Chapitre 17

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 CHAPITRE DIX-SEPT

Quatre-vingt-seize jours. Quatre-vingt-seize jours qu'elle a disparu, se dit Eve.

Lorsqu'Eve est rentrée chez elle, ce soir-là, seuls la pénombre et le silence l'attendaient. Elsa était vraisemblablement partie sans un mot, ce qui ne lui correspondait absolument pas. Trop bourrée pour s'en occuper, Eve s'était couchée mais à son réveil, le doute l'avait assaillie. Des affaires appartenant à Elsa jonchaient le sol ça et là. Son lit était défait, ses produits dans la salle de bains étaient aussi là. Elle avait tenté de la contacter une dizaine de fois avant de laisser tomber et de partir en furie vers le poste de police le plus proche pour signaler la disparition de sa meilleure amie. Évidemment, les agents lui avaient ri au nez. Elsa était adulte, elle avait le droit de ne pas donner signe de vie pendant plus de quarante-huit heures. Mais au bout de trois jours sans nouvelles, la police a considéré l'affaire avec plus de sérieux.

La fouille au domicile d'Eve n'a pas donné grand-chose si ce n'est que l'expertise a prélevé des centaines d'échantillons d'ADN. La police de Frenchtown a partagé le dossier dans le Bronx afin de dénicher quelque chose dans l'appartement d'Elsa. Rien.

Au bout d'un mois, Elsa a été déclarée disparue par les autorités de l'État de New York. La famille d'Elsa a été tenue au courant de sa disparition mais ils n'avaient rien à dire si ce n'est que leur fille les avait rayés de sa vie. Rien de ce côté-là non plus.

Pour Eve, la situation était éprouvante. Seuls son témoignage et les quelques empreintes prélevées constituaient l'affaire. Autrement dit, il n'y avait pas grand-chose.

Cependant, Eve avait parlé d'un homme blond dont son amie avait peur. Mais Eve n'avait pas assez de détails pour que la police dresse un portrait robot de cet homme. L'affaire était donc suspendue jusqu'à ce jour...

Assise sur une chaise au poste de police de Frenchtown, elle attend les nouvelles des policiers. Il y a quelques heures, un signalement a été fait à plusieurs kilomètres d'ici, à Stamford. Un individu était accompagné d'une femme qui ressemblait au portrait robot d'Elsa Davis. Un travail minutieux a été effectué entre la police locale et les vigiles qui étaient sur place.

Quelques minutes de vidéosurveillance pixelisées ont été criblées au peigne fin pendant de longues heures et une équipe de vigiles ont tous vu la même chose : une femme ressemblant beaucoup à Elsa, si ce n'est plus maigre, apeurée près d'un homme blond et grand.

Eve sursaute quand un homme de couleur entre dans la petite pièce. Il salue Eve d'un signe de tête et vient s'asseoir en face de la jeune femme brune. Il croise les bras et regarde attentivement Eve avant de parler :

- Il est fort probable qu'Elsa Davis ait bien été aperçue dans un centre commercial de Stamford.

Eve souffle de soulagement.

- La bonne nouvelle, c'est que si cette femme est effectivement mademoiselle Davis, l'affaire sera plus simple à gérer puisqu'elle est toujours dans notre État. La mauvaise..., continue le policier., C'est que nous avons perdu leurs traces et nous n'arrivons pas à zoomer sur le visage de l'homme. Mais les vigiles sont unanimes. Pour eux, c'est Elsa Davis.

- Elsa avait parlé d'un client flippant quand elle travaillait au café à New York. Je suis sûre que c'est lui qui est derrière tout ça., atteste Eve.

- Connaissait-elle son nom ?

Eve secoue la tête. Cette conversation, elle l'a eu des dizaines de fois avec des personnes différentes.

- Bon, nous allons envoyer le dossier à Stamford et ils verront ce qu'ils peuvent faire de leur côté., conclut-il., Au fait, je suis l'agent Erik Forbes. Je serai sur cette affaire à partir de maintenant alors si vous avez un détail qui vous revient en tête, vous avez mon numéro., dit-il en tendant une carte de visite à Eve.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant