la sincérité fait bien les choses

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- C'est vraiment la dèche, en fait!

Un peu vexée par la remarque d'une certaine châtaine, Aliona se renfrogna derrière ses bras croisés contre le mur sur lequel elle était appuyée. Certes, c'était la dèche, comme l'avait si bien dit Asterin. Mais il y avait d'autres moyens de le dire.
Les deux femmes étaient dans la cuisine de l'enseignante, la plus jeune étant passée sans prévenir l'autre pour lui faire à manger, la veille au soir. Et Aliona devait bien avouer que si ça n'avait pas été le cas, elle n'aurait sans doute même pas avalé une miette de pain. Cependant, la réaction d'Asterin à la vue de ses placards vides la vexait légèrement, sachant qu'elle avait déjà eu la même la veille au soir.
Une semaine s'était passée depuis qu'Aliona avait annoncé sa grossesse à sa classe. Une semaine que Leane était revenue en cours pour l'ignorer superbement. Une semaine qu'Asterin l'avait aidée à ne plus toucher à une cigarette ou une bouteille d'alcool, tout en veillant dans le même temps sur Leane.

- La ferme. marmonna la russe.

Un peu amusée, la lycéenne se tourna vers sa professeure en haussant un sourcil, un sourire au coin des lèvres.

- Tu as un problème avec la vérité, peut-être?

Aliona lui lança un regard noir. Elle n'aimait pas quand ce n'était pas elle qui avait le contrôle sur la conversation. Asterin le savait très bien. Et elle en jouait. Et ce, depuis que les deux se connaissaient. L'exemple le plus flagrant aurait pû être la nuit qu'elles venaient de passer. Asterin avait commencé par prendre le contrôle. Et chaque fois qu'Aliona essayait de l'avoir à son tour, une remarque bien placée la figeait de honte et elle ne pouvait faire autrement que laisser la lycéenne la dominer à nouveau.
La professeure grogna en réponse, les yeux obstinément fixés sur le vase posé sur la table de la cuisine. Dedans commençait à faner une rose rouge, qui était apparue du jour au lendemain ici. L'enseignante était cependant persuadée que ça n'était pas Asterin, puisque la châtaine lui avait fait la gueule deux jours après l'avoir vue. Elle l'avait toutefois laissée, un peu inquiète. Quelqu'un s'était quand même introduit chez elle pour la déposer. À moins que ça ne soit Stanislav. Mais aux dernières nouvelles, qui dataient de la veille, il était en Russie.

- Tu ne m'as pas répondu.

Le chuchotement joueur de la châtaine à son oreille, qui s'était approchée sans un bruit, la fit sursauter. Deux mains se posèrent à la suite sur ses hanches, et les lèvres de l'adolescente commencèrent à embrasser dans le cou de la brune une peau déjà bien marquée, mais tendrement. Si tendrement qu'Aliona eut envie d'en pleurer, mais se contenta de passer ses mains dans les cheveux de la lycéenne pour l'encourager à continuer. Lorsque le tendre baiser prit fin, Asterin nicha son nez dans le creux du cou de son interlocutrice et inspira son parfum à pleins poumons. L'enseignante sentait bon la cerise.
Elles restèrent là toutes deux de longues minutes, dans un silence paisible.
Ce fût Aliona qui le brisa la première.

- Je t'aime.

Les entrailles d'Asterin se serrèrent de joie. Si ça n'était pas la première fois qu'Aliona prononçait les trois mots interdits, ils n'avaient jamais sonné aussi sincères qu'en ce moment.

- Je t'aime, je t'aime, je t'aime. enchaîna l'adulte.

Asterin sourit tout en essayant de s'enfoncer encore plus dans ce cou parfumé. La main de la professeure dans ses cheveux commença à lui faire des papouilles.
Après un silence paisible, Asterin reprit :

- C'est bien joli, ça, mais ça ne règle pas le problème de savoir ce qu'on mange.

Aliona rit d'un rire léger avant de dire d'un ton bien plus lourd de sens que l'était ce rire :

Where did we get there?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant