Chapitre 1

116 18 18
                                    

(10 années plus tôt)


    Un nouveau grondement retentit, et un éclair fendit le ciel, illuminant sa chambre d'enfant. La petite fille sursauta de peur, les larmes dévalant ses joues.

« Maman. Maman, appela-t-elle d'une voix faible. »

Mais la porte qui la séparait de la chambre de ses parents ne s'ouvrit pas, et le ciel continua de tonner, comme si le monde s'apprêtait à s'écrouler. Son monde.

Les sanglots secouèrent ses épaules, et la fillette replia ses genoux contre sa poitrine, effrayée.

« Maman, cria-t-elle plus fortement ! Maman ! »

La petite fille distinguait, sous la porte de bois brune, la lumière des bougies de la pièce d'à côté. Ils étaient réveiller. Et pourtant, sa mère ne venait pas à son secours.

Bianca posa ses pieds sur le sol froid de sa chambre, et se leva, sans bruit. Éclairée par la foudre qui frappait à l'extérieur, elle marcha jusqu'aux grandes étagères brunes. Elle y saisit un petit grimoire abîmé, à la couverture de velours pourpre, qu'elle sera contre sa poitrine.

Le tonnerre gronda à nouveau, et Bianca réprima un cri, s'accroupissant au sol. Rapidement, elle tourna les pages du livre, jusqu'à parvenir à celle qu'elle connaissait par cœur, qu'elle pouvait réciter les yeux clos. Son corps entier tremblait d'angoisse.

«Dans l'ombre et la lumière, A l'aube d'une nouvelle ère, Garçon, enfant de lune, enfant de la nuit, articula-t-elle d'une voix chevrotante.

La foudre frappa une nouvelle fois.

-Naîtra de lui la plus jolie des petites filles, Mère d'un Royaume voisin, père de votre sang, Fille de l'ange et du démon...

Les mots venaient d'eux-mêmes, tant sa mère lui avait lu les Mémoires de sa famille, sans jamais qu'elle n'en comprenne le sens.

-Maman, appela à nouveau Bianca. S'il te plaît ! »


Mais personne ne vint. Et apeurée, la fillette décida de s'approcher de la porte qui la séparait de ses parents, cherchant à comprendre ce qui les empêchait de venir l'aider.


Bianca s'allongea sur le sol, l'oreille collée contre la porte de poids, et passa son regard dans la chambre illuminée, contenant ses deux parents agités :

« Tu m'avais promis que ce n'était pas pour maintenant. Que nous avions encore du temps, répétait à nouveau sa mère.

-Certes, mais nous ne l'avons plus malheureusement, répondit la voix rauque de son père, semblant légèrement tressaillir.

-Je ne suis pas prête, reprit-elle.

-Et tu ne le seras jamais !

Elle se leva, et marcha vers lui.

-Je le serais. Laisse-moi simplement plus du temps, murmura sa femme. Je suis sa mère, j'ai besoin de l'avoir encore près de moi.

-As-tu conscience que dans quelques années, voire même quelques mois, elle ne voudra plus entendre parler de ses parents, la coupa-t-il ?


Il parut lui-même dégoûté par ses propos, affichant un léger rictus.

La femme pointa un doigt accusateur :


-A cause de toi, s'exclama-t-elle ! A cause de vous, de ce conseil, de lui. Elle n'a que 8 ans !

Visage de l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant