7. Le chasseur et sa proie

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— Vous avez quatre heures. Et s'il vous prenait l'envie d'empiéter-ne serait-ce-qu'une seule seconde- sur le temps imparti, je n'hésiterai pas à faire des confettis de votre copie.

— C'est noté, fis-je en jetant un coup d'œil à l'horloge.

Il était seize heures et sept minutes. Tous les élèves avaient déjà quitté la classe, sauf moi.

Après mon épisode de burn-out dans les toilettes du lycée, la cloche n'avait pas tardé à sonner. Noelle et moi étions parties chacune de notre côté pour rejoindre nos options, bien qu'à contrecœur. Son regard voilé, comme si quelque chose en elle s'était éteint, ne m'avait pas échappé. Ce n'était plus des yeux chaleureux, remplis de malice qui s'acharnaient à me redonner le sourire, mais des iris désormais privées de tout éclat.

En sortant, je lui avais promis de l'appeler dès la fin de la journée, histoire de rattraper le temps perdu. Mais en attendant, un super examen en compagnie de ce cher monsieur Barker m'attendait, et je ne voyais pas comment me tirer d'affaire.

Assise à la deuxième table de la rangée du milieu, pile dans le champs de vision du professeur, je me penchai sur ma copie. Les sciences avaient beau être une matière dans laquelle j'excellais, le stress me gagna rapidement. Les événements des derniers jours m'avaient fait accumuler un retard monstrueux dans mes révisions, et je ne me sentais pas du tout au point pour ce devoir.

Un jour, j'ai lu quelque part "réviser, c'est douter de son talent". Gardant cette grande citation en mémoire, j'attrapai un stylo et commençais à remplir l'encadré classique des feuilles d'examen.

La bonne nouvelle était que je connaissais au moins la réponse à la première question, à savoir celle qui indiquait d'inscrire son nom...

*

À vingt-heures et six minutes, je déposais mon stylo bleu. Mon poignet était en feu et ma tête, sur le point d'exploser. Cependant, et contre toute-attente, je m'en étais plutôt bien sortie.

Débarrassée de ce foutu contrôle, je me levai à la hâte et déposai ma feuille sur le bureau du professeur, qui ne daigna lever les yeux vers moi une fois son épisode des Feux de L'amour terminé. J'espérais pour lui qu'il ait un bon cardio, histoire de ne pas crever avant la fin de la série.

— Pile à l'heure, mademoiselle. Je vous rendrai votre devoir demain.

Certains n'ont vraiment rien à faire de leur soirée !

Je m'apprêtais à partir lorsqu'il m'interpella.

— Une minute ! Prenez place, je vous prie, dit-il en tirant une chaise juste à côté de lui.

Perplexe, je retins mon souffle en m'asseyant.

— Pourquoi êtes-vous partie précipitamment ce matin ?

Voyant que je restai muette comme une carpe, le professeur en rajouta une couche. J'aurais aimé être réduite à la taille d'un atome pour passer aussi inaperçue que Shy'm à un concert de Beyoncé.

— Ce n'est pas cette histoire de meurtre qui vous inquiète, n'est-ce pas ? La police va vite se charger de cette affaire, et puis vous n'habitez pas à côté du lieu en question.

M'interdisant de réagir, je décidai alors d'adopter la méthode Bogdanov, à savoir figer mon visage pour ne laisser paraître aucune émotion.

— Rien à voir, monsieur. C'est parce que je suis malade. J'avais des nausées, voilà tout, finis-je par affirmer avec conviction.

— Êtes-vous certaine que ce n'est qu'une grippe ?

— Eh bien oui, qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ?

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