Chapitre 10

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 CHAPITRE DIX

Couchée sur son matelas, Elsa retrace les derniers éléments de son plan. Son petit numéro a bien marché quand Aloïs est rentré du parc. Quelques larmes, et il flanchait. Bientôt, elle le mènera par le bout du nez, et elle pourra sortir sans qu'il s'en rende compte. Encore un peu de patience.

Elsa est contente. Elle se félicite d'être aussi forte pour avoir inventé un plan qui fonctionnait à merveille. En revanche, elle a bien remarqué quelques petits détails chez Aloïs qui l'intriguaient. Il n'allait vraiment pas bien, il semblait torturé. Ce matin, quand il l'a frappée, et malgré la douleur qui était foudroyante, Elsa a senti qu'Aloïs avait regretté son geste. Cela s'est confirmé quand il l'a portée pour la ramener ici. Ses gestes étaient d'une douceur... ça lui arrivait d'être doux comme lorsqu'il bande son poignet mais cette fois-ci... On sentait toute la sincérité que cet acte dégageait. Et puis, quand il l'a prise dans ses bras, quand il l'a serrée si fort qu'elle pouvait entendre les battements de son cœur contre son oreille... Tout cela montrait qu'il était humain, comme elle. Qu'il lui manquait quelque chose. Beaucoup de questions tournaient dans la tête d'Elsa et tout ce qu'elle espérait, c'était de ne pas trouver la réponse car cela voudrait dire qu'elle n'aurait pas pu s'échapper. Mais elle était déterminée et c'était tout ce qui comptait.

Le lendemain, l'air s'était rafraîchi. Aloïs va chercher Elsa dans sa cellule, la mine indéchiffrable.

- Bonjour., dit-il sur le pas de la porte., Comment te sens-tu, aujourd'hui ?

- Je vais bien.

- Viens. Je t'ai préparé ton petit-déjeuner.

Elsa se lève et se poste devant Aloïs. Précautionneusement, elle lève les yeux vers lui et fixe ses prunelles noires. Habituellement froides et sans fonds, à cet instant, elles montraient de la compassion.

- Ça va., le rassure-t-elle., Je vais mieux qu'hier.

À ces mots, Aloïs libère le passage, et tourne à droite, en direction de sa chambre. Il savait qu'elle le suivrait. De toute façon, Elsa n'avait pas pu se balader bien loin aussi elle ne savait pas où étaient les issues de secours ; les seules fois où elle pouvait marcher, c'était dans le grand hall et sous surveillance.

En marchant derrière lui, Elsa peut l'observer sans crainte. Il a remis ce même tee-shirt rouge que la veille. Il lui allait bien, ses cheveux blonds ressortaient. Ses mains sont dans ses poches, il a une allure très décontractée. Elsa se rend maintenant compte de la taille d'Aloïs. Il est plutôt grand comme garçon comparée à elle. Et assez fort malgré sa corpulence ; elle s'en est aperçue quand elle l'a pris dans ses bras hier.

À vrai dire, Elsa n'a pas vraiment de points de comparaison, Aloïs était le seul homme, mis à part son père, à l'avoir tenue ainsi. En y repensant, elle aimerait bien ressentir cette sensation. C'était chaud et réconfortant même venant de son ravisseur.

Aloïs ouvre la porte de sa chambre et fait signe à Elsa d'entrer en premier. Celle-ci s'exécute et attend l'ordre suivant. Aloïs se dirige vers la petite kitchenette et sert deux assiettes de ce qui semble être des œufs brouillés qu'il va déposer sur le plan de travail au milieu de la pièce. Elsa s'approche et va s'asseoir sur un tabouret pendant qu'Aloïs prend les couverts dans un tiroir. Une fois que tout est prêt, il s'installe à son tour.

- Bon appétit., dit-il.

Son ton est jovial et complètement différent d'avant. Elsa ne sait pas trop quoi en penser.

- Bon appétit., répond-elle à son tour.

Ils mangent en silence, chacun concentré sur son assiette. Aloïs était doué pour cuisiner les œufs. Cependant, à chaque fois qu'Elsa avalait une bouchée, son collier l'empêchait d'ingérer correctement. Aloïs s'en rend compte.

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