i call it a life

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Aliona soupira. Cela faisait désormais quatre heures qu'elle attendait dans cette salle d'attente d'hôpital privé. Au moins avait-elle été acceptée avec le nom de Stanislav. Elle ne l'avait pas pris au mariage, mais en avait changé uniquement lors de son arrivée en France.
Elle n'avait plus aucun ongle en bon état, mais elle continuait tout de même de les porter à sa bouche et d'arracher, encore et encore. Ils étaient en sang. La professeure n'arrivait pas à empêcher ses pensées sombres de l'assaillir. L'histoire se répétait. Elle allait perdre pour la deuxième fois son enfant.
Elle ferma les yeux pour refouler les larmes, se concentrant sur le réconfort que lui apportait la chaleur de la main de son mari posée sur sa cuisse.

- Madame Domhnall?

Aliona sursauta en rouvrant les yeux. C'était le nom de famille de son mari. Ce faisant, elle croisa le regard d'une femme dont les cheveux blonds étaient tirés dans un chignon sévère, portant une blouse blanche. Ses yeux bleus translucides semblèrent familiers à Aliona.

- C'est nous. répondit Stanislav.
- Bien, suivez-moi s'il-vous-plaît.

Elle tourna les talons. Stanislav se leva puis se tourna vers sa femme, qui n'avait pas quitté des yeux la docteure qui s'éloignait.

- Ali?

Sans un mot, cette dernière se leva et suivit mécaniquement son mari. Ils finirent par arriver dans une petite salle meublée d'un moniteur à côté d'un lit d'hôpital et d'un bureau avec ordinateur et deux chaises.

- Asseyez-vous sur le lit, Madame. Monsieur, vous pouvez prendre une des chaises.

Le ton était strict. Les deux s'exécutèrent. Cependant, lorsque la docteure referma la porte, elle changea du tout au tout d'attitude et fondit sur Aliona pour attraper ses deux mains entre les siennes, les larmes aux yeux.

- Leane, c'était vous? demanda-t-elle précipitamment.

D'abord avec incompréhension, Aliona dévisagea la femme lui faisant face. Puis l'éclat de ses yeux remonta du fin fond de sa mémoire.

- Vous... C'est vous... bégaya-t-elle. Vous...
- C'est moi.

Un instant interdite, Mme Sorin finit par fondre en larmes.

- Merci... réussit-elle à articuler entre ses sanglots. Merci du fond du cœur, si vous saviez à quel point vous m'avez aidée...

La blonde s'assit à côté d'elle et la prit dans ses bras. La professeure se raccrocha à elle de toutes ses forces.
Cette femme était celle qui avait réussi à donner le prénom 'Leane' à sa fille. Alors désormais, elle se savait en sécurité ici.
Stanislav, de son côté, avait d'abord été entièrement perdu mais avait fini par comprendre rapidement l'identité de la docteure.
Lorsqu'Aliona se fut calmée, elle questionna :

- Comment vous appelez-vous?
- Ileana. Et vous êtes Aliona, Aliona Cozen, c'est exact?
- Exact, oui.

Elle venait de confirmer son vrai nom de famille, mais peu lui importait. Elle savait très bien qu'elle ne risquait plus rien.
Ileana acquiesça d'un air grave.

- Je suppose que vous n'avez pas donné ce nom à l'accueil, où vous ne seriez pas là.

Ce fût au tour d'Aliona de hocher la tête.

- J'ai lu votre dossier. En voyant votre prénom, je me suis rappelé d'une jeune femme désespérée, il y a dix-sept ans, qui portait le même prénom, et je n'ai pas pu m'empêcher de vous prendre.
- Vous n'êtes donc plus sage-femme?

Where did we get there?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant