Chapitre 11

32 6 6
                                    

                                                                                   (un an plus tard)


     Leur vie continua de s'écouler, d'abord sans le moindre incident.

Bianca progressait rapidement dans le maniement des armes. Sans pour autant effleurer les capacités d'Amarina.

Cependant, la fillette demeurait extraordinairement talentueuse.

Les lames des sabres provoquaient en elle une puissante ferveur, comme si les armes devenaient vivantes entre ses mains. Ensemble, elles n'étaient qu'une seule et unique existence. Ni une épée, ni un humain, mais une alliance parfaite, et une grâce majestueuse.

Bianca était tombée amoureuse de leur fer, brillant à la lumière, et de leur tranche, aiguisée à la perfection.

Leurs séances au Conseil étaient devenues régulières.

Malgré ses difficultés à rester concentrée trop longtemps, Bianca avait perçu qu'une menace planait au cœur de leurs discussions.

Inconsciemment la fillette était préparée à son destin.


                                                                                      ***

Bianca posa son menton sur ses poings, observant l'horloge accrochée au mur.

Le professeur Eloi effaçait du tableau la carte du Continent. Sur son cahier, l'élève venait de dessiner les blasons des quatre royaumes aux places où ils se trouvaient ; un loup au Nord, un serpent à l'Ouest, un aigle au Sud et un ours à l'Est.

Désormais, la fillette était presque assoupie sur sa table, et Eloi l'observa de son regard sévère.

« Bianca, appela-t-elle. »

La jeune fille releva la tête, et la professeure eut un mouvement de recul.

Non, la fillette ne s'était pas endormie. Mais elle pleurait. Sans bruit, de délicates gouttes salées roulaient sur ses joues, avant d'emplir les pages du petit cahier.

Eloi se pinça les lèvres.

« Bon, de toute façon la leçon est terminée pour aujourd'hui, soupira la professeure en jetant un coup d'œil en direction de l'horloge. »

Bianca laissa échapper un demi-sourire, avant de quitter la pièce dans un rapide salut.


Elle traversa, comme à son habitude, les couloirs sombres, emplis de gardes postés à intervalles réguliers.


La fillette rejoignit ses appartements, afin d'y déjeuner.

Lorsqu'elle ouvrit la porte, Magda se tenait à l'entrée, ses cheveux bouclés lâchés, brillant d'un blond doré. Sa robe beige avait été assortie aux nombreuses guirlandes qui décoraient la pièce. Des bougies colorées trônaient sur la table contenant la plus belle vaisselle.

Bianca exécuta une grimace, et soupira. Elle aurait préféré que sa gouvernante oublie ce jour, mais comme chaque année, elle prenait soin de s'en souvenir.


Lorsque la fillette apparut dans le salon, Magda se précipita vers elle.

« Joyeux anniversaire, s'exclama-t-elle, cherchant à la prendre dans ses bras ! »

Bianca se laissa embrasser à contre-coeur, réprimant l'angoisse que cette proximité provoquait en elle. Ses mains et pieds la démangeaient.

Magda sentit cette froideur, et mit fin à son étreinte, désignant du regard la salle à manger. Toutes deux s'installèrent en silence, le cœur lourd.

Visage de l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant