Chapitre 16

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                                                                                    (un an plus tard)


      Bianca retira sa chemise de nuit, autrefois blanche.

Sa chambre était d'une taille si ridicule qu'elle n'y tenait pas debout.

La jeune fille se pencha en avant, et sortit, de sous son lit, le peu de vêtements qu'elle possédait. Elle enfila un pantalon de toile ainsi qu'un chemisier beige, et des chaussures largement usées.

Puis, Bianca se rassit sur son lit, attendant que son précepteur lui ordonne de le rejoindre pour ses entraînements, comme chaque jour.


Elle soupira, tant elle était épuisée, affaiblie, et apeurée par ses entraînements du jour. Ils devenaient chaque fois plus difficiles, si bien que ses bras et jambes étaient recouverts de bleus, et qu'elle mourrait de faim.

Un peu plus d'un an auparavant, Bianca s'était réveillée dans un lit blanc, un homme inconnu assis devant elle.

Et ce jour fatidique, elle s'était aperçue avec horreur que sa mémoire était entièrement vide, comme un livre effacé.

Les médecins à son chevet lui avaient diagnostiqué une amnésie totale, et soudaine.

Elle ne savait rien de sa vie, ni d'où elle venait, ni ce qu'elle avait vécu, ni qui était sa famille...La seule chose dont elle était certaine était son prénom ; Bianca, et de sa date d'anniversaire, lui indiquant qu'elle avait 14 ans.


Lorsqu'elle fermait les yeux, hormis cette dernière année, elle ne percevait que l'infini néant.

Sa vie était emplie d'un flou total.

Et dans ce monde, Bianca n'était rien. Juste un être perdu, sans famille, sans amis, sans mémoire.

Bianca n'avait nulle part où aller.

Ce fut à ce moment que celui qui devint son précepteur lui offrit un marché ;

Il prendrait soin d'elle, la logerait, la nourrirait, l'habillerait, et l'empêcherait de mourir de pauvreté, si, en échange, elle travaillait pour lui.

C'était lui qui l'avait retrouvée inconsciente un matin, aux pieds du Château. Bianca n'avait aucun souvenir du monde extérieur, et aucun indice d'où elle venait. La Terre était si vaste...elle ne pouvait pas risquer de s'y perdre en cherchant désespérément sa famille.

Alors, Bianca avait accepté ce contrat.


Depuis, elle vivait dans cette minuscule chambre de la taille d'un placard, jonglant entre des matinées d'entraînements, et, chaque après-midi, le ménage des cuisines et de certains étages du château.

Son précepteur la nourrissait au strict minimum, afin de l'endurcir. Une fois qu'elle serait adulte, il lui avait promis de la relâcher. Ainsi, elle se devait d'être préparée à la dureté de ce monde qu'il décrivait comme « brûlant de trahisons. »


Ainsi, chaque journée était rythmée par le même rituel. Le matin, si Bianca n'avait pas volé dans les cuisines la veille, aucun petit-déjeuner ne l'attendait.

Après ses entraînements, son précepteur l'emmenait dans une salle close où elle pouvait déguster de la soupe et du pain, son premier repas de la journée.


La jeune fille était affreusement maigre. Ses omoplates semblaient prêtes à percer sa peau. Ses genoux saillants grinçaient à chaque mouvement, et ses doigts osseux ressemblaient à des pattes d'araignées.

Visage de l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant