les envies ne peuvent se refréner

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Dans ce chapitre, les dialogues en russe seront en gras.

***

Héloïse gémit lorsque les lèvres d'Asterin se plaquèrent contre les siennes et que ses mains passèrent en-dessous de son chemisier.

La professeure ne devait à l'origine passer chez Asterin que pour rendre à sa mère un livre qu'elle lui avait prêté, mais celle-ci était en garde à l'hôpital et la lycéenne lui avait proposé de rester boire un verre. Qui s'était transformé en deux, et trois. Puis en désir qu'aucune d'entre elles ne cherchait plus à réfréner. Elles se tournaient autour depuis deux mois maintenant. Deux longs mois où la professeure n'en pouvait plus de résister aux piques plus ou moins subtiles de son élève.
Il était tard, et la nuit tombant de plus en plus tôt avait envahie la ville. La pièce où Asterin avait entraîné Héloïse, qui n'était autre que sa chambre, n'était éclairée que de la lumière des lampadaires et panneaux publicitaires de la ville. La professeure n'avait pour l'instant vu cette pièce qu'une seule fois, lorsqu'Amélie Enger lui avait fait un tour du propriétaire, mais les détails ne captivaient plus autant Mme Sorin que lors de sa première visite.

Elle quitta ses talons d'un geste habile et habitué du pied sans quitter le baiser passionné que lui offrait Asterin mais se cogna contre le lit. Elle y tomba, son élève entraînée elle aussi dans sa chute, et roula pour reprendre le dessus. Ce faisant, un dernier éclair de lucidité la stoppa dans ses mouvements.

- Asterin... souffla-t-elle à quelques millimètres de ses lèvres. On ne doit pas.

Son élève ne répondit pas mais essaya de lui voler un nouveau baiser, qu'elle évita à contrecœur en tournant la tête.

- Vous en avez autant envie que moi, dites pas n'importe quoi. lui reprocha à mi-voix Asterin.

Héloïse essaya de se redresser mais les mains de la châtaine, dans son dos, l'en empêchèrent.

- Asterin...

L'intéressée ne répondit pas mais glissa une de ses mains de nouveau en dessous de son haut, complètement sorti de sa ceinture, et remonta d'une douce caresse jusqu'à son soutien-gorge de dentelle, où elle effleura ses seins à travers le tissu.
C'en fût trop pour la professeure, qui laissa échapper un gémissement, détendant tous ses muscles d'un coup et permettant à Asterin de renverser le rapport de forces en la plaquant au matelas et s'allongeant au-dessus d'elle.

- Je ne ferais rien sans votre consentement. chuchota la lycéenne. Alors maintenant dites-moi : va-t-on enfin faire l'amour ou allez-vous repartir chez vous tout de suite, dans cet état?
- Je crois... répondit en haletant Héloïse. Je crois qu'on va faire l'amour.

Elle ferma ensuite les yeux pour se laisser transporter, cédant enfin face à Asterin, mais les rouvrit dans un sursaut où elle se redressa d'un coup.

Elle tourna la tête autour d'elle dans tous les sens, mais plus d'Asterin nulle part. Plus non plus de chambre de lycéenne.
Héloïse repoussa le drap et se leva d'un bond, commençant à faire les cent pas au pied de son lit conjugal, les mains dans les cheveux en essayant de calmer sa respiration bien trop emballée par un rêve qui n'avait pas lieu d'exister.

Dans le lit, une silhouette remua et se redressa lentement en grognant.

- Mais qu'est-ce que tu fous, Héloïse? Il est quatre heures du mat'!

La professeure se tourna vers son mari, Stanislav, en arrêtant brusquement son mouvement.
Mon pauvre, si tu savais combien j'ai eu de relations extra-conjuguales...

Mue d'une soudaine pulsion, elle retourna sur le lit et, à quatre pattes, se dirigea jusqu'à Stanislav où elle s'empara avec fougue de ses lèvres. Surpris, celui-ci posa deux mains sur le torse de sa femme pour la retenir un peu.

- , Héloïse!
- La ferme et fais-moi l'amour.
- Quoi? Écoute, je...
- Baise-moi, putain! le coupa-t-elle en l'embrassant de nouveau.

Stanislav se laissa aller au jeu de ce baiser, maintenant complètement éveillé, et se retourna pour que sa femme soit contre le matelas et lui au-dessus.

- Brutalement. ajouta Héloïse dans un souffle.

Son mari ne se fit pas prier et, rapidement, il commença en elle un rapide et profond mouvement de va-et-vient après l'avoir dénudée.
Mais cela ne suffisait pas à Héloïse. Elle était comme indifférente à l'homme qui lui faisait l'amour et fixait le plafond, se demandant encore et encore à quel moment elle avait cessé de le désirer.
Aussi, lorsqu'il arriva à l'orgasme, elle en simula un en même temps.

Son mari se retira et se laissa tomber, essoufflé, contre le matelas à son côté. À peine quelques minutes plus tard, son souffle à nouveau régulier indiqua à Héloïse qu'il s'était rendormi.
La professeure soupira et se releva, ramassa sa nuisette dans un coin et ses sous-vêtements dans un autre pour les remettre, puis elle s'assit sur le bord du lit du côté de Stanislav.

Elle poussa à nouveau un soupir en caressant tendrement sa joue piquante d'une barbe de deux jours. L'amour envolé n'empêchait pas une profonde affection et un attachement presque toujours aussi fort qu'au début de leur mariage.
Héloïse recouvrit son corps nu du drap qui s'était en allé durant leurs ébats puis se releva et alla chercher une cigarette dans sa table de nuit. Elle la fuma à la fenêtre qu'elle ouvrit, puisqu'ils ne fermaient jamais les stores et que ce mois de novembre était particulièrement doux pour la saison.
La ville endormie s'étendait à ses pieds, mais une coupure de courant dans le quartier laissait les immeubles gris du haut de la tour où Héloïse logeait, dépouillant les rues des néons publicitaires et de leur éclat de nuit qu'appréciait tant la professeure.

Deux mois étaient déjà passés depuis la rentrée. Deux mois. Deux mois où elle était entrée dans un jeu dangereux avec Asterin, même si elles ne s'étaient toujours pas embrassées malgré les allusions, les baisers aux commissures des lèvres, les mains égarées sur les cuisses et les regards qui en disaient long, en cours comme dans les labos en fin de journée.
Deux mois où elle avait enchaîné les soirées en boîte tout comme les partenaires sexuels, mais sans réussir à se débarrasser de l'éclat rieur et joueur d'une certaine paire d'yeux gris, ni à retrouver la même douceur dans les caresses de quiconque. Et encore moins à l'oublier.

C'était la première fois qu'elle ressentait quelque chose d'aussi fort pour un de ses élèves. Certes, il faut bien se le dire, elle en avait déjà trouvé certaines et certains séduisants, et sa première année de professeure s'était même soldée, le dernier jour, par un baiser volé avec un de ses élèves qu'elle n'avait jamais revu par la suite. Mais à aucun moment elle n'avait toléré dans la bouche d'un autre les piques que lui lançait Asterin. Et encore moins les jeux de séduction. Elle savait pertinemment que si quoi que ce soit était découvert elle risquait son poste et son diplôme, et elle n'avait pas déjà précédemment pris le risque de s'ouvrir et s'exposer autant.

Asterin était définitivement devenue une personne spéciale dans sa vie.
Et même un peu trop spéciale.

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