Chapitre 15

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 CHAPITRE QUINZE

LIBERTÉ CONTRAIGNANTE – 1ère partie

Ce matin, Aloïs faisait à manger à Elsa pendant qu'elle restait enroulée dans les draps. C'était une matinée étrangement agréable pour ces deux-là. Elsa se sentait bien et elle était rassurée à l'idée qu'Aloïs ne lui ait pas reproché le fait qu'elle ait touché ses cicatrices. Mais ces traces indélébiles intriguaient la jeune femme qui continuait de regarder le dos Aloïs pendant qu'il battait des œufs dans un bol. Il avait mis son tee-shirt rouge en se levant ; il le mettait souvent.

Pour Aloïs, il n'arrivait pas à se sortir le son du rire d'Elsa dans sa tête. Cet éclat de rire résonnait depuis tout à l'heure et il ne pouvait s'empêcher de sourire. Il se sentait... léger. En se raclant la gorge, il fait chauffer la poêle et met la table. Il surprend Elsa le fixer aussi elle détourne précipitamment les yeux vers autre chose. Il savait à quoi elle pensait. Ses cicatrices. Mais il ne voulait pas en parler.

- Il a l'air de faire beau aujourd'hui., dit-il en regardant par la petite fenêtre au-dessus du lit., Je vais sûrement faire quelques courses dans la journée., ajoute-t-il pour détourner l'attention d'Elsa sur autre chose.

- Est-ce que je peux te poser une question ?, demande Elsa d'une voix faible.

Aloïs ferme les yeux et contracte la mâchoire. Il ne voulait pas aborder ce sujet. Prenant son silence pour un oui, Elsa pose tout de même sa question en se redressant :

- Cela fait combien de temps que je suis ici ?

- Quoi ?

Aloïs est étonné ; il ne s'attendait pas à une telle question. Il arrête de remuer les œufs dans la poêle, se retourne et regarde Elsa dans les yeux.

- Je perds la notion du temps, ici... Regarde ! Je t'ai bien réveillé en pleine nuit parce que je croyais que c'était le matin... J'aimerai vraiment savoir...

- 96 jours., la coupe-t-il., Tu es ici depuis 96 jours.

- Qu-quoi ?

Elsa est éberluée... Elle avait essayé de faire le calcul dans sa tête grâce à ses cycles menstruels. Ce serait-elle trompée ?

Voyant la mine d'Elsa, Aloïs coupe le feu sous la poêle et la rejoint dans le lit.

- Tu ne t'attendais pas à autant de temps n'est-ce pas ? Ce doit être un signe qui montre que tu t'es acclimatée à ton nouveau chez-toi.

- Je... J'ai essayé de calculer moi-même et depuis que je suis ici, je n'ai eu mes règles qu'une seule fois.

- Je pense que c'est normal dans un sens., acquiesce Aloïs., Regarde-toi, tu es clairement anorexique, et les personnes anorexiques comme toi ont des problèmes hormonaux.

- Tu as sans doute raison., marmonne-t-elle., Mais alors, comment se fait-il que toi, tu saches exactement combien de jours je suis ici ?

Aloïs a un rire nerveux.

- Eh bien... Disons que je prends soin de me souvenir de tous les moments que je passe avec toi. Depuis le début, je ne t'ai jamais caché ô combien tu me plaisais et savoir que tu m'aimes en retour me rend heureux.

Elsa cligne des yeux. Les paroles d'Aloïs font écho en elle. Quelque part, là en bas du ventre, une chaleur se répand. Ça lui faisait du bien de savoir qu'elle plaisait à quelqu'un.

- Bon., termine Aloïs., Allons manger avant que tout soit froid.

Elsa hoche la tête et ils sortent du lit.

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