Je ne saurais pas vous dire ce qui m'a le plus choquée à cet instant : découvrir que le gang participait à un trafic d'œuvres d'art ou que j'étais estimée à cent dollars ?
Diantre, que dis-je. Le pire restait d'apprendre que leur but durant tout ce temps était de me vendre. Mes amis avaient beau souvent me reprocher ma naïveté, jamais je n'aurais pensé en arriver à de telles extrémités. Je me doutais bien que je n'avais pas à faire à de simples dealers, mais de là à ce qu'ils soient capables de me travestir en marchandise...
Quelques secondes s'écoulèrent, durant lesquelles personne ne parlait. Tout devenait clair dans ma tête : les étranges œuvres d'art retrouvées dans la demeure du tueur, la réaction excessive de Meallta lors de la chute du buste, et surtout la manière particulièrement malsaine dont ils m'avaient apprêtée dans le but de me rendre plus « désirable ». Ces gens me considéraient comme une œuvre d'art à part entière, raison pour laquelle Meallta avait insisté sur la couleur de mes cheveux. Et bien que cette situation aurait pu être flatteuse dans un autre contexte, je sentis d'horribles crampes saisir mon estomac.
Les enchères commencèrent. Le tueur quitta la scène et rejoignit rapidement ses deux compatriotes, restés debout au fond de la salle.
— 100 dollars to begin, répéta le présentateur.
Il n'y avait plus rien à faire. Si ces braves gens répartis dans toute la pièce ne réagissaient pas face à ce trafic d'êtres humains, c'est tout simplement qu'eux aussi baignaient dans le milieu de la débauche et de la corruption, d'où les nombreux contrôles à l'entrée. De plus, le public réunissait des hommes venus des quatre coins du monde, ce qui expliquait pourquoi ils communiquaient en anglais, mais surtout pourquoi personne ne s'était rendu compte de l'usurpation d'identité de mes agresseurs.
Cet Angelo F.Fehr travaillait sans aucun doute dans le milieu de l'art. Il avait probablement acheté illégalement ce tableau pour le revendre à des acheteurs étrangers. Si mes doutes se confirmaient, cela signifierait que l'œuvre « Le Rêve Et L'Espoir » repérée dans la maison de mon ravisseur, puis vendue sur cette même scène était bien l'originale. Dans ce cas-là, je pouvais dire adieu à ma pauvre personne.
— Hum, is this thing working ?
Le présentateur tapota sur son micro, légèrement embarrassé. Il faut dire pour sa défense que le lourd silence qui s'était abattu sur la pièce dès mon arrivée devenait très gênant, et pour cause : personne ne levait la main. Malgré mon bas prix de départ, personne ne souhaitait enchérir.
Je croisais soudainement les yeux de mon ravisseur, qui me déclaraient déjà comme « morte ». J'ai même cru qu'il allait se mettre à rédiger mon certificat de décès.
Pourtant, contre toute attente, une main finit par se lever dans les gradins.
Ah ! Je savais bien que ma petite bouille n'avait laissé personne indifférent !
— The event is over, right? Can we go?
Hide my head I wanna drawn my sorrow, no tomorrow, no tomorrow...
Cette enchère aura donc duré aussi longtemps que la carrière de chanteuse de Kim.K.
Les organisateurs se contentèrent de hocher la tête, signal qui permit à tout le public de se diriger vers la sortie, sans pour autant s'arrêter de rire. Mon regard se posa de nouveau sur le tueur, toujours posté au fond de la salle. Lorsqu'il mima un signe peu sympathique, un tas de scénarios se ficelèrent dans ma tête.
Pensez-de moi ce que vous voulez, mais sur le coup, l'humiliation fut telle qu'une idée complètement tordue traversa mon esprit.
Je me mis à faire des poses. Littéralement.
VOUS LISEZ
Alter
Romance- Donne moi ton portable, m'ordonna-t-il d'un ton froid qui me fit presque sursauter. Face à cet inquiétant bourbier, et en dernier recours, je décidai de dégainer ma botte secrète, une arme imparable qui en effrayait plus d'un : mon humour. D'une v...