Chapitre 19

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                                                                       (Quelques années plus tard)

    La jeune fille tournait sur elle-même, sans émettre le moindre bruit.

La salle où elle se trouvait était entièrement blanche, hormis un rectangle noir recouvrant l'un des murs. Le miroir inversé par lequel ils l'observaient chaque jour.

Dans son reflet, Bianca aperçut son teint translucide, ses longs cheveux roux tressés, et ses yeux bleus presque blancs. Elle portait un haut noir, ainsi qu'un short brun. Ses pieds étaient dénudés, permettant à ses armes de sortir à sa guise.

La jeune fille fixait une pendule accrochée au plafond, observant sa petite aiguille bougeant, comme si elle fuyait la grande. Son chant mélodique la rassurait. Comme un rituel maintes fois répété, apaisant.

La nouveauté effraie toujours. L'habitude, jamais.

Sa vie ne reposait désormais plus que sur la force, l'énergie, le pouvoir, qui brillaient en elle, lui donnant le choix de mourir ou de vaincre. Ces propriétés uniques qui lui avaient fait cadeau de la soif du sang, et du bonheur de lame contre lame, chair contre chair.

Une sonnerie retentit.

Habituée à ce son, elle se mit en garde. Les poings serrés, les jambes fléchies, le menton relevé, elle glissa ses doigts sur la lame fine logée au creux de sa paume.

La jeune fille attendait avec impatience le prisonnier qui lui serait livré, pour un combat à mort. De jour en jour, elle devait combattre plus fort, plus puissant. Donner le coup fatal devenait un vrai délice. Elle passa sa langue sur ses lèvres rien qu'à l'idée du liquide pourpre, presque noir, coulant sur le sol.

Bianca fixait la porte, sans jamais détourner le regard. Son corps n'en pouvait plus d'attendre, et ses lames la chatouillaient d'impatience.

Finalement, un homme âgé entra dans la salle, marchant d'un pas nonchalant, sans aucune inquiétude.

D'abord surprise, Bianca desserra un instant les poings.

Tandis qu'elle essayait de comprendre la raison de ce combat si inégal, l'homme se rua sur elle, un long sabre à la lame recourbée, tranchante, à la main.

Bianca eut le temps d'éviter de justesse le coup, se décalant, d'un saut, sur la droite.

Sa jambe se souleva, et son pied entra lourdement en contact avec les côtes de l'homme, qui se courba de douleur.

Les lames de ses paumes continuèrent de s'étirer, jusqu'à atteindre une quinzaine de centimètres. La jeune fille déplia ses doigts afin de s'habituer à cette sensation restée désagréable avec le temps.

L'homme finit par faire tomber sa cape pourpre, dévoilant un crâne rasé, un visage âgé, et pourtant, une force et une agilité incroyables. Il semblait se battre sans le moindre effort.

Bianca gardait l'avantage. Non pas parce qu'elle était plus jeune, mais parce qu'elle ne tenait pas une arme à la main. Ses lames faisaient partie de son âme. Elles étaient une continuité de son corps, puissantes et destructrices. Elles ne pouvaient se briser, se tordre, ou tomber à terre. Personne ne pouvait la désarmer.

L'homme maîtrisait certes son arme avec facilité. Mais pas autant que Bianca.

Elle s'approcha de lui d'un pas sûr. L'homme ne recula pas, pointant son arme vers la jeune fille.

Seulement, il n'avait qu'un sabre, ne lui permettant pas de couvrir tous les fronts.

Bianca passa derrière, furtivement, et enroula sa jambe autour de la sienne afin de le faire chuter. Cependant, ayant plus de force, il retint son coup d'un regard malicieux, dépourvu de crainte.

Visage de l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant