Chapitre 9

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     Bianca faisait rouler les petit-pois dans son assiette, avant de les rattraper du bout de son couteau.

Magda se tenait à sa gauche, son repas déjà terminé, attendant que la fillette en fasse de même.

Celle-ci repoussa son assiette au centre de la table.


« Je n'ai plus faim, déclara-t-elle. »


La gouvernante acquiesça, sans oser la réprimander, et rejoignit le chariot leur permettant de desservir la table.


« Comment se passent tes cours, interrogea-t-elle à l'attention de la fillette pour briser le silence ?

Magda savait que sa réponse ne ferait qu'accroître la douleur qui grandissait depuis les derniers événements.

-Plutôt bien, répondit Bianca. Nous sommes en train d'étudier l'Histoire des Royaumes, et de leurs langues, comme le Tola. »


Magda laissa tomber une fourchette au sol qui atterrit sur le parquet dans un bruit sourd. Elle réprima un juron.

Bianca l'observait en silence.


Ces dernières semaines, sa gouvernante avait été plus que distante. Comme si un filtre s'était formé entre elles, sans que Bianca ne sache lequel.

Magda passait la majorité de son temps dans sa chambre, seule.

Elles ne partageaient plus leur complicité d'autrefois. Et cela attristait fortement la fillette, bien qu'elle n'osait le dire. Elle aimait sa gouvernante plus que tout...comme une mère.

Et Bianca désirait retrouver leurs journées partagées, comme avant. Mais désormais, elle n'était presque plus dans leurs appartements. Ses journées étaient rythmées par de nombreuses leçons avec divers précepteurs ; des cours de langue, de sciences, d'Histoire...et d'arts martiaux.

Son père était venu lui rendre visite quelques semaines auparavant. Malgré la surprise de le revoir pour la première fois depuis des mois, et la froideur qu'il dégageait à son égard, ils avaient longtemps discuté. Magda s'était tenue en retrait, soignant une blessure à la tempe qu'elle disait s'être faite en se cognant.

Après plusieurs heures, son père en avait conclu qu'il était temps que sa fille s'éduque correctement et cesse d'être enfermée dans des appartements sombres.

Il lui avait trouvé plusieurs précepteurs, qu'elle voyait désormais chaque jour pour ses leçons.

Et depuis, sa gouvernante restait seule des jours entiers, enfermée dans sa chambre où il était interdit à Bianca de se rendre.


« Tu ne m'écoutais pas, n'est-ce pas, se fâcha Magda ! »


La jeune fille revint à la réalité, se retournant vers sa gouvernante. Ses cheveux avaient été rassemblés en un chignon bas, et seule une mèche ondulée barrait le côté de son visage.

La jeune fille se confondit en excuses, rejoignant Magda au salon.


« Je te demandais à quelle heure se tient ta prochaine leçon, répéta la femme ?

Bianca se retourna en direction d'une horloge dorée accrochée au mur, dont la petite aiguille pointait sur le 2.

-Dans 10 minutes, indiqua-t-elle.

Visage de l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant