18. Face à face

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- Ta première mission commence demain, Moïra.

Je déglutis péniblement ma salive, pétrifiée. Visiblement, je n'avais plus besoin d'aller aux manèges à sensations fortes pour en avoir : cette simple phrase faisait parfaitement l'affaire.

- Je ne suis pas sûre de comprendre, laissai-je entendre d'une toute petite voix.

Le leader se leva de sa chaise et s'approcha de moi d'un pas assuré. Il passa une main dans mes cheveux et s'amusa à les nouer de différentes manières. Au bout de quelques secondes, il les laissa retomber naturellement, puis déclara d'un air satisfait :

- Meallta, je te laisse prendre le relais.

Il quitta la pièce sans se retourner, me laissant ainsi à la merci de ses acolytes de service.

- La police est arrivée au moment où tu allais être achetée, poursuivit le génie de l'informatique. On risquait de ne pas avoir d'autres occasions de ventes aux enchères comme celles-ci, donc on a directement pensé à te tuer.

Je frémis de la tête au pied. Il dit cette phrase de manière si détachée qu'une drôle de sensation me secoua.

- Puis, finalement, j'ai eu une idée. Je me suis dit que si tes charmes avaient fait trembler l'assemblée, pourquoi pas les utiliser au quotidien dans nos missions.

Si c'est bien ce que je crois, je préfère encore me tirer une balle moi-même. Je conserverai ma chasteté jusqu'au bout, et je refuse de me mettre au service de truands de ce genre.

Meallta ne me laissa même pas le temps de répliquer qu'il appela sa femme d'une voix rauque et impérative, tandis que Schérazade en profita pour sortir de la pièce en m'écrasant le pied volontairement à l'aide de son talon aiguille. Le tueur, quant à lui, avait déjà disparu depuis longtemps.

Maria débarqua presque sur le champ, la mine apeurée. Sous les ordres précédents du leader et de son mari, elle m'embarqua dans la cuisine pour me préparer « de quoi me remettre en forme ».

Mon estomac chantait un morceau du groupe Swans depuis un petit moment maintenant, et c'est donc sans hésiter que je croquais à pleines dents dans le steak haché qu'elle m'avait préparé. La maîtresse de maison s'affaira à faire la vaisselle sans un mot pendant que je continuais de déguster mon festin. Après un rapide coup d'œil vers la porte, je me rendis compte qu'il n'y avait plus personne dans le salon. Ravie qu'une telle occasion se présente à moi, je décidai de passer à l'attaque. Il fallait que je sache pourquoi personne n'était au courant des actions du criminel.

- Maria ?

Celle-ci regarda à gauche et à droite, puis fis mine de me tendre un verre d'eau pour me chuchoter :

- Tu n'aurais pas dû revenir.

- Mais je n'ai pas eu le choix ! me défendis-je du tac au tac.

La femme de Meallta m'intima de parler moins fort et poursuivit tout aussi doucement :

- Ils vont utiliser à leur guise lors de leurs missions. Et dès qu'ils n'auront plus besoin de toi, ils te tueront.

- Comment savez-vous ça ? continuai-je sans pour autant me résoudre à lâcher ma fourchette.

- Parce que c'est comme ça qu'ils l'ont fait pour moi.

C'est exactement ce moment que choisit Meallta pour débarquer dans la cuisine. Son regard alla de sa femme à moi, avant de se poser sur mon assiette. Je vis son expression changer du tout au tout, ses yeux se transformant en véritables mitraillettes humaines.

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