22. Révélation(s)

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-          Dans ma cuicui, dans ma cuicui, je suis le roi, et moi la reine...

Je chantonnai le générique de Tom-Tom et Nana pour tenter de me rassurer, la voix secouée par des sanglots. Le temps commençait à me paraître très long, et en ce mercredi matin, tout ce que j'avais dû endurer depuis mon arrivée dans ce repère remontait à la surface. Je caressai mes cheveux maladroitement coupés en étouffant mes larmes, désormais consciente que j'avais tout perdu.

Schérazade avait passé une nuit particulièrement agitée, et j'étais restée toute la nuit auprès d'elle pour veiller à ce qu'elle ne manque de rien. Malheureusement, le paracétamol n'était pas de taille à affronter la douleur de la fracture, et Ay s'était donc dévoué pour aller trouver de la morphine.

A ma grande surprise, il n'était revenu que quatre heures après son départ, une durée très importante qui m'avait d'abord fait penser qu'il n'en avait pas trouvé. Hors, la réalité sur son retard était tout autre :

-          J'ai oublié le chemin, m'avait-il dit en passant une main sur sa nuque.

Je m'étais abstenue de tout commentaire et contenté d'administrer le médicament à la blessée, qui s'était rendormie peu après l'avoir avalé.

Au petit jour, le leader m'avait annoncé que tous les membres partaient en mission, me laissant ainsi seule avec la malade dans le repère. Bien évidemment, il avait pris soin de fermer toutes les portes, toutes les fenêtres déjà triple résistance, et de cacher tous appareils qui auraient pu me permettre de m'en tirer. Même Maria, qui d'ailleurs était beaucoup plus distante depuis les évènements de la veille, s'était éclipsée pour une course urgente.

En partant, son mari avait eu la bonne idée de me confier les tâches ménagères de la maison, pour que je me rende « utile », et donc de ranger toutes les œuvres volées en les classant chacune par type et par couleur. Le plus intelligent aurait été de les trier par époque et mouvement, mais je crois que l'informaticien n'était même pas capable de définir ni l'un ni l'autre.

« L'Artisan »...Je soulevai l'énorme statue qui portait ce nom, censé représenter, comme son nom l'indique, un homme artisan. L'objet était si grand qu'à côté de lui, je semblais illustrer la différence de taille entre Lee et Noah dans The Kissing Booth.

Soudain, un étrange tableau attira mon attention. Ancrée dans un cadre doré légèrement abîmée, cette peinture à l'huile représentait le portrait d'un homme charismatique et fascinant. Il portait une ancienne blouse de peintre et tenait adroitement une palette en bois de couleurs vives, comme s'il s'apprêtait à réaliser une œuvre. Même si cela paraît complètement fou, à l'instant où mes yeux s'étaient posés sur cette toile, j'avais eu l'impression d'y reconnaître quelqu'un.

Me voilà maintenant avec encore plus d'imagination que Jughead Jones...

Même si je tentai de m'occuper l'esprit, je ne pouvais m'empêcher de penser au tueur, et à toutes ces zones d'ombre qui en faisaient un être encore plus suspicieux et dangereux. J'avais beau me torturer de l'esprit en cherchant quel pouvait être son but, rien n'y faisait. D'autant plus que je semblais être la seule à remarquer ses sautes d'humeur, son caractère changeante et ses changements d'opinion radicaux.

« ALERTE DISPARITION »

Je me retournai en sursaut vers la télévision toujours allumée.

«  La jeune Moïra, âgée de dix-sept ans, et subitement disparue dans la nuit du 13 au 14 n'a toujours pas été retrouvée. Même si la piste de la fugue semble privilégiée, une proche et amie de la victime qui a signalé sa disparition conteste l'hypothèse. Selon elle, la jeune fille n'avait aucune raison de commettre un tel acte. »

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