11- Plongés dans les souvenirs

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- Je n'ai pas peur de toi.

- Oh, mais tu devrais.

Loki est toujours assis en face de moi, et je me demande ce qu'il pense pouvoir me faire exactement. Je suis difficilement déstabilisée, et s'il connait Ronan et mon père il devrait s'en douter. Pourtant, il affiche toujours cette mine réjouie sur son visage comme s'il était persuadé de pouvoir me faire flancher.

 Pourtant, il affiche toujours cette mine réjouie sur son visage comme s'il était persuadé de pouvoir me faire flancher

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- Je ne sais pas ce que tu penses réussir à faire, lui dis-je finalement, mais tu vas échouer.

- C'est ce que tu souhaiterais, me répond-il en souriant de plus belle. Mais je te garantis que ça va fonctionner.

- Mais bien sûr, lui dis-je en croisant les bras autant que possible avec mes menottes. Si tu crois que...

Je suis arrêtée au milieu de ma phrase. Loki se jette sur moi avec force et vivacité et pose les mains sur ma tête. L'instant suivant, je ne suis plus là.

Je suis loin, très loin d'ici.

Je suis assise sur un rocher au bord d'une plage, sous le soleil couchant

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Je suis assise sur un rocher au bord d'une plage, sous le soleil couchant. À voir la taille de mes petites mains je ne dois avoir que quelques années : je suis jeune, une enfant pure et innocente. À côté de moi, mon père est assis également et m'entraîne à faire des ricochets avec de petits coquillages qui se trouvent là. Il sourit, il a l'air paisible. Et je sais pourquoi, car je me rappelle très bien cette journée. C'est celle où il a décidé de se lancer dans une incroyable quête. Une quête qui durera ensuite des décennies, et qui causera de nombreux changements à travers l'Univers.

- Regarde ma chérie, me dit-il en montrant l'horizon, tout cela sera calme à l'avenir. Les petits poissons dans l'eau ne mourront plus outre mesure, quand les êtres humains seront deux fois moins nombreux qu'aujourd'hui. La pèche, la chasse, tout cela n'aura plus d'intérêt. Les ressources créées par l'Homme lui suffiront à subsister. Ce sera magique, tu ne penses pas ?

- Oui papa.

À cela, Thanos me sourit davantage et caresse doucement mes cheveux de petite fille. Puis, il regarde l'horizon à nouveau.

- Nous y arriverons, Thania. Un jour, nous rendrons ce monde meilleur et tous nous en seront reconnaissants.

***

- Comme c'est mignon, ironise Loki lorsque je rouvre mes yeux. Une petite fifille à son papa...

Je ne réponds pas, encore un peu sonnée. Bien sûr je n'en montre rien, mais ce que je viens de voir fait encore écho en moi. Revoir mon père, même en souvenir, m'a ébranlée. Il avait l'air si réel... Et je n'ai pas revu Thanos depuis des années. Je ne lui aurais, ainsi, jamais dit au revoir. Notre dernier souvenir ensemble me donne l'impression de remonter à des siècles.

Je n'ai pas le temps de m'en préoccuper ni de me reposer sur ce souvenir, car après même pas deux secondes de répit Loki repose ses mains sur ma tête et je suis à nouveau transportée dans mon subconscient.

- Papa, non

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- Papa, non... Je ne veux pas y aller... Je ne veux pas te quitter.

- Tu n'as pas le choix. Maintenant, dépêche-toi Thania. Je ne t'ai pas élevée en froussarde.

Thanos me tire par le bras, et je le suis seulement parce que je sais que je n'ai pas la force de lui tenir tête. Autour de moi tout est sombre, tout semble... mort. Il n'y a rien d'autre ici que de la désolation, du malheur. Mais je sais que malgré cela, mon père ne s'arrêtera pas. Et même si je suis triste de le quitter, j'ai conscience du fait que rien ne pourra le faire changer d'avis. Cet endroit... va devenir ma maison.

Après quelques instants, nous arrivons devant un trône froid, dur, et sombre sur lequel un être inconnu alors est assis. Mon père me lâche le bras et me fait tomber à genoux devant cet être suintant le mal à vue d'oeil.

- Ronan, reprend mon père, voici ton présent. Je me tiens humblement devant toi, et devant ce cadeau je demande ton aide.

- Où est Nébula ? demande Ronan.

- Elle n'est pas là. Pour le moment, tu n'aurais que Thania.

- TU M'AVAIS DIT DEUX FILLES, THANOS ! OÙ EST LA DEUXIÈME ?!

Le cri de Ronan me transperce et je couvre mes oreilles avec mes mains : grave erreur. Ronan se redresse de son siège pour avancer jusqu'à moi et de son poignard fétiche, entaille ma paume pour que je change de posture. Ensuite, il ramène le poignard sous mon menton et me force à le regarder. Je n'ai même pas huit ans.

Ronan m'examine avec attention, alors que la seule chose que je désire à cet instant est de regarder mon père. J'en suis incapable, il se tient bien droit derrière moi et je n'ai aucun moyen de croiser son regard. Finalement après un moment, Ronan lâche mon menton et regarde mon père en hochant la tête.

- Très bien. Ça ira, dit-il. J'accepte ton présent. Mais amène moi quand même l'autre, pour que je l'entraîne.

Il se tourne une nouvelle fois vers moi, esquisse un sourire pervers et la petite fille que je suis alors frissonne. Puis, il regarde une dernière fois Thanos.

- Celle-là va devenir incroyable. Grâce à elle, plus rien ne me sera impossible.

***

Quand je refais surface dans ma cellule, assise sur ma chaise et les mains enchaînées, je n'ai pas besoin de retenir mes émotions. Ces souvenirs-là ne provoquent rien en moi : ni peur, ni dégoût, ni tristesse. Car c'est à partir de cet instant que tout a changé pour moi. Que j'ai commencé à devenir celle que je suis aujourd'hui.

Loki, quant à lui, me regarde d'un air curieux. C'est comme si nous n'avions pas vu la même chose tous les deux, à cet instant. Et finalement après un silence, il finit par pencher la tête et poser sa question.

- Je ne comprends pas, me dit-il. Comment peux-tu rester fidèle à un homme tel que lui, comment peux-tu vouloir défendre un homme qui t'a jetée en pâture pour son propre intérêt ?

- Mais c'est justement là, Loki, que tu te trompes.

Quand je prononce son nom, Loki fronce les sourcils et ses lèvres se pincent. Mais il ne relève pas. Alors, puisque son air est toujours curieux, je m'adosse à ma chaise avec nonchalance avant d'esquisser un sourire, le premier depuis longtemps.

- Rien de ce que faisait mon père n'était égoïste, jamais. Il n'a jamais défendu son propre intérêt, mais celui de l'univers. Peut-être que si tes idiots d'amis et toi pouviez le comprendre, vous verriez les choses différemment.


L'enfant du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant