Elle marchait dans un couloir glacial, où les pas de quels qu'un résonnaient par milliers .
La fillette regardait brièvement de gauche à droite, retenue aux épaules par la main chaude de son père.
Les respirations saccadées des hommes à la capuche pourpre accéléraient les battements de son cœur. Bianca serrait fortement sa chemise de nuit bleue pastel, pensant à sa mère, enfermée dans leur suite, déboussolée .
Les choses étaient allées si vite. Bianca parvenait à peine à réaliser.
Elle ne pouvait encore se rendre compte de la gravité de cette nuit, qui allait changer son destin, à jamais .
On l'emmena, après quelques minutes de marche, dans une pièce sombre.
Des femmes, ridées, au teint blanchâtre, et vêtues de robes rouges, semblaient l'y attendre. Ses chaperons la laissèrent dans la pièce, refermant soigneusement la porte elle.
La fillette déglutie, n'ayant pas le courage de résister quand les servantes s'avancèrent.
Sans bruit, elles la déshabillèrent, lui enfilèrent une longue robe noire de soie, des ballerines transparentes, et coupèrent ses longs cheveux roux et bouclés.
Bianca retint ses larmes devant les magnifiques mèches étalées sur le sol noir et froid. Les cheveux dont sa mère avait pris soin depuis son berceau. Cette sublime chevelure qu'elle passait des heures à brosser, chantonnant de douces berceuses. La crinière qui faisait la beauté de Bianca.
La fillette enfonça ses ongles dans les paumes de mains, résistant au besoin d'appeler sa mère.
Une des servantes coiffa avec hâte son nouveau carré, dans lequel elle passa un ruban pourpre, retenant ses cheveux en arrière. Bianca lui fit alors face, afin que la femme arrange les derniers épis rebelles. Elle perçut, dans ses rides et ses cernes, la désolation, et l'effroi.
Soudain, la porte s'ouvrit brutalement, et un des hommes en pourpre entra. On ne pouvait apercevoir son visage, dissimulé sous une large capuche ornée d'or.
Bianca était apeurée par leurs parures. Ils étaient tous identiques, tels des clones :
« Avez-vous bientôt fini, râla-t-il à l'attention des servantes ? »
Les femmes s'observèrent un instant, apeurées.
-Elle sera bientôt prête, osa la plus âgée.
L'être secoua la tête.
-Nous ne pouvons attendre davantage, clama-t-il. Elle doit nous suivre. »
La servante hocha mollement la tête, passant sa main flétrie sur la joue de Bianca, afin d'effacer la petite larme salée qui y coulait. Elle lui sourit tendrement, avant de se redresser, et laisser la fillette à ses bourreaux.
Métamorphosée, Bianca rejoint à nouveau le cortège macabre, la conduisant, d'un pas rapide, dans les profondeurs du château.
Finalement, ils s'arrêtèrent au centre d'un couloir étroit, et pénétrèrent dans une pièce emplie des mêmes clones encapuchonnés, sans visages, assis dans un silence glacial.
Bianca fut emmenée au centre du cercle formé par les êtres, où ses yeux s'embuèrent de larmes. Son père se tenait derrière elle, serein, sa main toujours recroquevillée sur son épaule.
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Visage de l'oubli
FantasyElle s'est réveillée, et a réalisé que tout, depuis le commencement, n'était que mensonges. Bianca imaginait les Royaumes du Continent comme des assassins, débutant une guerre sans fin. Elle pensait ses parents comme des ennemis, ceux qui l'avaient...