Elles emménagèrent dans leurs nouveaux appartements le jour même.
Ils étaient assez agréables, composés de plusieurs pièces ; d'abord la chambre de la fillette, à laquelle étaient annexés un bureau, un dressing, et une salle à manger.
Ensuite, la chambre de Magda, sa gouvernante. Elle était beaucoup plus petite, composée d'un lit aux couvertures de soie grises, d'une armoire de bois brune, et d'une petite fenêtre donnant sur les remparts du château. Elles partageaient un salon commun, reliant leurs deux chambres.
Cependant, leur résidence se trouvait bien éloignée de son ancienne chambre, et de celle de son père.
Désormais, tout lui semblait différent.
Pour se rendre à ses appartements, elle devait traverser de longs couloirs, et de nombreux escaliers.
Elles avaient emménagé dans une autre aile du château, et Bianca ne comprenait pas vraiment pourquoi son père souhaitait la garder si loin de lui.
Peut-être était-ce dû au deuil de sa mère...tout le monde lui répétait à quel point elle lui ressemblait.
Cette idée, cette similitude, pouvaient lui être insupportables.
Chaque fois, ce raisonnement serrait davantage la poitrine de la fillette. Ce n'était tout de même pas sa faute si elle avait succombé de maladie. Son père n'avait cessé de lui raconter à quel point elle était si faible ces dernières années. Si faible qu'elle ne recevait plus de visites, restait constamment couchée... Pour ces raisons, Bianca n'avait aucun souvenir de sa mère.
Il ne pouvait pas la repousser d'une façon si injuste.
«Je n'étais qu'une enfant », se répétait Bianca chaque nuit, lorsque ses angoisses la réveillaient en sursaut. Et chaque fois, elle se surprenait à chercher son père, à scruter son odeur, à désirer ses bras, qui pourtant ne s'étaient pas refermés sur elle depuis longtemps.
Et si sa mère était perdue dans le néant de la mort et de la destruction ? Et si elle ne trouvait jamais paix et repos ?
Jamais son père n'aurait pu répondre à ces questions, car jamais elle n'aurait osé les lui poser...
La fillette soupira, assise sur le rebord du canapé du salon.
Il était pourpre, en angle, faisant le tour de la pièce. Au centre, se trouvait une petite table de verre ronde.
Ses jambes battaient le vide dans un rythme saccadé.
La porte noire face à elle s'ouvrit, et Magda apparut dans la pièce. Ses cheveux blonds rassemblés en un chignon bas brillaient à la lueur de la bougie qu'elle tenait dans la main droite.
« Tu ne dors pas encore, Bianca, murmura-t-elle d'une voix douce. La nuit est tombée depuis plusieurs heures.
La fillette ne répondit pas, fixant le sol.
Magda s'approcha davantage, sans bruit, ses pas semblant flotter sur le parquet.
-Est-ce que tu souhaites me raconter ce qui ne va pas ?
Malgré sa voix douce et envoûtante, Bianca secoua la tête en signe de négation.
Magda laissa s'afficher un petit sourire crispé sur ses lèvres, avant de poser la bougie sur la table basse, et de s'asseoir à ses côtés.
-Tu m'en parleras quand tu seras prête, reprit-elle avec douceur. »
Sans bruit, elle sortit un petit livre de sa robe de chambre bleue, et commença à lire.
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Visage de l'oubli
ФентезіElle s'est réveillée, et a réalisé que tout, depuis le commencement, n'était que mensonges. Bianca imaginait les Royaumes du Continent comme des assassins, débutant une guerre sans fin. Elle pensait ses parents comme des ennemis, ceux qui l'avaient...