retrouver un peu l'espoir

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Aliona n’avait pas réussi à tenir la soirée entière à la table de sa salle à manger. Au moment de servir le dessert, elle avait feint d’aller aider en cuisine mais était parti se réfugier sous ses draps.
Autour de la table, personne n’avait relevé son absence mais les regards entendus et questions posées à demi-mot avaient été assez claires. Même si Amélie était la seule à connaître le fin mot du pourquoi et du comment, Leane, ses parents et Asterin avaient également perçu le côté grave de la chose.

Aussi, le repas terminé, vers une heure du matin, Leane et ses parents repartirent après des embrassades sans faire aucune remarque sur l’absence de leur hôte. Le couple Ered s’était bien entendu avec elle, et bien que leurs relations n’avaient pas été amicales, elles n’étaient pas non plus tendues. Juste ce qu’il faut de cordial.

Après leur départ, Asterin et sa mère rangèrent en silence. Elles prirent un bon quart d'heure à mettre au frigo les restes, ranger dans le lave-vaisselle ce qui pouvait y être et laver à la main le reste. Une fois cela fini, Amélie regarda l’heure et jura. Elle avait une garde qui commençait dans quinze minutes et l’hôpital était à vingt minutes de route.

- Bon, j’y vais ma puce, prends soin de ta prof et squatte le canapé! J’avais pas prévu que ça finisse aussi tard et je comptais te ramener à la maison avant le travail, désolée.
- Pas grave maman, t’inquiètes pas pour moi.

Sa mère l’embrassa sur le front puis partit vite de l’appartement, laissant Asterin dans le silence.
Après quelques instants immobile, cette dernière décida d’aller vérifier si tout allait bien du côté de sa professeure et tomba derrière la porte sur une silhouette immobile sous une grosse couette qui montait et s’abaissait régulièrement.
Asterin ne put s’empêcher de cogiter et d’essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Leane lui avait rapidement expliqué les grandes lignes, mais ne savait elle-même pas ce qu’il était arrivé.
Alors qu’elle allait partir en refermant derrière elle, elle remarqua les volets ouverts et se dit, à raison, que cela risquait de gêner Héloïse le lendemain matin. Se faisant la plus discrète possible, la lycéenne traversa la pièce à pas de loup et ouvrit tout doucement la fenêtre, grimaçant à chaque grincement imprévu et involontaire. Elle eut un temps de réflexion devant les volets, cherchant la meilleure solution pour les fermer silencieusement.

- L’idéal pour ne pas faire de bruit, c’est de les déplier en tirant le plus vers toi. murmura une voix.

Asterin fit un bond et se retourna vers sa professeure, dont elle distinguait vaguement les traits avec la lumière provenant de la ville en contre-bas. Elle ne souriait pas, mais ne semblait pas non plus sur le point d’exploser comme une cocotte-minute.
Sans répondre, la châtaine fit comme sa professeure le lui conseillait et ferma les volets en s’étonnant elle-même du peu de bruit que la technique engendrait. Elle referma ensuite la fenêtre et chuchota en traversant la pièce vers la sortie :

- Je vais devoir dormir sur votre canapé, mais ne vous inquiétez pas, je sais comment le déplier.

Arrivée à la porte, elle allait la refermer derrière elle mais se fit retenir par un mot.

- Asterin.

La concernée se tourna vers sa professeure. La pièce était plongée dans l’obscurité tout comme le reste de l’appartement, aussi elle n’entendit qu’un froissement de drap avant qu’une lumière assez faible ne lui révèle sa professeure qui s’était tournée vers elle. Elle avait dû allumer cette lumière depuis sa table de nuit, puisqu’elle provenait de derrière les oreillers, comme si une bande de lumière était placée là, contre le mur, juste au-dessus du matelas. Ce qui était sûrement le cas.

- Asterin, regarde-moi.

La lycéenne posait son regard partout sauf sur sa professeure, remarquant des détails qu’elle enregistrait malgré elle dans sa mémoire.

Where did we get there?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant