambe et l'autre sur sa bouche. Même si je ne la portais pas dans mon cœur, la voir dans un tel état me glaça le sang, surtout que je n'étais pas étrangère à ses malheurs.
- Laissez-moi la soigner.
Je relevai la tête avec détermination, prête à secourir la malade. Ignorant le regard meurtrier de Meallta, je fixai le tueur pour qu'il me donne son approbation. Il avait beau ne pas être le leader, les simples observations que j'avais pu effectuer jusqu'à aujourd'hui m'avaient montré qu'une décision n'était jamais prise s'il ne l'avait pas approuvée au préalable. Il me détailla de haut en bas avec indifférence, puis se décala pour m'indiquer d'aller y jeter un coup d'œil.
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Romance- Donne moi ton portable, m'ordonna-t-il d'un ton froid qui me fit presque sursauter. Face à cet inquiétant bourbier, et en dernier recours, je décidai de dégainer ma botte secrète, une arme imparable qui en effrayait plus d'un : mon humour. D'une v...