Tu es pathétique.
Sérieusement Thania, regarde-toi. Et pourtant je n'arrive même pas à avoir pitié... Je prends soin de toi comme de ma propre fille depuis des années. Pourtant, rien ne change. Tu continues d'être ingrate. Tu es une menteuse, et une voleuse.
Thanos ne viendra jamais, jamais te chercher. Tu n'es pas à la hauteur du Seigneur Noir, et tu n'es pas non plus à ma hauteur. Tu ne finiras nulle-part, rien de bon ne t'arrivera jamais. Tu es vouée à me servir, nullement et faiblement, pour l'éternité. Et tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Tu es mauvaise, Thania. Et tu ne sais même pas te servir de ce côté sombre de toi. Alors... oui, tu es pathétique. Et tu m'es complètement inutile.
Je me réveille en sursaut, dans un cri loin d'être discret. Redressée dans mon lit, en sueurs, je regarde par la fenêtre pour me recentrer sur la réalité. Je ne suis pas devant Ronan. Je ne suis plus une enfant apeurée, et tout ça fait partie de mon passé. Allez Thania, c'est bon. C'est bon.
- Tout va bien ?
Une fois de plus, je sursaute.
- M*RDE ! Tu peux pas toquer ? Et qu'est-ce que tu fais là ?
Dans l'entrebâillement de la porte de ma chambre, Loki se tient bien droit et est en train de refermer la porte derrière lui. Je regarde l'horloge contre le mur devant moi : il est près de quatre heures du matin.
- Je raccompagnais mon frère chez nous, me répond-il, il est complètement saoul. Et je t'ai entendue crier, alors...
- C'est bon, pars. J'ai juste... c'est bon.
Pourtant, Loki ne part pas. Même si je le repousse, il vient s'allonger sur le lit juste à côté de moi et regarde le plafond. Toujours assise, adossée au mur derrière le lit, je le regarde en grimaçant.
- Si tu t'installes pour me ressortir une de tes phrases de séduction à la noix, tu peux tout de suite t'en aller.
- Je ne vais pas te draguer, me répond-il en grognant. Je ne vais pas me rabaisser à te charmer dans tes moments de faiblesse. Qui plus est, je n'ai pas besoin de profiter de ces moments pour réussir mon coup. Alors même si je ne pensais pas avoir à te dire ça un jour : tais-toi, maintenant.
Bon, d'accord. Si on veut que je me taise, il n'y a pas à le dire deux fois : c'est ce que je préfère faire. Je reste cependant assise quelques instants à regarder Loki, couché à côté de moi, me demandant une énième fois comment je peux me retrouver dans cette situation. Non mais, sérieusement.
Finalement quand je comprends qu'il ne partira pas, je laisse échapper un gros soupir avant de me rallonger à côté de lui.
Nous restons là, allongés, silencieux, durant un bon moment. Même si nous ne disons rien, j'ai toujours en tête les mots horribles de Ronan, ceux qui résonnent en moi depuis des années. Je crois que plus le temps passe et mieux je comprends ce que ce cauchemar veut vraiment dire pour moi. Ce jour-là a une une incidence sur le reste de ma vie. Bien plus d'incidence que je l'ai cru au début.
- La dague en acier de Ronan avait disparu.
En voyant que je commence à parler, Loki penche légèrement l'oreille comme pour mieux m'entendre. Il continue cependant de regarder le plafond, devant savoir que je ne supporterais pas de croiser ses yeux.
- Il était persuadé qu'on lui avait volée, et plus précisément que JE l'avais volée. Ce n'était pas le cas. À cette époque, j'utilisais Lalory pour me battre.
- Lalory ? demande Loki.
- Mon premier poignard. Mais peu importe.
Je secoue un peu la tête, regarde à nouveau le plafond.
- Ronan pensait toujours que c'était moi, la méchante de la fratrie. Même quand je n'avais aucune raison de faire quelque chose de mal, il était persuadé que j'en étais la cause. Tout le temps. Et ce jour-là, quand il a cru que j'avais volé sa dague, il n'a vraiment pas apprécié. C'est à ce moment précis que j'ai compris ce qu'était vraiment ma vie, et ce qu'elle serait toujours.
J'ai terminé, et le silence s'abat à nouveau. Loki fronce légèrement les sourcils mais il ne dit rien ; c'est comme s'il réfléchissait. Finalement au bout d'un moment, il laisse échapper un petit soupir avant de hausser les épaules.
- "Toujours une déception".
- Pardon ?
- C'est de cette phrase là que moi, je rêve la nuit. Une phrase de mon père.
Ici, pour la première fois, Loki se tourne vers moi pour me regarder. Je sais ce que je lis dans ses yeux : il peut certainement lire la même chose dans les miens. Eh oui, il a raison depuis le début : lui et moi nous ressemblons sur de nombreux points.
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L'enfant du Mal
FanfictionElle a une famille... compliquée et déchirée. Elle n'a pas d'amis. Son père, qui l'a abandonnée il y a des années, est l'un des plus grands Méchants que l'univers ait jamais connu ; et ayant été élevée par Ronan l'Accusateur dans son enfance, la vio...