l'ivresse et Mme Sorin [pt. 2]

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Un cliquetis familier sortit Asterin de ses réflexions sur les baisers échangés et elle tourna aussitôt la tête vers Mme Sorin. Qui venait de s’allumer une cigarette.

Asterin ouvrit de grands yeux et stoppa net après avoir très rapidement vérifié qu'elle ne causerait pas d’accident. Mais la rue où elle se situait était déserte et visiblement peu passante.

- Posez ça tout de suite!

L'arrêt brusque fit sursauter Héloïse qui marmonna :

- J’suis majeure et vaccinée. J’fais c’que j’veux.
- Et puis comment vous vous l’êtes allumée? J’ai gardé votre briquet!
- Vraiment? questionna la professeure avec malice.

Asterin tapota la poche où elle l’avait rangé et dût se rendre à l’évidence.

- Ce n’est pas parce que vous êtes sacrément douée dans le rôle d’un pickpocket que vous devez enchaîner les cigarettes dans la journée.
- C’pas une cigarette. murmura Héloïse.

Interloquée, la conductrice ouvrit de grands yeux et aspira à pleins poumons.
Ce n’était effectivement pas l’odeur d'une cigarette. Et Mme Sorin venait de reprendre une pleine bouffée, qui s’évacua en grande partie par la fenêtre ouverte.

- Donnez-moi ça tout de suite. d’un ton qui s’efforçait à rester calme.
- T’en veux une taffe? ricana Héloïse.
- TOUT DE SUITE!
- EH! Petit un : MA voiture, MES règles! Petit deux : tu m’parles autrement, j’suis encore ta professeure, merci! Petit trois : j’fume c’que je veux, et petit quatre : une voiture arrive derrière alors démarre!

À contrecœur, Asterin s’exécuta et continua l’itinéraire indiqué par le GPS.
L’ambiance était maintenant électrique entre les deux passagères, mais cela se voyait davantage du côté de l’adulte, puisqu’elle tirait sur son joint bien plus vite que d’habitude.

- Ta mère est au courant que tu rent’ pas? finit par lâcher Mme Sorin dans le silence de plomb.
- J’étais censée dormir chez Leane ce soir, alors oui. d’un ton froid.
- Et ton vélo?
- Il est pêté et à la réparation. Je suis venue en transport ce matin.

Héloïse acquiesça et finit par dire, une fois son joint fini, écrasé et rangé dans un cendrier portatif :

- Écoute, désolée de t’avoir hurlé d’ssus. J’aurais dû le dire d’un aut’ ton, mais je pensais chaque point.
- Et désolée de ma réaction disproportionnée. Mais vous êtes en train de couler en vous bousillant la santé, en pleine connaissance de cause, et je sais très bien que le fait que je ne vous ai pas adressé la parole pendant deux semaines n’y tient pas une grande importance.

La professeure soupira.

- Bien vu, jeune fille.

Cela fit lever les yeux au ciel à Asterin.

- Vous êtes vraiment complètement dingue.
- Dingue de toi.

La disquette arracha un grand sourire à l’intéressée.

- On parlera de tout ça plus tard. Pour l’heure...

Elle arrêta la voiture.

- On est arrivées.

Cela surprit Mme Sorin, qui ne s’était pas rendue compte qu’Asterin avait fait son créneau sur le parking à ciel ouvert de son bâtiment.

- Oh.

Elles restèrent silencieuses quelques instants, mais cette fois-ci, c’était apaisant. La tension était repartie.

- Tu peux m’accompagner? J’ai peur qu’l’ascenseur me fasse gerber.
- Wow, très glamour. se moqua Asterin. On a connu mieux en terme de phrases toutes faites pour inviter l’autre chez soi.

Where did we get there?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant