Chapitre 13

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 CHAPITRE TREIZE

De la chaleur. C'est ce que perçoit tout de suite Elsa quand elle se réveille. Mais la chaleur n'émanait que d'un côté. Instinctivement, Elsa se colle un peu plus vers la source de chaleur. Elle rencontre un bras, un torse, une jambe. Un souffle chaud. C'est là qu'elle ouvre les yeux et fixe le visage apaisé d'Aloïs. Tout d'abord, elle ne comprend pas pourquoi il est là, à côté d'elle mais peu importe, elle se sent bien. A cet instant, elle peut l'observer minutieusement pendant qu'il dormait. Ses traits détendus, il semblait plus jeune. Une mèche blonde tombait sur ses yeux aussi Elsa voulait la mettre derrière son oreille mais se ressaisit aussitôt.

Elle se laisse glisser au pied du lit, de façon à ne pas réveiller Aloïs. Ses jambes flageolaient mais elle tenait debout. Quelques souvenirs de la veille refont surface et elle essaie de les remettre en ordre. La cage, le cauchemar, les bras d'Aloïs... Sa main chaude serrant la sienne.

Le bruit du frigo fait sursauter Elsa qui tourne la tête vers la kitchenette. Elle se dirige vers celle-ci et s'arrête devant un tiroir. Comme en transe, elle tire ce tiroir et trouve un couteau de cuisine parmi les autres couverts. Elle le saisit et le contemple, à la fois fascinée et terrifiée. Elle sait déjà que c'est une mauvaise idée mais elle se poste à côté du lit, tout près d'Aloïs qui lui tourne le dos. À ce moment-là, Aloïs remue ; il commençait à se réveiller. C'est maintenant !

Elsa brandit le couteau de ses deux mains au-dessus de lui. Elle commence à trembler et se retient d'éclater en sanglots. Ce serait la première fois qu'Elsa tuerait quelqu'un ! Soudain, Aloïs pose une main sur le matelas à côté de lui et, voyant qu'il n'y avait personne, se tourne, légèrement désorienté. Il écarquille les yeux, comprenant la situation. À la surprise d'Elsa, il ne fait rien. Au contraire, il la regarde attentivement avec un regard lucide. Ils restent tous les deux silencieux, laissant l'atmosphère pesante retomber sur eux. Elsa tremblait de plus en plus, et elle ne peut plus se retenir de pleurer. Elle n'y arriverait pas...

- Pardon..., murmure-t-elle avant de lâcher le couteau et de tomber à genoux.

Aussitôt, Aloïs sort du lit, éloigne le couteau d'un coup de pied et relève Elsa pour la saisir par le bras.

- Je te jure que je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça !, s'exclame-t-elle entre deux sanglots.

Elsa réussit à déserrer sa poigne pour le prendre dans ses bras aussi fort que possible. Elle ne comprenait sincèrement pas pourquoi elle avait eu un tel comportement. Elle avait peur et elle voulait être réconfortée...

Aloïs est confus, lui aussi. Elsa a essayé de le tuer et pourtant il l'étreint à son tour. Elle a l'air si vulnérable, se dit-il.

- Elsa, pourquoi tu t'infliges tout ça ?, demande-t-il au bout d'un moment.

Elle ne répond pas. Aloïs braque les yeux vers le couteau de cuisine. Il lui a donné la liberté de dormir avec lui et voilà comment il est remercié. Quel monde injuste...

Plusieurs minutes s'écoulent quand Elsa se détache enfin d'Aloïs. Elle n'ose d'abord pas le regarder, dardant son regard par terre ou sur le tee-shirt d'Aloïs. Mais quand elle lève enfin les yeux, elle voit ses prunelles noires légèrement voilées de tristesse ou de déception ? Elle se sent honteuse, maintenant. Et coupable. Alors, elle se dit qu'elle méritait sûrement ce qu'il lui arrivait.

- Je... je suis prête à retourner dans la cage., marmonne-t-elle en rebaissant les yeux.

- Quoi ?

Aloïs semble déconcerté. Elsa voulait retourner dans la cage, de son plein gré. Il se racle la gorge. Il ne savait pas quoi dire.

- Tu en es sûre ?

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant