Chapitre 20

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CHAPITRE VINGT

PARTIE DEUX – DOULOUREUSES RÉVÉLATIONS

London bridge is falling down... falling down... London bridge is falling down, my dear lady...

Cette mélodie... Cette voix... L'odeur de désinfectant, le grincement d'une chaise. Elsa avait envie d'ouvrir les yeux pour voir ce qu'il se passait autour d'elle. Mais ses paupières étaient trop lourdes ! Elle avait encore sommeil. Elle sent un bandage serré au niveau du buste. Elle est curieuse de savoir pourquoi elle est bandée, mais elle n'a pas la force de battre des cils. Il n'y a plus d'activité autour d'elle. Mais elle sent un regard sur son visage. Une pression contre sa joue. Un baiser. Des cheveux la chatouillent mais elle ne peut pas réagir. Elle n'a aucune force. Puis, un raclement de gorge.

- Je n'ai jamais voulu te faire du mal. Parfois, je rentre en trans et je ne sais pas ce que je fais... ça m'arrive depuis que j'ai quinze ans.

Silence. Puis un souffle.

- Ma mère était toxicomane. Les dettes s'accumulaient alors elle a décidé de se prostituer. Je ne devais même pas avoir dix ans quand ça a commencé. Seulement, la tournure de la situation a vite tourné au vinaigre quand ma mère n'arrivait plus à satisfaire ses clients.

Un rire amer.

- J'entendais tout... à l'époque, nous vivions dans une maison du Queens, les murs ne sont faits que de papier là-bas. Je l'entendais geindre de douleur quand elle se faisait frapper. Je ne supportais plus ces bruits, alors j'ai commencé à vouloir défendre ma mère. Je tenais trop à elle pour la voir souffrir comme ça. Mais elle ne me voyait plus comme son fils. Comme je faisais fuir ses clients, on n'avait plus d'argent, plus de drogue, plus de nourriture. Alors, elle a commencé à me battre.

Un sanglot.

- Me battre avec la boucle d'une ceinture était devenu un passe-temps pour elle. Je n'étais qu'un gosse, putain... Et puis, un jour, les services sociaux m'ont pris. Ce jour-là, ma mère ne m'a adressé aucun regard.

La chaise grince une nouvelle fois.

- J'ai passé quelques années à vivre dans des familles d'accueils toutes les plus merdiques les unes des autres. On me battait aussi là-bas. Quand j'avais quinze ans, j'ai voulu revoir ma mère mais elle n'a pas eu la réaction que j'espérais. Je suis reparti avec de nouvelles cicatrices. J'ai vécu dans la rue ensuite. J'étais tout seul.

La voix se tait. Elsa avait envie de connaître la fin de l'histoire. Elle voulait la connaître avant de se rendormir. Mon Dieu qu'elle avait sommeil !

- J'ai tué un homme. À mains nues, dans la rue. C'était un client de ma mère. Sa femme et son gosse étaient là aussi. C'était un massacre. C'est à cause de cet incident que j'ai séjourné pendant un temps à l'hôpital psychiatrique. Les médecins m'avaient tout de suite diagnostiqué un trouble de la personnalité et un daltonisme. Je suis resté plusieurs mois à l'hôpital. Jusqu'au jour où j'ai réussi à sortir de cet enfer en arrachant le doigt d'un médecin.

Un rire moqueur emplit la pièce.

- Ces rigolos avaient un système de reconnaissance digitale. Pas de bol pour celui qui a perdu son index, j'avais gardé un couteau à steak dans ma manche après le repas ! Après ça, j'ai commencé à recueillir des chiens, pour me sentir moins seul. Et puis j'ai trouvé un boulot de gardien ici. Tu connais le reste ensuite.

Une main caresse la joue d'Elsa. Ce toucher l'apaise. Elle aimerait... être couverte de ces douces caresses.

- Je suis perdu, Elsa. J'aimerai tellement être un gars normal. Un mec bien pour toi. Mais je suis un putain de problème...

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant