Lorsque Abzal pénétra dans l'étroite pièce, le temps sembla s'arrêter.
A ses pieds, du sang jonchait le parquet. Et en suivant l'origine du fluide, il vit Bianca, assise par terre devant lui.
Amarina se tenait à proximité, adossée contre un mur, sous le choc.
La jeune fille était encore prise de tremblements, roulée en boule au sol.
Abzal s'avança avec appréhension en direction de Bianca. Comme chaque fois que la greffe prenait le dessus, quatre fines lames, parfaitement aiguisées, s'échappaient de ses pieds et mains.
Le Seigneur savait en quoi consistait la greffe, et il l'avait déjà vue à de nombreuses reprises. Mais chaque fois, les crises effaçaient de longues années de préparation.
« Bianca, appela-t-il avec douceur ?
La jeune fille releva la tête, dévoilant ses joues creusées, et ses yeux ayant pris une teinte rougeâtre.
-J'ai...j'ai mal, articula-t-elle. »
Des gouttes de sueur ruisselaient sur son visage blafard.
A ce moment, plusieurs conseillers arrivèrent en trombe dans les vestiaires, leurs pas résonnant sur le parquet.
Beilorz fixa les autres mercenaires, suivant les indications de leur chef. Il acquiesça, s'avançant en direction d'Amarina, toujours sous le choc.
Abzal s'interposa.
« Qu'allez-vous faire d'elle, interrogea le Seigneur ?
-Elle l'a vue, s'exclama B avec fureur. Je suis navré, mais je ne peux pas la laisser partir. »
Abzal serra la mâchoire, regrettant que la jeune femme ne l'ait pas écouté un mois auparavant, lorsqu'il l'avait priée de quitter ce château.
Rapidement, B sortit de sa poche une seringue, et s'approcha de la femme. Abzal frémit, et détourna la tête pour ne pas voir l'aiguille s'enfoncer dans son bras. Le liquide noir coula dans ses veines, et la seconde suivante, la femme tomba sur le sol.
Le seigneur sentit son cœur s'arrêter, observant la poitrine de la femme se soulever pour la dernière fois, avant que la mort ne l'emplisse.
« Je suis désolé, murmura-t-il tandis que les mercenaires emportaient son corps sans vie hors de la pièce. »
Bianca ne ressentait plus rien, ne voyait plus rien.
Le néant se dessinait autour d'elle.
Du noir, rien qu'un noir, trop profond.
Un murmure résonnait des profondeurs de son esprit, légèrement marqué par des bruits de destruction. Comme si des milliers d'objets se brisaient dans un même son. En elle.
Soudain, une lueur blanche apparut, avant de prendre la forme d'une bulle verdâtre, brillante. D'elle, s'échappait un chant désagréable, et une voix inhumaine.
Abzal observait sa fille sur le sol, les yeux ouverts et fixes, marqués de rouge. Elle était immobile, comme sans vie.
L et V pénétrèrent en trombe dans la pièce, tenant, dans leurs bras, l'immense robe pourpre. Adehilmt se hâta vers eux, saisit la parure, et la déposa sur le corps amaigri de la fillette. Une odeur étrange s'échappa du tissu, et, dans les secondes suivantes, les lames se rétractèrent, et les quatre coupures s'effacèrent de sa peau.
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Visage de l'oubli
FantasyElle s'est réveillée, et a réalisé que tout, depuis le commencement, n'était que mensonges. Bianca imaginait les Royaumes du Continent comme des assassins, débutant une guerre sans fin. Elle pensait ses parents comme des ennemis, ceux qui l'avaient...