Chapitre 6

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 CHAPITRE SIX

Cela fait à présent deux jours qu'Elsa était dans la cage. Et elle n'avait toujours pas touché à la nourriture devenue sèche autour d'elle. La faim la tiraillait mais elle tenait encore bon.

Pendant ces deux jours, elle était cloîtrée dans une cage pas assez grande pour qu'elle puisse tendre ses membres, si bien qu'ils devenaient ankylosés. Et même si elle n'avait pas mangé depuis, son corps avait toujours quelque chose à évacuer. Cependant, Elsa s'était habituée aux odeurs nauséabondes de chien mouillé, d'excréments et de bouffe avariée et l'envie même de vomir lui était passée. Mais la chose dont elle ne s'était pas doutée était la venue des chiens d'Aloïs, affamés, rôdant autour d'elle, les babines retroussées montrant des crocs pointus. Une peur immense s'est alors engouffrée dans le corps d'Elsa et la chair de poule s'était mêlée à la sueur froide. Une vingtaine d'yeux perçants la fixaient avec envie... Les grognements montraient à quel point ces chiens se réjouissaient de la voir aussi vulnérable. C'était sans doute l'heure de leur repas quand elle les voyait et à chaque fois, elle s'était demandée si c'était elle le repas. Mais Aloïs s'amusait à se pointer au dernier moment pour rappeler à l'ordre ses canidés. Il a vite compris qu'Elsa en avait peur, alors c'était sa manière à lui de la presser de manger avant qu'elle ne se fasse manger.

Et puis bien sûr, la soif se faisait ressentir. Elsa était même venue à récupérer de l'eau des flaques qui se formaient quand il pleuvait. L'entrepôt devait être désaffecté depuis une paire d'années pour être dans cet état.

Quand elle voyait les chiens, dans leur cage, à boire une eau claire dans une gamelle en plastique, elle hésitait vraiment à obéir et manger sa pâtée pour pouvoir avoir de l'eau, elle aussi. Mais elle se ressaisissait et travaillait sur son mental pour ne pas fléchir. C'était dur, mais elle devait tenir.

Le froid la saisit plus que d'habitude ce matin-là. Et son ventre est plus creux que jamais. Ses lèvres gercées lui font mal quand elle essaie de les bouger. Et sa peau devient rugueuse à certains endroits.

Ses articulations la font grimacer lorsqu'elle essaie de s'étirer. Elle entend déjà les chiens s'enthousiasmer à l'idée de prendre le petit-déjeuner. Alors, elle fait ce qu'elle a maintenant l'habitude de faire depuis deux jours : se recroqueviller le plus possible au milieu de la cage pour s'éloigner du mieux qu'elle pouvait d'un possible contact avec un chien. Mais cette fois, les chiens ne lui adressent même pas un regard et vont sagement dans leur cage respective, s'assoient et attendent que leur maître leur apporte à manger. Surprise, Elsa les regarde, non sans crainte. C'est là qu'Aloïs se montre, poussant un chariot rempli de gamelles très bien garnies. La mise en scène était vraiment bizarre. Les chiens jappent pendant que leur maître approche.

- Bonjour mes compagnons !, s'exclame de bonne humeur Aloïs.

Les chiens remuent leur queue.

- J'espère qu'aujourd'hui vous allez être gentils. Vous avez vu ? Je vous donne double ration à chacun d'entre vous ! Vous savez pourquoi ? Non ? Mais si vous savez ! Parce que ? C'est mon anniversaire !

Les chiens aboient d'excitation. Elsa, elle, ne comprend pas le sens de ces mots. Elle est trop alerte pour se soucier de ce qu'il raconte.

Aloïs prend le temps de déposer une gamelle devant chaque chien avant de fermer leur cage. Les animaux semblent attendre patiemment que leur maître annonce le début du repas pour fourrer leur museau dans la pâtée. Viennent le tour du malinois, puis du doberman. La cage d'à côté était celle d'Elsa.

Les yeux noirs d'Aloïs se posent alors lentement sur Elsa. Il se poste devant elle, s'accroupit et met un petit moment avant de souffler et prendre la parole. Les chiens attendent toujours.

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